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Comment gérer au mieux la phase de latence ?

La phase de latence marque le tout début du travail. Parfois courte, parfois interminable, elle demande surtout patience et lâcher-prise. Ce n’est pas encore le moment de tout donner, mais plutôt de se ménager, d’écouter son corps et de se préparer en douceur à la suite. Tous nos conseils pour vivre au mieux cette étape essentielle de l’accouchement. 

Qu’est-ce que la phase de latence ?

La phase de latence est la toute première étape du travail, marquant la transition entre la fin de la grossesse et le début effectif de l’accouchement. Elle s’étend depuis les premières contractions qui commencent à modifier le col de l’utérus jusqu’à l’entrée dans la phase active du travail. Cependant, comme ces changements s’installent de manière progressive et variable d’une femme à l’autre, il est parfois difficile de déterminer précisément le début et la fin de cette phase.

La phase de latence est généralement la plus longue des différentes étapes de l’accouchement. Avant de détailler son déroulement, clarifions ce qu’elle n’est pas :

  • Ce ne sont pas les contractions de Braxton Hicks : ces dernières sont irrégulières, ne s’intensifient pas et n’ont pas d’impact direct sur l’ouverture du col.
  • Ce n’est pas non plus un « faux travail » : bien que ce terme soit souvent utilisé, il est trompeur. En réalité, chaque contraction en toute fin de grossesse joue un rôle, même si elles s’arrêtent et même si le col ne semble pas encore se modifier. Ces contractions contribuent à préparer l’utérus, à positionner correctement votre bébé et à assouplir le col en douceur. 

La phase de latence est donc une étape clé qui prépare en douceur le corps à l’accouchement, mais qui peut aussi susciter des interrogations, voire de l’impatience. Dans la suite de cet article, nous verrons comment l’identifier, combien de temps elle peut durer et comment l’accompagner au mieux.

Les caractéristiques de la phase de latence

La phase de latence marque le véritable début du travail, bien qu’elle soit encore douce et progressive. C’est une phase de transition où les contractions commencent à se régulariser et à gagner en intensité, mais restent encore espacées et souvent bien tolérées. Voici les principaux signes de la phase de latence :

  • Des contractions timides, irrégulières et espacées : elles peuvent commencer toutes les 15 à 30 minutes, parfois avec de longues pauses, et devenir progressivement plus fréquentes.
  • Une intensité modérée : les contractions sont plus fortes que celles de la grossesse (comme les Braxton Hicks), mais encore supportables. Elles durent entre 30 et 45 secondes.
  • Un col en transformation : cette phase est essentielle pour préparer le col, qui va progressivement s’effacer (se raccourcir et s’amincir) et commencer à se dilater.

À mesure que la phase de latence avance, le corps et l’esprit commencent à se préparer à l’accouchement. On observe souvent une modification subtile dans le comportement de la future maman :

  • Moins de paroles, une respiration plus sonore, un regard plus intérieur.
  • Des mouvements instinctifs : balancements, nécessité de se pencher vers l’avant lors des contractions ou de se suspendre. 

Parfois, ce comportement s’accompagne de signaux physiques comme la perte du bouchon muqueux ou encore la rupture de la poche des eaux, mais ce n’est absolument pas systématique. 

Quelle est la durée de la phase de latence ?

La phase de latence est connue pour être la plus longue étape du travail, mais sa durée varie considérablement d’une femme à l’autre. Elle peut durer quelques heures… ou plusieurs jours ! (Oui, c’est large, mais c’est la magie de la diversité humaine.)

  • En moyenne, la phase de latence dure entre 8 et 12 heures pour un premier accouchement.
  • Pour une deuxième naissance (ou plus), elle peut être plus courte.
  • Mais pour certaines femmes, elle peut durer quelques heures seulement ou encore plusieurs jours, donnant l’impression d’une phase de latence interminable.

Ce flou autour de la durée s’explique par le fait qu’il est difficile de définir précisément le début comme la fin de la phase de latence ainsi que le début de la phase active.

Une étude a montré que :

  • À 4 cm de dilatation, moins de la moitié des primipares (premier bébé) étaient entrées en phase active.
  • À 5 cm, environ 74 % l’étaient, mais 10 % étaient encore en phase de latence.

Ainsi, il n’existe pas de seuil universel à partir duquel on peut affirmer que la phase active a commencé. Certaines femmes entrent en phase active à 3 cm, tandis que d’autres n’y parviennent qu’à partir de 5 cm, voire plus.

Un phénomène courant en début de travail : certaines femmes ressentent des contractions intenses le soir, puis plus rien le lendemain matin… avant que tout ne redémarre ! Cette phase appelle donc souvent la patience et la résilience, deux qualités qui vous seront bien utiles de votre vie de parents ! 

Comment optimiser au mieux la phase de latence en vue de l’accouchement ?

Vous êtes enfin à l’aube de votre accouchement. Vous ressentez peut-être un mélange d’excitation et d’appréhension, ce qui est totalement normal. La clé pour bien vivre cette phase ? Ne pas chercher à tout contrôler, mais plutôt accompagner son corps et son bébé avec douceur et patience.

