Comment gérer la douleur d’un accouchement sans péridurale ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 16 mai 2023

En France, la péridurale est l’outil de gestion de la douleur le plus utilisé (plus de 83 % des accouchements). Son principal avantage est qu’il ne nécessite aucune préparation : une simple piqure et votre corps sera apaisé. Pourtant, certaines femmes souhaitent s’en passer et faire appel à d’autres techniques pour soulager la douleur. Quelles sont-elles ?

À quoi sert la douleur de l’accouchement ?

Pour accepter la douleur de l’accouchement, il faut pouvoir l’accepter et la comprendre. On a trop souvent réduit l’accouchement à la douleur. Pourtant, cette douleur est saine et porteuse de la plus belle des nouvelles après 9 mois de patience et de préparation.

Comprendre d’où vient la douleur mais aussi sa fonction peut tout changer. Avoir mal et ne pas savoir d’où ça vient, ni pourquoi, ni à quoi ça sert, la voilà la vraie souffrance. L’angoisse est d’être dans l’incompréhension, de subir un mal qui arrive et qui repart, sans raison. 

Or, dans un accouchement sans péridurale, la douleur a un sens : elle fait office de guide. Elle indique quand il faut changer de position, les points sur lesquels le conjoint peut appuyer ou les mouvements efficaces pour favoriser la descente du bébé. La douleur est un itinéraire pour aider à faire progresser le travail. La douleur de l’accouchement permet de chercher la meilleure position pour créer de l’espace et faire descendre son bébé. La douleur permet d’inciter la femme à explorer des positions qu’elle n’aurait pas pu prendre naturellement : jambe levée, buste penché ou encore accroupie, les bras tirés par son conjoint si c’est ce que votre corps vous dicte.

Enfin, la douleur de l’accouchement est un stimulant pour la production d’endorphines. Cette hormone a pour effet de calmer la douleur et de permettre un état de conscience modifié.

Comment réduire la douleur d’un accouchement sans péridurale ?

Créer autour de soi une atmosphère rassurante et familière permet d’entrer plus facilement dans sa bulle et ainsi réduire la sensation de douleur de l’accouchement. Cela peut passer par une playlist de musiques relaxantes, un diffuseur d’huile essentielle ou encore des photos/objets familiers disposés autour de soi. 

C’est ce cocon qui permettra aux hormones naturelles d’accomplir leur travail. L’ocytocine, si elle crée des contractions, est aussi l’hormone responsable de l’état de plénitude, de bien-être ressentie par les femmes entre les contractions. Celle qu’on appelle l’hormone de l’amour n’est jamais plus présente dans la vie d’une femme que durant l’accouchement. C’est cette même hormone qui intervient au moment de l’orgasme, à échelle bien moindre pourtant. Or, pour qu’elle se dévoile, elle a besoin d’être en confiance, de se sentir rassurée, d’être confortable.

Peut-on accoucher sans péridurale d’un premier bébé ? Bien sûr. Le corps n’a pas besoin d’avoir “testé” l’accouchement pour s’ouvrir sans péridurale. Au contraire, ne pas avoir de vécu, parfois difficile, peut aider à avoir la confiance nécessaire pour accoucher naturellement, en toute puissance. 

Quelles positions peuvent soulager la douleur de l’accouchement ?

La douleur ressentie lors d’un accouchement sans péridurale permet au corps de se mettre en mouvement. Ce sont les sensations d’un corps en travail qui vont obliger la future maman à adopter des positions optimales pour faire progresser le travail et initier la descente de son bébé. Ainsi, il est difficile de conseiller des positions car chaque femme est différente. 

Cependant, on sait que certaines conditions favorisent l’ouverture du col et la descente du bébé. Parmi elles, les 3 principales sont : la gravité, le mouvement et l’asymétrie du corps.  

Ainsi, on remarque chez les femmes en travail (et libres de leur mouvement) une préférence pour : 

  • la position accroupie, 
  • la position debout, penchée, le buste en avant, 
  • la position à quatre pattes, les jambes entrouvertes.  

L’utilisation de la péridurale restreint cette liberté de mouvement. Elle oblige à une immobilisation qui accentuerait la douleur si elle était toujours ressentie. On corrige un mal par une position non physiologique. Or, si la maman est anesthésiée, le bébé lui ne l’est pas. Sans ressenti de douleur, elle ne peut pas adopter les positions qui aideraient son bébé à descendre jusqu’au col puis à réaliser la rotation nécessaire à sa descente.

Ainsi, avec une péridurale, il y a davantage de risques que le bébé se présente mal à la sortie et qu’il y ait la nécessité d’une intervention médicale (forceps, ventouse, épisiotomie).  

Pourquoi vouloir être “endormie” quand son bébé traverse la plus grande épreuve de sa vie ? 

