Bébé en siège : quelles conséquences sur l’accouchement ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 21 janvier 2024

97 % des bébés se présentent naturellement en position céphalique (c’est-à-dire la tête en bas). Cependant, il arrive que des bébés ne se retournent pas et gardent la tête en haut jusqu’au jour de l’accouchement. Comment se déroule l’accouchement d’un bébé en siège ? Quelles sont les causes ? On vous explique.

Quand parle-t-on de bébé en siège ? 

La présentation par le siège correspond à la situation où le bébé est positionné la tête en haut dans l’utérus. Cela signifie que les fesses ou les pieds du bébé sont orientés vers le canal de naissance en premier. Ce phénomène survient dans 3 à 4 % de toutes les grossesses à terme. En effet, on considère qu’à 28 SA, un quart des bébés sont encore positionnés en siège. Plus l’âge gestationnel avance et plus ce chiffre diminue. Cette proportion chute autour de 7 % à 32 SA puis 4 % après 37 SA (données Audipog). 

Il existe 3 types de présentation du siège en fonction de la position des jambes de votre bébé : 

  • Siège complet (moins de 1/3 des cas) : Le fœtus est assis en tailleur.
  • Siège décomplété (2/3 des cas) : Le bébé a les fesses en bas et les jambes relevées au niveau du visage.
  • Siège en mode des pieds ou semi-décomplété (rare) : Il combine les caractéristiques des deux autres types, avec une jambe en extension vers le visage et l’autre repliée sous les fesses.

La présentation du bébé en siège est relativement courante, en particulier aux stades précoces de la grossesse, mais sa fréquence diminue significativement à mesure que l’accouchement approche. Cette condition nécessite une attention particulière en raison des divers risques associés,

Jusqu’à quand un bébé en siège peut-il se retourner ? 

Il est difficile de déterminer une date précise où le bébé « doit » s’être retourné ou après laquelle il « ne pourra plus » se retourner. Des cas de bébés se retournant très tardivement, y compris jusqu’au moment de l’accouchement, ont été rapportés. La fenêtre pour un retournement spontané reste ouverte bien plus longtemps que ce que l’on pourrait initialement supposer, avec une proportion significative de bébés se retournant après 32 SA. Finalement, le diagnostic a un intérêt limité lorsqu’il est évoqué avant l’échographie du 3e trimestre. On estime qu’un tiers des bébés se retournent naturellement entre 33SA et 35 SA. 

Certains bébés se retournent même quelques jours voire heures avant l’accouchement. 

Bébé en siège : quelles sont les causes possibles ? 

La plupart du temps, la cause d’un bébé en siège n’est pas connue. Cependant, certains facteurs ont été associés à une probabilité plus élevée de présentation en siège.

Voici certaines causes qui favorisent les bébés en siège : 

  • Antécédent d’accouchement par le siège : 10% de risques que cela se reproduise pour les grossesses suivantes)
  • Prématurité : on sait que plus l’âge gestationnel avance, plus les chances que le bebé se retourne augmentent
  • Macrosomie
  • Cordon ombilical trop court 
  • Placenta placé de manière inhabituelle : comme en cas de placenta praevia par exemple
  • Malformation de l’utérus qui complique la rotation du bébé (utérus bicorne, utérus cloisonné)
  • Fibromes utérins
  • Oligoamnios : la quantité insuffisante ou excessive de liquide amniotique peut rendre la mobilité du bébé moins facile. 

En cas de suspicion de présentation du bébé en siège, il est recommandé de réaliser une échographie vers la 36e ou 37e semaine pour acter le type de présentation, la croissance estimée du bébé et la quantité du liquide amniotique. Ces différents résultats permettent d’aiguiller ensuite sur la marche à suivre. 

Quels sont les risques d’un d’accouchement par le siège ? 

Si vous êtes à terme et que votre bébé se présente en siège, vous pouvez vous rassurer. Les risques de complications sont extrêmement rares pour la mère comme pour le bébé. Il est même rare que cela impose un mode d’accouchement spécifique (selon le Collège national des gynécologues et obstétriciens français).

