La possibilité de boire et manger pendant l’accouchement fait encore débat. Certaines maternités autorisent les femmes à s’alimenter, tandis que d’autres l’interdisent strictement, souvent au nom de précautions liées à une éventuelle césarienne. Pourtant, accoucher est une épreuve physique considérable, fréquemment comparée à un marathon. Alors, faut-il choisir entre manger ou accoucher sereinement ? On vous éclaire sur ce sujet !
Que manger avant l’accouchement ?
Si vous passez la première phase du travail chez vous – ce qui est recommandé – profitez de ce moment pour vous faire un dernier vrai repas avant de partir à la maternité. Cela peut non seulement vous faire plaisir mais aussi garantir une bonne réserve d’énergie pour l’épreuve à venir.
Optez pour un repas énergétique, digeste et, surtout, qui vous fait plaisir. Ce dernier point est essentiel : le plaisir stimule la sécrétion d’ocytocine, l’hormone indispensable au bon déroulement de l’accouchement. Choisissez des aliments riches en glucides complexes, tout en évitant les plats trop lourds qui pourraient être difficiles à digérer.
Quelques idées :
- Un petit déjeuner à base de pain complet, œufs, produits laitiers, accompagné d’une boisson chaude.
- Un plat de pâtes, du riz cantonais ou une salade composée.
- Des fruits frais ou secs.
Témoignage :
« Pour mes deux accouchements, j’ai pris le temps de me doucher et de profiter d’un bon petit déjeuner avant de partir à la maternité (tartines, confiture, kiwis). Cela m’a rassurée de savoir que j’avais fait le plein d’énergie et que j’aurais au moins un repas dans le ventre pour affronter la suite ! »
Ce dernier repas est essentiel pour commencer le travail dans de bonnes conditions, car une fois arrivée à la maternité, il est possible que les protocoles hospitaliers limitent vos possibilités de boire ou manger.
Et si un déclenchement est prévu ?
Les recommandations restent les mêmes : prenez un vrai repas avant de partir et pensez à glisser quelques encas dans votre valise. Une barre énergétique, une compote ou quelques fruits secs peuvent s’avérer précieux si le déclenchement se prolonge.
D’où vient la restriction quant au fait de ne pas boire ni manger pendant l’accouchement ?
L’interdiction de boire et manger pendant l’accouchement trouve ses racines dans une publication des années 1940 sur le syndrome de Mendelson. Ce syndrome désigne un reflux gastrique pouvant survenir lors d’une anesthésie générale, entraînant l’inhalation de contenu gastrique dans les poumons. À l’époque, les césariennes étaient majoritairement réalisées sous anesthésie générale, augmentant ainsi ce risque. Cette complication, bien que déjà très rare, pouvait causer une inflammation pulmonaire grave ou même être fatale.
Aujourd’hui, grâce aux avancées en anesthésie obstétricale et à l’utilisation quasi systématique des anesthésies locorégionales (rachianesthésie), le syndrome de Mendelson est devenu extrêmement rare. Le recours à l’anesthésie générale est devenu très rare, représentant environ 4 % des cas de césariennes, selon l’Enquête nationale périnatale de 2021 (source). En effet, la mortalité associée à ce risque est si faible que réaliser des études comparatives sur l’alimentation des femmes en travail est quasiment impossible.
Aujourd’hui, la pratique du jeûne reste courante en cas d’anesthésie générale. Ceci dit, des situations d’urgence, comme celles rencontrées en cas d’accidents de voiture d’un couple sortant d’un dîner, montrent que des méthodes permettent aux patients d’être opérés, même avec un estomac plein.
Ces avancées ont poussé plusieurs équipes médicales, souvent soutenues par des sages-femmes, à remettre en question cette restriction et à préconiser une approche plus flexible concernant les apports liquides et, dans certains cas, solides pendant le travail.
Pourquoi boire et manger est-il important pendant le travail et l’accouchement ?
Accoucher est un effort physique monumental, qui exige une énergie considérable. Voici pourquoi :
- Pendant la phase de dilatation, la consommation d’oxygène augmente de 40 %, et lors des efforts expulsifs, elle grimpe à 75 %.
- Le corps fait face à un stress physiologique intense, marqué par une hausse des hormones comme le cortisol et l’adrénaline.
