En France, plus de 82 % des femmes qui accouchent ont recours à la péridurale (ENP 2021). C’est l’outil de gestion de la douleur le plus utilisé. Pourtant, une envie de revenir à une naissance plus naturelle fait son apparition. Le développement des maisons de naissance le témoigne même si l’accouchement sans péridurale continue à faire peur. Alors, comment se préparer à un accouchement sans péridurale ? Quels sont les avantages à accoucher sans péridurale ? Pourquoi avoir mal quand on sait qu’il existe des moyens d’anesthésier la douleur ?
Quels sont les avantages d’un accouchement sans péridurale ?
La douleur de l’enfantement n’est pas celle ressentie lors d’une blessure ou d’un traumatisme. Elle ne traduit pas un dysfonctionnement mais signale que le processus du travail est en cours. C’est la douleur des contractions qui oblige la femme à arrêter ses activités, à être toute entière “focalisée” par la naissance de son bébé.
De plus, c’est cette douleur qui permet au corps de produire des hormones qui contribueront à faciliter l’accouchement mais aussi à créer le lien intime et unique avec votre bébé.
Toutes les études témoignent des nombreux avantages d’accoucher sans péridurale :
- une meilleure récupération,
- une baisse significative du taux de césarienne (50 %) et d’interventions,
- un accouchement plus rapide,
- un allaitement facilité,
- une confiance accrue de la femme dans son rôle de mère.
Une enquête menée sur plus de 8 000 femmes (CIANE, 2013) a prouvé que la satisfaction des mamans ayant accouché sans péridurale était nettement supérieure à celles ayant été sous anesthésie. Ces chiffres incitent à s’intéresser aux alternatives à la péridurale pour la gestion de la douleur. Si se réapproprier l’accouchement aide les femmes à se sentir fière et forte pour épouser leur rôle de mère, n’est-ce pas une priorité à privilégier ?
Accoucher sans péridurale présente-t-il des risques ?
Non, la naissance est un processus naturel, dictée par le bébé puisque c’est lui qui décide du moment de sa venue. Vouloir accoucher sans péridurale ne présente aucun risque pour la maman, ce fut le cas pendant des millénaires.
Cependant, dans certains cas, l’administration de la péridurale permet d’éviter des complications supplémentaires. Il s’agit donc d’être en paix à l’idée de pouvoir en avoir besoin car les douleurs de l’accouchement sont différentes pour chacune et imprévisibles.
Que se passe-t-il en cas de complications sans péridurale ?
Dans certains cas, malgré toute la volonté de la maman d’accoucher naturellement, la nature en décide autrement et une intervention médicale est nécessaire. Que vous ayez le projet d’accouchement dans une maternité classique (quel que soit le niveau) ou en plateau technique, la prise en charge médicale est possible.
Parfois, l’utilisation de la péridurale fait des merveilles : pour soulager une maman épuisée par un travail qui n’en finit pas, venir en secours d’un bébé en détresse respiratoire ou encore pour aider un corps crispé à se détendre.
La péridurale est un merveilleux outil mais sa systématisation montre aujourd’hui ses limites. L’OMS reconnaît elle-même qu’on a généralisé à tort son utilisation.
ll est normal d’appréhender les interventions dans un projet de naissance sans péridurale. Comment l’équipe médicale interviendra sur un corps “éveillé” ?
En cas de césarienne
En cas de césarienne d’urgence sur une femme n’ayant pas reçu la péridurale, l’équipe médicale admnistre une rachianesthésie. Cette anesthésie a la particularité d’agir vite (en moins de 5 minutes). Cette piqûre, réalisée dans le bas de la colonne, a les mêmes effets qu’une péridurale : elle permet d’anesthésier toute la partie inférieure du corps. La durée d’action de la rachi anesthésie dure entre 1h30 et 3h.
Si la césarienne est moins urgente, une péridurale peut aussi être administrée. L’avantage de ces deux anesthésies (contrairement à l’anesthésie générale), est qu’elles permettent à la maman d’être consciente durant la naissance de son enfant.
