Comment se passe un accouchement dans l’eau ? 

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 12 mars 2024

L’accouchement dans l’eau englobe les naissances dans l’eau mais aussi celles où une partie du travail se fait en immersion. Cette alternative, considérée plus douce, fait des émules. Que faut-il savoir sur les accouchements dans l’eau ? Pourquoi choisir d’accoucher dans l’eau ? Réponses 

Comment se déroule un accouchement dans l’eau ? 

Vous envisagez un accouchement dans l’eau ? Cette option d’accouchement naturel gagne en popularité, et les établissements de santé s’adaptent en conséquence pour répondre à la demande croissante.

Si l’accouchement dans l’eau vous intéresse, il est essentiel de discuter de cette option avec votre gynécologue ou la sage-femme qui assure votre suivi. Cela vous permettra de connaître les lieux de naissance proches de chez vous proposant une salle nature (salle généralement équipée  d’une baignoire). Sinon, vous pourriez peut-être envisager un autre établissement, comme une maison de naissance ou le plateau technique.

Le jour de l’accouchement, la baignoire sera à votre disposition. Généralement, il est déconseillé de s’y rendre dès les premières contractions car il y a un risque que cela interrompe le travail. 

Lorsque les contractions se font plus intenses, et que la dilatation du col atteint 4 à 5 cm, vous vous plongez dans la baignoire. Vous pouvez être nue ou en maillot de bain. Si vous le souhaitez, votre conjoint pourra vous accompagner pour vous soutenir physiquement (en vous soutenant ou en vous faisant des massages). 

Durant le temps du bain, une sage-femme sera toujours présente et pourra, si besoin, contrôler le rythme cardiaque du bébé grâce à un monitoring hydrofuge (étanche).

L’eau tiède (maintenue autour de 36 °C) a un effet antidouleur et apaisant.

Si le travail ralentit pendant que vous êtes dans le bain, il est possible que vous soyez encouragée à sortir. Parfois, l’immersion dans l’eau peut entraîner une telle relaxation qu’elle limite votre mobilité, ce qui peut être moins efficace pour les contractions.

Si le bébé est expulsé dans l’eau, il peut y rester immergé pendant environ une minute, ce qui permet de réduire le choc initial, avant d’être placé en contact peau à peau avec sa maman. 

Lors d’une naissance dans l’eau, il est fréquent que les nouveau-nés ne pleurent pas tout de suite. Le peu d’écart de température entre les deux environnements permettent une transition plus douce. Le contact à l’air et le toucher finissent généralement par provoquer ses réflexes. 

En France, il est fréquent de devoir sortir de l’eau juste avant la poussée. La baignoire est davantage proposée comme mode de gestion de la douleur que comme lieu de naissance. C’est une question que vous pouvez poser en amont afin de connaître la politique de votre lieu de naissance. Cela peut être déroutant de devoir sortir expressément de sa bulle à ce moment de l’accouchement. 

Pourquoi accoucher dans l’eau ? 12 avantages 

Voici les avantages qui contribuent à accroître la popularité des accouchements dans l’eau.

Pour la maman : 

  1. L’eau chaude a des propriétés apaisantes, réconfortantes et relaxantes qui favorisent la sécrétion d’endorphines, notre morphine naturelle.
  2. L’effet de flottaison rend plus facile les changements de position, favorise une plus grande liberté de mouvements et diminue la sensation de lourdeur.
  3. Diminution de la pression exercée sur la veine cave, ce qui favorise un retour plus efficace du sang vers le cœur, améliorant ainsi l’irrigation et l’oxygénation du muscle utérin.
  4. Diminution de la douleur et des tensions musculaires.
  5. Une réduction par deux du recours à des médicaments antidouleur (source).
  6. Environnement sécurisant. Chez certaines femmes, être dans un bain leur permet de se sentir moins nue et moins regardée, ce qui aurait pu interférer avec le besoin de se détendre. 
  7. Diminution du taux de déchirure et d’épisiotomie. L’eau assouplit les tissus et permet une plus grande élasticité du corps. Le besoin de suture post-accouchement est diminué par deux en cas d’accouchement dans l’eau.
  8. L’eau aide à entrer et se maintenir dans la bulle, si précieuse au bon déroulé de l’accouchement.
  9. L’eau offre un sentiment d’intimité réconfortant.
  10. Une satisfaction maternelle accrue. Les femmes ayant réalisé tout ou une partie de leur travail dans l’eau ont un meilleur vécu de leur accouchement (étude 2018). 