Même si vous avez hâte que le travail s’accélère, cette phase peut durer un certain temps, parfois même plusieurs jours. L’important est d’adopter une approche sereine et d’éviter de vous focaliser sur chaque contraction.

Ce qui peut aider :

  • Créer un environnement apaisant : lumière tamisée, musique douce, odeurs réconfortantes… tout ce qui favorise la détente et vous permet de vous mettre tranquillement dans votre bulle.
  • Rester en mouvement. La mobilité permet d’aider votre bébé à se positionner et favorise une bonne progression du travail. Faites du ballon, marchez, dansez ! N’hésitez pas à privilégier les positions verticales (à 4 pattes, accroupie, debout, assise sur le ballon) avec le buste en avant pour créer de l’espace pour votre bébé.
  • Respirer profondément et lentement pendant les contractions pour mieux les accompagner, aider votre bébé à s’engager correctement dans votre bassin et adopter dès à présent cette habitude pour tout le reste du travail.
  • Se distraire et faire des choses qui vous font du bien : regardez un film, lisez, écoutez de la musique, prenez un bain ou une douche… bref détendez-vous, votre bébé arrive, savourez cette douce perspective.
  • Manger et boire. Vous allez avoir besoin d’énergie. Profitez de ces premières contractions gérables pour manger ce qui vous fait plaisir (ocytocine) et ce qui va permettre de vous donner de l’énergie (aliments nutritifs mais pas trop riches si possible).
  • Pensez aussi à vider régulièrement votre vessie ! Une vessie pleine peut gêner la progression du bébé et ralentir les contractions.

Bien entendu, si cette phase de pré-travail survient la nuit, essayez avant tout de vous rendormir ! Vous allez avoir besoin d’énergie, ça serait dommage de commencer par une nuit blanche. 

Ce qu’il vaut mieux éviter :

  • Alerter tout votre entourage trop tôt, au risque de vous sentir submergée par leurs attentes.
  • Chronométrer chaque contraction obsessivement : surveillez leur évolution, mais sans vous laisser happer par l’application car il est essentiel de couper votre cerveau, de ne pas être dans l’intellectualisation du moment. 
  • Rester avachie sur le canapé trop longtemps : un peu de mouvement aide votre bébé à bien se positionner. Au contraire, se lover dans un canapé ne va pas aider votre bébé à s’engager facilement. 
  • Stresser et vouloir accélérer le travail à tout prix.
  • Partir trop tôt à la maternité, sauf si c’est médicalement nécessaire.

Bon à savoir : À mesure que les contractions évoluent, votre cerveau va progressivement basculer du mode “rationnel” (néocortex) vers votre cerveau primitif, celui qui gère les fonctions instinctives comme l’accouchement. Moins vous êtes sollicitée par l’extérieur, plus vous pourrez plonger dans votre bulle et laisser le travail avancer naturellement.

Que faire quand la phase de latence s’étend sur plusieurs jours ?

Lorsque la phase de latence dure plusieurs jours, il est essentiel d’adopter une approche à la fois patiente et bienveillante envers son corps. Même si cela peut sembler long, chaque contraction joue un rôle et prépare progressivement le col et le bébé à la naissance.

Gérer son mental et favoriser l’ocytocine

Le mental joue un rôle clé à ce stade. Plus vous êtes détendue, apaisée et confiante, plus votre corps libère de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du bien-être, indispensable pour la progression du travail.

Pour cela, n’hésitez pas à vous focaliser sur votre bébé. Lui aussi travaille pour trouver la meilleure position. Imaginer cette rencontre à venir peut aider à rester connectée, patiente et sereine. 

De même, tâcher de vous éloigner de toute source de stress. L’adrénaline peut freiner le travail (on pense aux mammifères). Mieux vaut privilégier le repos, la douceur, le bien-être et toutes les activités qui vous font du bien. Même si vous êtes fatiguée et lasse, c’est le meilleur moyen de “lancer” plus efficacement le travail. 

Quand le pré-travail s’éternise : aider votre bébé à bien se positionner

Un pré-travail prolongé peut parfois indiquer que le bébé a encore besoin de trouver le bon ajustement dans le bassin. Certaines pratiques peuvent l’aider à se positionner et faciliter l’évolution du travail. Le mouvement, les positions verticales, le bercement sur le ballon peuvent favoriser l’engagement. De même, se pencher en avant (comme la posture de yoga dite “de l’enfant”) ou juste s’agenouiller sur un coussin sont des positions favorables et faciles à adopter. 

Évidemment, l’idée n’est pas de s’épuiser, surtout si cela dure plusieurs jours : le conseil est plutôt d’alterner des phases de vrais repos et des phases actives pour optimiser la progression de votre bébé tout en préservant votre énergie. 

Un pré-travail long peut être éprouvant, mais il n’est jamais inutile. Chaque contraction, chaque pause, chaque ajustement fait partie du processus. L’important est d’accompagner son corps avec bienveillance, de favoriser l’ocytocine et de s’accorder des moments de repos et de douceur.

