Comment favoriser un accouchement physiologique ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 25 février 2024

Alors même que l’administration de la péridurale reste la norme pour plus de 80 % des femmes, l’accouchement physiologique (ré)apparaît comme une nouvelle alternative. En quoi consiste un accouchement physiologique ? Quels sont les bienfaits d’un accouchement physiologique ? Qu’est-ce qui favorise une naissance naturelle ? 

Qu’est-ce qu’un accouchement physiologique ?

La définition donnée à l’accouchement physiologique est : “une naissance durant laquelle on n’observe aucune intervention mécanique, chimique ou humaine”. Dans le cadre de l’accouchement, parler de physiologie induit donc de laisser libre cours au travail des hormones et à l’intelligence corporelle.

On a tendance à parler d’accouchement physiologique dès lors qu’il n’y a pas l’utilisation de la péridurale. Cependant, il serait plus juste d’exclure toutes les interventions pouvant survenir pendant une naissance (injection d’ocytocine, utilisation de ventouses, épisiotomie, etc).  

Qu’est-ce qui facilite un accouchement sans péridurale ?

Il convient avant tout de rappeler que l’accouchement est un processus spontané, involontaire. C’est en connaissant et respectant les besoins de base d’une femme qui accouche que celle-ci peut donner naissance à son bébé physiologiquement.  

Voici les deux besoins essentiels d’une femme qui accouche :

  • produire de l’ocytocine. C’est cette hormone qui va permettre aux contractions de se déclencher. C’est également l’hormone qui détend, met en confiance et diminue la sensation de danger. Cependant, l’ocytocine étant extrêmement fragile, il convient de tout mettre en œuvre pour lui permettre de se diffuser.
  • mettre son “cerveau pensant” (néo cortex) en pause. L’humain se différencie de l’animal par son double cerveau : le cerveau primitif et le cerveau pensant. Notre cerveau primitif assure la réponse à nos besoins fondamentaux (respirer, s’alimenter, survivre) et sécrète nos hormones. Le néocortex, quant à lui, nous permet de développer le langage, d’apprendre à compter ou encore de prendre des décisions. Le néocortex doit être désactivé pour que les hormones de l’accouchement se libèrent. Or, ce dernier réagit au langage, à la lumière, à la sensation de danger mais aussi au stress et au froid. Une femme qui accouche doit pouvoir s’abandonner, comme elle s’abandonnerait au sommeil, et mettre sur pause son néocortex. Cela nécessite un environnement favorable.

Ainsi, pour un accouchement physiologique rapide, efficace et beau, la formule est : ocytocine en abondance et mental désactivé. C’est cette combinaison qui permet l’immersion totale de la femme dans son travail.

Quels sont les avantages d’un accouchement physiologique ? 

L’accouchement est souvent abordé de manière négative : douleur, longueur, complications, etc. Les informations véhiculées autour de l’accouchement manquent de positivité et d’enthousiasme. 

Pourtant, les bienfaits de l’accouchement sans péridurale sont nombreux. En cas d’absence de pathologie connue, accoucher de manière physiologique favorise le rétablissement de la maman, son sentiment d’accomplissement et favorise le lien d’attachement qu’elle crée avec son bébé. De même, il a été prouvé que la mise en place de l’allaitement était facilitée par une naissance naturelle.

Accouchement physiologique : quelles positions soulagent ?

L’accouchement physiologique est instinctif. Le meilleur moyen de connaître les positions qui soulagent la douleur est de se laisser guider par son corps et donc de pouvoir se mouvoir. C’est un des inconvénients principaux de la péridurale : en immobilisant la femme, elle empêche à son corps d’adopter les positions à même de la soulager.

Bien qu’il n’y ait pas de science exacte, chaque corps étant différent, voici les positions majoritairement adoptées par les femmes suivant le processus physiologique dicté par leur corps : . 