Les avantages de l’accouchement dans l’eau pour le bébé : 

  1. Une transition plus douce après avoir passés 9 mois dans le liquide amniotique,
  2. Une meilleure oxygénation offerte au bébé.

Où peut-on accoucher dans l’eau ? 

En France, bien que l’accouchement dans l’eau soit disponible dans quelques hôpitaux et maternités, il demeure relativement peu courant. Sinon, les maisons de naissance et l’accouchement en plateau technique peuvent constituer des alternatives envisageables. Enfin, l’accouchement à domicile est la dernière alternative permettant de donner naissance dans l’eau. 

Voici la liste (non exhaustive) des maternités qui proposent l’accouchement dans l’eau en France : 

  • Maternité des Lilas, 12 rue du Coq Français – 93260 Les Lilas
  • Maternité Ste Félicité à Paris (75)
  • Centre Hospitalier de Guingamp (22)
  • Maternité d’Arcachon
  • Polyclinique d’Oloron (64)
  • Hôpital des Métallurgistes Pierre Rouques Les Bleuets – 75O12 Paris
  • Clinique Générale de l’Etang De Berre à Vitrolles 13127
  • Centre hospitalier du Haut Bugey, 01100 Oyonnax
  • Centre hospitalier Annecy Genevois, site de Saint Julien en Genevois, 74160
  • Centre hospitalier de Tourcoing, 59200 Tourcoing 
  • Clinique de Vitrolles, 13127 Vitrolles
  • Maternité d’Hazebrouck 59190 Hazebrouck
  • Maternité du centre hospitalier de Bourges 
  • Hôpital intercommunal de Fécamp 

En cas d’accouchement à domicile, il est possible de louer une piscine de naissance (pour une centaine d’euros). Si vous avez une baignoire, cela peut être une alternative possible, à condition qu’elle soit assez grande et profonde.

Si vous envisagez un accouchement à domicile, la présence d’une sage-femme est obligatoire. Certaines 

Accouchement à domicile : il est possible de louer une piscine d’accouchement, à défaut de quoi le bain du domicile est acceptable pour la naissance dans la mesure où il est assez profond. Soutien doula / sage-femme. 

Quel est le prix d’un accouchement dans l’eau ?

Si vous choisissez d’accoucher en milieu hospitalier public, l’accouchement dans l’eau ne vous coûtera pas plus cher qu’un accouchement classique. La Sécurité Sociale prend en charge à 100 % les frais d’accouchement (hors dépassement d’honoraire). 

Si vous optez pour un accouchement en clinique privée, en maison de naissance, en plateau technique ou à domicile, il est probable que vous deviez faire face à des dépassements d’honoraires qui ne sont pas couverts par l’Assurance Maladie. Ces dépassements peuvent concerner des frais liés au confort, tels qu’une chambre individuelle ou la présence d’une doula.

Il est recommandé de consulter votre mutuelle, car certaines complémentaires santé offrent une couverture maternité étendue qui pourrait prendre en charge ces frais supplémentaires.

En général, on estime qu’un accouchement à domicile est moins onéreux qu’un accouchement à l’hôpital, avec des frais moyens compris entre 700 € et 1300 €, versus 2000/3000 € dans un établissement hospitalier. Cependant, il est important de noter que les remboursements seront moins importants, car ils se baseront uniquement sur le forfait journalier de la Sécurité Sociale, fixé à 313,5 € par jour.