On estime que le risque de lésions traumatiques en cas de bébé en siège est inférieur à 1 % (sachant que ce risque existe quelle que soit la position de votre bébé). Concernant la dysplasie des hanches, la présentation en siège en augmente légèrement le risque sans que la césarienne soit considérée comme une meilleure option (source). 

Quant au risque de prolapsus du cordon ombilical, lorsque le cordon glisse dans le vagin avant l’accouchement, il augmente en cas de présentation en siège, certes, mais reste très faible (1,3 % de risques en plus selon les chiffres CNGOF 2020).  

Comment aider un bébé en siège à se retourner ?

Il existe différentes méthodes permettant d’inciter un bébé qui se présente en siège à se retourner. Certains obstacles rendent toutes manœuvres ou techniques vaines (malformation de l’utérus, cordon enroulé, etc). Chacune de ces techniques est à la fois sans réussite certaine mais avec un taux de succès relatif qui en fait une option à envisager en cas de bébé en siège. 

La version par manœuvre externe (VME)

La version par manœuvre externe (VME) est une technique utilisée pour tenter de positionner un bébé en siège en position céphalique. Elle s’effectue en exerçant des pressions sur l’abdomen de la maman afin de faire pivoter le fœtus à l’intérieur de l’utérus. On la pratique entre 36 et 37 semaines d’aménorrhée, car avant, le bébé a encore l’espace nécessaire pour se retourner de lui-même. Après cette période, il y a un risque que l’emplacement du bébé, sa taille et la diminution du liquide amniotique rendent la manœuvre plus difficile. Enfin, même si le risque que la version déclenche l’accouchement est faible, il est préférable d’attendre d’avoir atteint le terme. 

On estime que le taux de réussite de la VME est d’environ une chance sur deux. Cette pratique est souvent décrite comme peu agréable mais ne dure que quelques minutes. Elle se déroule sous surveillance échographique et monitoring. Le risque de retour en siège post-intervention est d’environ 5%. Si c’est le cas, il est toujours possible de procéder à une nouvelle VME. 

Le CNGOF conseille la pratique de la VME « car elle permet d’augmenter le pourcentage de fœtus en présentation céphalique au moment de l’accouchement, et de diminuer le pourcentage de césariennes » (source)

“On m’a fait une version à 36+6.. Initialement, le gynécologue avait des réserves, pensant que c’était trop tard pour que ça fonctionne. Cependant, après m’avoir examinée, il a vu que mon ventre était souple avec suffisamment d’espace. Le bébé a été retourné en seulement une minute, et bien que ce fût désagréable sur le moment, ça a été vraiment rapide. Trois jours plus tard,  le travail s’est lancé et j’ai pu accoucher sans péridurale”. 

Les postures 

Certaines postures spécifiques sont recommandées car peuvent aider un bébé en siège à se retourner. Parmi elles :

  • Le pont passif de Bayer (ou pont indien) : elle consiste à s’allonger sur le dos avec les fesses surélevées de 30 cm. Il est suggéré de maintenir cette position pendant 20 minutes, deux fois par jour ;
  • La position genu-pectorale (ou prière musulmane) : elle consiste à s’agenouiller par terre et d’étirer les coudes et avant-bras au sol.

Ces méthodes posturales, recommandées quotidiennement à partir de la 34e semaine de grossesse, ont une efficacité modérée mais sont dépourvues d’effets secondaires. Cela peut être une première étape, facile à faire chez soi, avant d’envisager la Version par Manœuvre Externe (VME).

Acupuncture et moxibustion 

L’acupuncture peut également être utilisée pour retourner un bébé en siège. Généralement, elle sollicite le point BL67, situé à l’extérieur de l’ongle du petit orteil, une méthode qui a pour effet d’augmenter les mouvements fœtaux, et par conséquent, les chances que le bébé se retourne. 

De même, la moxibustion qui consiste à brûler de l’herbe moxa sur des points d’acupuncture spécifiques peut être pratiquée. Des recherches indiquent que la moxibustion peut effectivement faciliter cette rotation, augmentant la probabilité de version céphalique externe.