Quelles sont les méthodes naturelles pour gérer la douleur de l’accouchement ?

L’utilisation de la péridurale est si omniprésente qu’on a tendance à penser quelle est le seul moyen pour réduire la douleur de l’accouchement. Pourtant, les femmes qui font le choix de ne pas y avoir recours ne sont pas masochistes. Elles sont souvent davantage renseignées sur les méthodes naturelles de gestion de douleur efficaces lors d’un accouchement.

Voici les principaux moyens naturels pour gérer la douleur de l’accouchement :

  1. Respiration : une des techniques souvent citées est la respiration de la vague. Il s’agit de produire une grande inspiration au début de chaque contraction, en visualisant l’air entrer dans tout votre corps : des pieds jusqu’au sommet de votre tête. Puis de relâcher doucement. La respiration lente et contrôlée aide à la détente de votre corps et à minimiser la perception de la douleur. Respirer profondément pendant le travail des contractions permet d’oxygéner ses muscles et d’aider votre corps à atténuer la douleur. Dès les années 1950, Lamaze prônait l’efficacité de la respiration comme mode de soulagement de la douleur
  2. Massage : votre partenaire ou votre doula peut pratiquer des massages pour vous aider à libérer les tensions de votre corps. Généralement, les massages dans le bas du dos ou au niveau des épaules sont efficaces pour détendre vos muscles et permettre à votre corps d’être moins crispé
  3. Points d’acupression : certains points ont démontré de très bons résultats comme le point LI4 situé entre le pouce et l’index ou encore le point BL32, dans les fossettes du bas du dos
  4. Mouvement : il est important de se rappeler les bienfaits du mouvement et des changements de position. Il faut garder en tête que la douleur est un signal envoyé par votre corps. À vous de le comprendre et d’essayer de réduire cet inconfort. L’accroupissement, la marche, les balancements de hanche, la suspension ou encore l’assise sur un ballon peuvent aider à supporter la douleur de l’accouchement
  5. Eau : se plonger dans un bain chaud ou sous une douche peut relaxer le corps et réduire la sensation de douleur. De même, l’effet de flottaison réduit la pression exercée par les contractions et facilite le mouvement et le changement de position de la future maman. Certaines maternités sont équipées de structure adaptées aux accouchements dans l’eau
  6. Environnement : écouter de la musique relaxante, se concentrer sur des images / photos réconfortantes ou se répéter des mantras positifs aident à se distraire de la douleur
  7. Peigne : prévoir un peigne dans sa valise de maternité n’est pas de la coquetterie. Serrer un peigne pendant les contractions permet de déporter la douleur et accentuer la production d’endorphines
  8. Soutien : sentir du soutien affectif et physique pendant le travail est extrêmement bénéfique. Être bien accompagnée permet de se sentir en confiance et participe à la sécurité nécessaire au bon déroulement d’un accouchement.

Bien sûr, chacune de ces méthodes est à expérimenter ! S’il est rassurant de s’y préparer et de les connaître, il est fort probable que certaines vous déplaisent au moment du travail. Chaque femme est différente et ce qui fonctionne pour l’une peut ne pas fonctionner pour une autre. Le tout est d’avoir une boîte à outils à tester en cas de besoins !

Accouchement sans douleur : est-ce possible ?

On se demande souvent à quelle unité de douleur correspond l’accouchement. En effet, certaines études tendent à démontrer que l’accouchement implique un niveau de douleur supérieur à ce que tout être humain pourrait supporter. On conviendra aisément que si tel était le cas, l’espèce humaine aurait depuis longtemps cessée d’exister.

Pourtant, c’est exactement ce type de message qui véhicule le besoin évident d’avoir recours à la péridurale.

Or, la douleur de l’accouchement est, comme tous les ressentis, très subjective. Si vous vous considérez comme « douillette », rien ne prouve que vous le serez durant votre accouchement car chaque corps crée ses propres contractions.

En revanche, il est prouvé que la peur impacte le niveau de douleur. Un corps stressé sera plus douloureux qu’un corps relâché. De même, si l’attention est focalisée sur la douleur, elle en sera souvent intensifiée. C’est pourquoi il convient d’être avertie sans en avoir peur pour autant. L’anxiété peut entraîner une augmentation du risque cardiaque et une tension musculaire venant ajouter de l’inconfort supplémentaire.

Bien qu’il soit difficile de supprimer la douleur de l’accouchement, il est important de connaître des méthodes et des techniques pour aider à l’accepter. Ces dernières devraient être enseignées à toutes les femmes enceintes car ne compter que sur la péridurale comme mode de soulagement peut amener à des situations de grande détresse si elle ne fonctionne pas ou encore si le temps ne permet plus de la poser (on considère qu’elle n’est pas efficace dans 10 % des cas).

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