Peut-on accoucher dans l’eau avec une péridurale ?

L’eau a un effet très bénéfique sur la douleur des contractions. Quand elle est proposée avant la péridurale, elle permet de diminuer par deux le taux de recours à une solution analgésique. 

Cependant, si vous avez déjà reçu une péridurale, vous ne pourrez pas accéder à un bain. En effet, dans ce cas, un cathéter est inséré dans votre dos, ce qui vous empêche de vous déplacer et de profiter de la liberté de mouvement que procure un bain. De plus, certains effets indésirables de la péridurale pourraient être dangereux s’ils se manifestaient dans l’eau. 

Y a-t-il des risques à accoucher dans l’eau ? 

Peu d’études ont été réalisées sur l’accouchement dans l’eau ces 30 dernières années. 

L’un des risques parfois évoqués est la possibilité pour le bébé, en cas de stress ou de présence d’un nœud dans le cordon ombilical, d’aspirer de l’eau en cherchant de l’air. Cependant, il est important de souligner que ce risque est extrêmement rare car les bébés n’ont pas la capacité de respirer avant leur exposition à l’air. Leur oxygène continue à être fourni par le cordon ombilical. De plus, une autre étude a démontré qu’il n’était pas certain que le liquide ingéré dans ces cas exceptionnels soit l’eau du bain, et non du liquide amniotique.

Finalement, une des plus vastes et récentes études sur le sujet date de 2021 et concerne 46 088 accouchements. Elle a conclu qu’il n’existait aucune corrélation entre l’accouchement dans l’eau et des conséquences néfastes pour la mère ou le nourrisson.

Il convient de revenir sur la confusion parfois rencontrée d’associer le risque de l’accouchement dans l’eau à celui des saunas ou des jacuzzis, déconseillés pendant la grossesse. La différence réside dans la température et non dans l’eau. Une eau trop chaude peut entraîner une déshydratation et une surchauffe, facteurs de risques pour la mère et le bébé. Les baignoires d’accouchement (ou piscines) sont spécialement conçues pour maintenir une température modérée, généralement autour de 37 degrés Celsius, et sont donc exemptes de ce danger.

Quelles sont les contre-indications à une naissance dans l’eau ? 

Certaines situations ne permettent pas d’envisager un accouchement dans l’eau car on sait qu’elles présentent un taux de risque supérieur. Cela ne veut pas dire qu’on vous refusera le bain mais plutôt qu’il conviendra d’en discuter avant : 

  • Naissance prématurée (avant 37SA)
  • L’herpès. Cette infection est très transmissible par l’eau et pourrait donc contaminer votre bébé 
  • Bébé en siège 
  • Antécédents de saignements importants pendant la grossesse ou l’accouchement 
  • Naissance multiples 
  • Présence de méconium dans le liquide amniotique 
  • Hypertension artérielle (prééclampsie)
  • Diabète gestationnel 
  • Mère en surpoids 

Certaines de ces situations ne sont pas prévisibles. Ainsi, même si votre projet de naissance est un accouchement naturel dans l’eau, gardez à l’esprit que l’accouchement est un processus naturel, pouvant réserver son lot d’imprévus. Et que s’il ne se passe pas comme vous l’aviez imaginé, cela n’est pas un échec pour autant. La manière dont vous ferez naître votre enfant sera la meilleure car elle sera la vôtre, unique et (im)parfaite comme l’est la nature.  

Accouchement dans l’eau : témoignage 

“Arrivée au plateau technique, je suis très détendue et confiante. Je vois simplement les regards et sourires bienveillants de mon amoureux et de ma doula Caroline. Je m’installe sur le ballon pendant que l’eau du bain coule et qu’on enregistre ton rythme cardiaque. Ton papa me fait un massage aux huiles essentielles. Qu’est ce ça fait du bien ! Mentalement, je me répète quelques mantras dont la phrase « quand on sourit en haut, on sourit en bas » ce qui revient à dire « bouche molle, col mou » (phrase de sage-femme !). Donc je souris. A chaque contraction, je fais des vocalises pour mieux t’accompagner et pour relâcher toutes les tensions.