En cas de déchirure ou épisiotomie
La crainte qui revient souvent des femmes préparant un accouchement sans péridurale est en cas d’épisiotomie ou de déchirure. Imaginer cette zone si sensible – et intime – touchée peut, à raison, donner des frissons. Dans un accouchement sans péridurale, les taux d’épisiotomie sont bas (chiffres). Si l’intervention est nécessaire, l’obstétricien réalisera une petite anesthésie locale.
En cas de déchirure naturelle, il y a peu de chances que vous la ressentiez. C’est au moment du cercle de feu, au passage du bébé, qu’il y a des risques de déchirure mais cela ne rend pas le moment plus douloureux. Les femmes en témoignent. Cette partie du corps, fine et extensible, est faite pour pouvoir se déchirer. Composée d’une multitude de fibres, c’est une zone très bien vascularisée. Cela explique d’ailleurs que la cicatrisation se fasse très rapidement (quelques jours) et qu’aucune séquelles en découlent.
Certaines femmes pratiquent, durant leur grossesse, le massage du périnée à l’aide d’huiles essentielles pour prévenir les déchirures. Aucune étude n’a pu attester les bienfaits de ce type de précautions. Si vous êtes à l’aise avec cette zone, cela ne pourra pas vous faire de mal. Sinon, ne vous stressez pas à aller vers une pratique qui ne vous met pas à l’aise. Le bénéfice est trop incertain pour que cela vaille la peine de se l’imposer.
Accoucher sans péridurale : témoignage
Voici le récit d’accouchement de Lauréline, pour son 1er bébé, né sans péridurale :
“40+2 SA : perte des eaux. Arrivée à la maternité à 21h, col à un doigt, postérieur et raccourci. C’était pas pour tout de suite selon la SF !
Sur le premier monito, plein de petites contractions, c’est pas agréable mais je sais que c’est du pipi de chat.
4h, mon cher et tendre a réussi à dormir un peu, pas moi. La première vraie contraction le tire du sommeil. Je prends le spasfon et doliprane que la SF m’avait laissé plus tôt, mais je les vomis aussitôt !
4h40 j’ai tellement mal que je demande le ballon (qui finalement n’aura pas servi beaucoup, seul le 4 pattes me soulageait) et un examen : le col n’a pas bougé, il s’est tout juste centré.
Du coup, de nouveau un monito à 5h pour voir si bébé supporte bien les contractions afin de pouvoir prendre un médoc pour me soulager un peu.
De 5h à 10h, je gère tant bien que mal, je visualise une montagne que je gravis à chaque contraction, tout en faisant des sons graves et mon chéri me masse le dos sans jamais faillir (ce qu’il fera pendant tout le travail, d’ailleurs ! )
J’ai alors droit à la baignoire de pré-travail, mais je douille sévère alors j’en sors au bout d’une demie heure et on m’examine : col à 4cm ! Direction la salle d’accouchement !!
Vers 11h30 je craque, je demande la péri, je n’en peux plus, les contractions me laissent à peine de répit. La SF refuse, elle reste avec moi et me soutient à fond dans mon projet de naissance sans péri ! C’est elle qui m’aidera à ne pas perdre pied jusqu’au bout.
On fait un deal : pour elle, je souffre le martyr car le travail est super rapide. Si 1h plus tard je ne suis pas à dilatation complète, j’aurais alors droit à la péri. J’y crois qu’à moitié, passer de 4 à 10 en une heure… Mais je me dis que ça se tient.
12h35 : dilatée à 9cm ! Pas de péri pour moi !!
On s’installe selon mon feeling, moitié à genoux, et je commence les poussées… Le moment le plus difficile. Autant la dilatation a été ultra rapide, autant bébé ne descend pas.
La douleur frôle l’intenable, à chaque poussée j’ai l’impression de perdre mes organes (particulièrement au niveau de l’anus…). Finalement je sens qu’il descend. Quelques poussées plus tard et le fameux cercle de feu, bébé est là. Je suis dans un état second, je ne comprends rien à ce qu’il vient de se passer, j’ai mal partout, je n’ai plus de souffle… Et ce petit asticot qui se met déjà à pleurer sur moi ! Papa pleure aussi d’ailleurs
Et malgré la douleur, la fatigue, je suis fière d’avoir tenu ce projet de naissance si cher à mes yeux.
Papa a été formidable, la SF qui m’a suivi, merveilleuse, sans eux je n’y serais pas parvenu sans péri. »
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