  • position accroupie avec les genoux légèrement rentrés : permet une ouverture la plus grande possible ;
  • position verticale : accélère la dilatation du col et aide à la descente du bébé 
  • position latérale, couchée sur le côté : permet le repos tout en participant à la progression du travail ;
  • position à 4 pattes ou penchée vers l’avant : permet d’aider à la rotation du bébé. 

Plus qu’une position, le maître-mot est le mouvement. C’est la danse du corps, guidée par la douleur, qui permettra au col de s’ouvrir et au bébé de réaliser sa descente. 

Le corps est le chef d’orchestre de l’accouchement. Le mental n’a aucune capacité à accoucher mais peut venir faire douter le corps de sa puissance. Or, notre corps ne peut nous entraîner où notre tête ne veut pas aller. 

Qu’est-ce qui favorise une naissance physiologique ? 

Pour qu’un accouchement puisse se dérouler de la manière la plus physiologique, il est nécessaire que les hormones naturelles de la femme en travail puissent être sécrétées. Pour cela, le respect de l’intimité est essentiel afin que l’ocytocine puisse être sécrétée et que le néocortex se déconnecte. La femme doit avoir confiance en ses capacités à mettre au monde son enfant. Elle doit faire tomber ses résistances et ne pas avoir peur de plonger dans la douleur.

À bien des égards, l’accouchement peut être considéré comme un acte sexuel qui nécessite, comme tous les moments d’intimité, un sentiment de sécurité, de confiance, d’apaisement. De la même manière qu’un mammifère ne met pas au monde sa progéniture si il se sent en danger, la femme nécessite de se sentir protégée. 

Le métier des sage-femmes vient d’ailleurs de ce besoin de protection. Malheureusement, le manque d’effectif ne leur permet pas toujours de faire aujourd’hui ce travail de “protectrice”. La pathologie s’est substituée à la morphologie. Pour qu’une sage-femme puisse accompagner une naissance physiologique, elle doit pouvoir être présente pour la mère qui accouche, sans discontinuité.

L’environnement idéal pour une naissance physiologique est celui qui respectera l’intimité de la future mère et le rythme de la naissance.

Attention : le milieu médical n’est aucunement contre-indiqué à un accouchement physiologique. Pour certaines femmes, il assure un cadre sécuritaire et rassurant, essentiel à adopter le lâcher prise nécessaire à la naissance. 

Comment réussir un accouchement physiologique ? 

L’accouchement n’est pas à appréhender en termes de réussites ou d’échecs. 

Il faut mesurer tout le chemin qui a permis d’arriver à la naissance. De plus, il faut deux protagonistes pour une naissance physio : une maman et un bébé. Chacun d’eux aura son rôle dans la naissance.  Être dans la physiologie c’est aussi savoir lâcher prise et ne pas penser pouvoir tout contrôler dans la naissance. 

Cependant, certaines conditions peuvent faciliter le bon déroulement d’un accouchement et la recherche de physiologie : ainsi, une salle où le bruit est réduit, la lumière tamisée et le passage limité vont aider la femme à faire son nid et favoriser le bon déroulement physiologique de la naissance. 

Quelle tenue porter pour un accouchement physiologique ?

Celle dans laquelle vous vous sentez le mieux ! En blouse, en legging ou encore toute nue, votre corps saura vous dicter ses besoins. Il est impossible de prévoir, le mieux est donc d’avoir quelques alternatives dans votre valise de maternité (maillot de bain, tee-shirt large, short).

Vers quelle maternité se tourner pour un accouchement physiologique ?

Un accouchement peut être physiologique quel que soit l’endroit où il se passe. Toutefois, la présence d’une salle nature dans la maternité offre un cadre favorisant le processus naturel de la naissance. Aujourd’hui, la plupart des hôpitaux en sont équipés.

L’accouchement physiologique est-il plus difficile pour un premier bébé ? 

Contrairement aux idées reçues, il n’est pas plus difficile pour une femme primipare (qui accouche pour la première fois) de donner la vie naturellement. Au contraire, l’absence d’un historique peut parfois aider la femme à plonger la tête la première dans le tourbillon et le lâcher-prise de la naissance. 

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