Je suis dans l’instant présent. Les contractions passées n’existent plus et celles avenir n’existeront peut-être jamais. Quand elle arrive, je la laisse faire dans toute sa puissance et je te guide vers moi. Et quand elle est passée, je me ressource.

Vient l’heure d’aller dans le bain. A ce moment-là, aucune pudeur, je « plonge » dans l’eau chaude. Et c’est le top ! Je suis bien. Tellement bien que je me demande même si je suis en travail. Je parle. Je rigole. Et je leur dis que je les ai appelés trop tôt. Ma doula me dit : « arrête de réfléchir ». OK, j’ai compris le message. Je me remets donc dans ma bulle. J’ai tout ce qu’il me faut pour sécréter un max d’ocytocine : l’intimité, la liberté de bouger, l’obscurité, le calme, des jus, de la bienveillance et surtout, Antoine. Sa présence est tellement apaisante. Il me rassure, il me masse, il m’encourage. Et il me répète cette phrase qui me fait du bien : « tout ce que tu ressens est normal ». 

Les contractions s’enchaînent et je les gère comme une cheffe ! Je suis très sereine.

Mais arrive la fameuse phase de désespérance. Je sais qu’elle existe. Je sens que tu arrives, que tu n’es pas loin. Mon corps me le dit. Mais j’ai besoin d’être rassurée. J’ai besoin qu’on me dise que tout OK. Je demande à être examinée. Je suis à 8 cm et surtout, on me dit que tu es bien positionné. C’est ce que j’ai besoin d’entendre. Alors je lâche totalement prise. Je m’allonge dans le bain et me tourne sur le côté. Je ferme les yeux et je me mets profondément dans un état hypnotique.

Je bois la tasse. Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. J’ai peur. Je tousse toute l’eau avalée. Je suis prise dans un tourbillon. L’intensité de mes sensations est sans précédent. Ton papa me tient la tête hors de l’eau. 

Je sens ta tête sortir. Ça brûle ! J’ai peur que tout se déchire. Je la touche. Tu fais encore le yoyo. Je veux te donner une naissance sereine, alors je reprends mes respirations pour t’accompagner et apaiser l’intensité. Et ça marche. Puis vient une poussée réflexe. Et d’un coup, d’un seul, ta tête est dehors. Dans ma main. Ce moment a été le plus intense de ta naissance. Je ferme les yeux et je respire profondément. J’attends la prochaine contraction. Je me ressource. Et voilà, une autre poussée réflexe. Et hop, quasi tout ton petit corps est sorti. Quasi, parce que ton popotin reste coincé ! Alors je pousse pour qu’il sorte.

Tu es là. Je te vois. Je te touche. Je te sens. Je te regarde et je te sers contre moi. Et là, je suis envahi d’amour, de bonheur et de fierté. On l’a fait ! On s’est donné la rencontre douce et sereine dont j’ai toujours rêvé. Je t’aime tellement.

Tu n’as pas encore pris ta respiration. Je te souffle dessus pour t’aider. Et ça y est, tu respires. Tu ne pleures pas. Tu es serein. Et je plonge dans ton regard. Et quel regard ! Je partage ce beau moment avec ton papa qui a les yeux remplis d’émotions. Je ne veux pas encore découvrir ton sexe. Je me laisse le temps de te découvrir.

Je libère ton placenta hors de la baignoire, accroupi sur le tabouret d’accouchement. Toi, toujours blotti contre moi.

Puis je vais m’allonger. Je prends le temps de te sniffer. Je savoure ce moment à trois.

Je soulève le plaid, je soulève ta jambe. Un garçon !

Bienvenue dans notre famille mon amour.

Nous nous endormons tous les 3 après ta première tétée.

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