Ostéopathie / chiropractie

L’ostéopathie et la chiropractie, notamment à travers la technique de Webster, sont des approches qui se concentrent sur l’amélioration de la mobilité du bassin et la détente du muscle utérin. L’objectif est de créer un espace suffisant pour permettre au bébé de se retourner plus facilement dans l’utérus. 

Il existe un nombre limité d’études sur ce sujet, ce qui ne permet pas de s’avancer sur un taux de succès fiable.

Haptonomie

Si vous effectuez une préparation en haptonomie et que votre bébé est en siège après 36/37 SA, n’hésitez pas à l’inciter à se retourner. La personne qui vous guide dans cette pratique pourra peut-être vous aider. 

Il est important de noter que ces techniques ne garantissent pas un taux de réussite de 100%, et ne seront pas efficaces si un obstacle physique (comme un utérus mal formé ou un cordon enroulé) empêche le bébé de se retourner. La décision de tenter une de ces méthodes doit être prise en collaboration avec les professionnels de santé, en tenant compte des conditions spécifiques de chaque grossesse.

Peut-on accoucher par voie basse en cas de bébé en siège ? 

Oui l’accouchement par voie basse est possible, que votre bébé soit en siège complet ou décomplété. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français considère la tentative de voie basse comme une option raisonnable dans la majorité des cas (source).

On estime qu’un tiers des accouchements d’une présentation en siège se fait par voie basse. Le taux de réussite est d’environ 70 % (la non-réussite induit que l’accouchement s’est terminé par une césarienne). 

Lors d’un accouchement par voie basse pour un bébé en siège, la péridurale est souvent conseillée. Cette précaution facilite l’application de l’analgésie en cas de nécessité impromptue de césarienne, le cathéter étant déjà en place. Toutefois, si vous ne souhaitez pas bénéficier de la péridurale, vous pouvez demander la mise en place d’un cathéter prêt à l’emploi mais vide, uniquement en prévision d’un risque supérieur de césarienne.

Si votre bébé se présente en siège, il est fort possible que le professionnel de santé qui vous suive exige des critères pour que l’accouchement par voie vaginale soit accepté. Voici les recommandations du CNGOF (Conseil national des gynécologues et obstétriciens français) : 

  • La volonté de la patiente. C’est évidemment la première condition. Si vous ne souhaitez pas envisager un accouchement par voie basse, personne ne doit vous l’imposer, cela doit venir de votre volonté. 
  • L’estimation des mensurations foetales et de la pelvimétrie (mesure du bassin maternel) pour s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications au passage du bébé. Cette mesure ne se justifie pas si l’accouchement se déclenche naturellement avant 37SA. De la même manière, si la position en siège est découverte au moment de l’accouchement, l’absence de cette mesure ne justifie pas d’avoir recours à la césarienne.   
  • La macrosomie. En cas de bébé estimé à plus de 3,8kg, une césarienne sera conseillée 
  • La position de la tête du bébé. En cas d’hyperextension de la tête foetale, c’est-à-dire si la tête est trop fléchie, il est recommandé de préférer une césarienne. 

Cependant, un utérus cicatriciel (antécédent de césarienne) ne constitue pas automatiquement un obstacle à l’accouchement vaginal. De même, la réalisation systématique d’une épisiotomie n’est pas justifiée en cas de siège.

Pour celles à qui un bébé en siège fait peur, il semblerait que l’accouchement ne soit pas plus difficile, voire même plus facile. En effet, ce ne sont pas les os du crâne qui appuient sur le périnée mais les fesses du bébé. 

Quelle que soit la situation, la décision entre la voie basse et la césarienne doit être prise après une évaluation minutieuse, en tenant compte des antécédents, de la grossesse en cours, des préférences de la mère, ainsi que des recommandations des professionnels de santé.

Comment se passe l’accouchement d’un bébé en siège ? 