Témoignages de mamans sur la phase de latence

« Après une première nuit de contractions où je suis restée en alerte, j’ai décidé d’arrêter de me focaliser dessus. J’ai continué mon quotidien et bébé est né quand tout était en place : mes parents étaient là pour garder les enfants, mon mari était en week-end… Comme si mon corps attendait que tout soit aligné. »

« À 36 semaines, j’avais des contractions dans le dos depuis plus d’une semaine. Elles n’étaient pas visibles au monito, et mon col ne bougeait pas. Mon gynécologue m’a rassurée : mon corps se préparait doucement, et cela ne voulait pas dire que rien n’évoluait. »

Phase de latence : quand faut-il se rendre à la maternité ?

En début de travail, il est souvent préférable de rester chez soi aussi longtemps que possible, sauf en cas de symptômes nécessitant une consultation. Se rendre trop tôt à la maternité peut entraîner plusieurs inconvénients :

  • Un temps d’attente prolongé, la phase de latence pouvant durer plusieurs heures, voire plus.
  • Un éventuel renvoi à la maison, ce qui peut être frustrant et donner un sentiment de ne pas se sentir comprise, voire de perte de confiance.
  • Une augmentation des risques d’interventions médicales. Il est prouvé que les femmes admises en phase de latence reçoivent plus souvent des traitements pour accélérer le travail.

Une règle fréquemment utilisée est celle du 5-1-1 ou 4-1-1 (pour un premier bébé), qui signifie qu’il est recommandé d’attendre d’avoir une contraction toutes les 4 ou 5 minutes, durant au moins 1 minute, pendant 1 heure avant de partir. Cela permet de limiter les risques d’un ralentissement du travail à l’arrivée et d’éviter la fatigue d’un potentiel retour à la maison.

Bien entendu, d’autres facteurs exogènes doivent être pris en compte : l’intensité des contractions, votre état d’esprit (vous sentez-vous en sécurité ? Si la réponse est non, c’est sûrement qu’il est temps de quitter la maison), ou encore la distance entre votre domicile et le lieu de naissance. 

Dans certains cas, même en phase de latence, il est essentiel de contacter votre maternité rapidement ou de vous y rendre :

  • Si vous ressentez une douleur intense et constante, différente des contractions.
  • Si vos eaux se sont rompues.
  • Si vous avez des saignements vaginaux plus abondants qu’un simple spotting.
  • Si vous remarquez un changement ou une diminution des mouvements de votre bébé.

Pourquoi privilégier le domicile en phase de latence ?

Tant qu’il n’y a pas d’urgence médicale, rester chez soi le plus longtemps possible présente plusieurs avantages :

  • Un environnement familier et rassurant, propice à la détente et à la production d’ocytocine.
  • Moins de risques d’interventions médicales inutiles.
  • Une meilleure gestion du travail dans votre bulle, sans être dérangée par les allées et venues de l’hôpital, le bruit, l’environnement étranger, etc.

Si vous avez des doutes sur votre situation, n’hésitez pas à contacter votre sage-femme ou votre maternité pour être conseillée. 

Quelques conseils pour les accompagnants pendant la phase latente

Le rôle de l’accompagnant est essentiel pendant cette étape de latence. La meilleure chose à faire est avant tout de créer un environnement où elle pourra se détendre et lâcher prise. Plus elle se sent en sécurité et soutenue, plus son corps pourra produire les hormones nécessaires pour que le travail avance naturellement.

Être présent sans s’imposer. Elle pourra vouloir être massée, avoir la main tenue, être soutenue physiquement ou non. D’autres femmes ressentent le besoin de s’isoler et de gérer le début du travail seule. L’écouter, observer ce dont elle a besoin à l’instant T et respecter son espace est essentiel. 

Gérer la logistique pour qu’elle puisse se concentrer sur son travail. Vérifier que tout est prêt, répondre aux appels si nécessaire, lui préparer quelque chose à manger ou à boire. Ce sont des petites choses qui font toute la différence, car elle doit garder de l’énergie pour la suite. De même, tamiser la lumière, réduire le bruit et éviter de trop lui parler pendant les contractions est souvent important. Plus l’ambiance sera calme et rassurante, plus elle pourra se laisser porter par ce qui se passe en elle.

La soutenir avec des mots simples et encourageants. Un “Tu gères super bien”, “Notre bébé sera bientôt là”, “Tu es magnifique” peut l’aider à rester concentrée et confiante. Généralement, plus le travail avance, plus elle aura besoin de silence et d’intériorisation.

Cette phase peut durer plusieurs jours, et c’est normal. Le rôle de l’accompagnant est de l’aider à traverser ce marathon sans s’épuiser, en la laissant avancer à son rythme, avec le moins de distractions possibles. Ce n’est pas à lui de “faire avancer les choses”, juste de t’assurer qu’elle ait tout ce dont elle a besoin pour que son corps fasse son travail en toute sérénité.

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