En cas de présentation en siège sans autre risque avéré, le déclenchement du travail n’est a priori pas justifié. Au contraire, une analyse de 7 études a révélé une augmentation significative du taux de césarienne dans le groupe avec déclenchement du travail par rapport au groupe avec travail spontané, notamment en cas de faible score de Bishop

L’accouchement peut se faire par voie basse ou par césarienne, selon les situations et les souhaits de la future maman. 

En cas d’accouchement par voie basse d’un bébé en siège, la surveillance cardiaque du fœtus est enregistrée en continue à l’aide d’un monitoring. Un anesthésiste doit être facilement disponible en cas de nécessité d’une intervention. Certaines maternités peuvent imposer la pose d’une péridurale mais ce n’est pas le cas partout. Dans tous les cas, le lieu de naissance doit permettre de pouvoir réaliser une césarienne si besoin. 

Dans la mesure où les obstétriciens s’abstiennent d’intervenir activement avant que le bébé ne soit sorti jusqu’au nombril, vous devrez faire une grande partie des efforts expulsifs vous-même. Plus encore que pour les accouchements en céphalique, suivre une préparation à l’accouchement vous sera bénéfique.

Bébé en siège : le cas de la césarienne programmée 

En France, on estime qu’environ deux tiers des cas de présentations en siège conduisent à une césarienne. Certaines situations l’exigent mais cela peut simplement être par choix de la maman. Si elle préfère une césarienne tout en étant éligible pour un accouchement par voie basse, son choix doit être respecté après une information complète sur les avantages et risques associés. Dans de tels cas, la future maman n’est pas obligée de tenter une manœuvre pour retourner son bébé.

Les risques associés à l’accouchement par césarienne d’un bébé en siège ne sont pas différents de ceux d’une césarienne d’un bébé en présentation céphalique.  

En l’absence de contre-indications, un accouchement vaginal est souvent possible pour les présentations en siège complet ou décomplété mode des fesses, tandis que la césarienne est recommandée pour les présentations en siège mode des pieds. Néanmoins, un accouchement vaginal n’est pas toujours possible et dépend de critères spécifiques. Laisser du temps au bébé pour se retourner et attendre le début du travail spontané avant de pratiquer la césarienne peut être judicieux, surtout dans les cas de siège décomplété à faible risque de procidence du cordon. Certaines mères ayant subi une césarienne pour un bébé en siège rapportent des cicatrices un peu plus grandes que la moyenne. Dans tous les cas, quand on sait qu’un bébé peut se retourner de lui-même jusqu’au jour J, il est conseillé de vérifier la position du bébé avant de partir en césarienne. 

Il est recommandé de vérifier à nouveau la position du bébé juste avant de procéder à la césarienne. En effet, certains cas rapportent que des bébés initialement en siège se sont retournés tête en bas le jour de l’accouchement. 

Accouchement en siège : témoignages

“À 29 semaines de grossesse, ma fille était positionnée tête en bas, mais à l’échographie de 36 semaines, elle s’était mise en siège. J’ai consulté un ostéopathe et suivi des exercices recommandés par une sage-femme pour tenter de la retourner. J’ai également demandé à ma gynécologue de me fixer un rendez-vous avec un gynécologue spécialisé dans les accouchements en siège, car elle était réticente à cette idée. Finalement, le jour du rendez-vous, ma fille s’était remise tête en bas. Elle a maintenant 2 ans, et connaissant son caractère, ça ne m’étonne pas d’elle !”

“Ma sage-femme m’a expliqué que l’accouchement d’un bébé en siège n’était pas nécessairement plus compliqué qu’un autre. Le véritable défi, selon elle, réside dans le fait que beaucoup d’équipes médicales ne sont pas habituées à ce type d’accouchement. Ayant elle-même assisté à plusieurs accouchements en siège, elle savait comment réagir, soulignant qu’il est crucial de ne pas toucher le bébé pendant la sortie pour éviter qu’il ne se coince. J’étais sur le point d’accoucher en siège, mais à 37 semaines de grossesse, ma fille s’est retournée grâce à l’acupuncture. Heureusement, ma gynécologue était préparée à l’éventualité d’un accouchement en siège, même sans péridurale.”

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