Témoignage :
« Moi, j’avais prévu du jus de pomme et des barres de céréales. Entre deux contractions au milieu de la nuit, je me suis sentie mal, et ces petites collations m’ont été indispensables ! Je n’ai même pas posé la question à l’équipe si je pouvais manger ou non. Comme ils ne restent pas tout le temps avec nous, si vous avez faim entre deux passages, mangez ! »
Sans apports énergétiques, le corps est contraint de puiser dans ses réserves, ce qui peut provoquer une fatigue accrue, une déshydratation et une baisse de l’efficacité des contractions. À l’inverse, des études ont montré que s’alimenter et s’hydrater pendant le travail peut réduire sa durée d’environ 16 minutes, sans augmenter le risque de complications (source).
Une revue Cochrane regroupant cinq essais randomisés auprès de femmes à faible risque n’a révélé aucune preuve de préjudice ni de bénéfice clair à boire ou manger pendant le travail. Il aurait été intéressant que ces études évaluent parallèlement la satisfaction des patientes car les résultats auraient probablement été éloquents.
Que disent les recommandations officielles sur le fait de boire et manger pendant l’accouchement ?
La Haute Autorité de Santé (HAS)
La HAS recommande de permettre aux femmes de boire pendant la première phase du travail, sauf contre-indication médicale. En 2017, elle déclarait :
« La consommation de liquides clairs (eau, thé ou café sans lait, sucrés ou non, boissons gazeuses ou non, jus de fruits sans pulpe) est autorisée pendant toute la durée du travail, y compris en post-partum immédiat, chez les patientes à faible risque d’anesthésie générale. »
Cependant, concernant les aliments solides :
- À décourager pendant le travail chez les femmes à risque.
- À envisager en petites quantités (biscuits, biscottes) pour les patientes à bas risque, en fonction de leur confort et de leurs besoins.
Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Depuis, l’OMS a recommandé de laisser les femmes manger léger et boire librement pendant le travail, sauf contre-indication médicale. Ces recommandations, issues de son guide sur la gestion de l’accouchement (2021), privilégient une approche basée sur les besoins individuels et le bien-être des femmes.
Que faire si votre maternité vous l’interdit ?
Il est important d’aborder cette question avec votre équipe médicale bien avant le jour J. Les protocoles varient d’une maternité à l’autre, mais si votre établissement applique des restrictions strictes, voici quelques conseils :
- Anticipez. Prenez un repas énergétique et digeste avant de partir à la maternité. Cela vous permettra d’aborder le début du travail avec des réserves.
- Préparez des encas légers. Glissez des options faciles à transporter, non périssables et facile à consommer dans votre valise de maternité, quels que soient les protocoles de l’établissement où vous accouchez. Cela servira toujours, pendant ou après l’accouchement, pour agrémenter les plateaux repas de la maternité.
- Discutez avec l’équipe médicale. N’hésitez pas à demander pourquoi ces interdictions sont en place et exprimez vos besoins. Bien que les recommandations puissent être strictes, il est rare qu’une sage-femme vous empêche de grignoter une poignée de fruits secs ou de boire une gorgée de jus si vous le demandez entre deux contractions.
- Prévoyez le nécessaire mais ne vous focalisez pas sur cet interdit (si tel est le cas). De nombreuses femmes enceintes expliquent qu’elles avaient prévu beaucoup de choses, mais qu’au final, elles n’ont pas eu envie de manger le jour J.
Témoignages :
« Pour mes accouchements, je n’ai même pas pensé à manger pendant le travail, j’étais trop nauséeuse. En revanche, j’avais prévu de quoi grignoter après, et heureusement ! Ayant accouché en pleine nuit, le mini plateau-repas de la maternité ne suffisait pas. J’étais ravie d’avoir mes snacks. »
“Lors de mon accouchement, j’avais adoré me préparer toutes sortes de petits plaisirs à glisser dans mon sac. D’ailleurs, comme le peigne, mes cartes de mantras, ça faisait parti des outils qui me rassurait. Finalement, le jour J, je n’en ai pas eu envie, ni besoin. Mais j’imagine que mentalement, ça m’a aidé de savoir que c’était là”.
Idées d’aliments à prévoir lors du travail et de l’accouchement
Voici quelques d’aliments à consommer avant et pendant l’accouchement :
Avant l’accouchement :
- Pâtes, riz ou céréales complètes
- Protéines légères (œufs, fromage, viande blanche)
- Fruits frais (bananes, clémentines) ou secs (raisins, amandes)
- Pain complet accompagné de purée d’amande ou d’un peu de miel
Pendant l’accouchement :
- Boissons vitalisantes comme le jus de pomme, eau de coco (avec paille pour que cela soit simple à boire)
- Fruits faciles à manger comme le raisin, les clémentines, des bananes, etc.
- Gourdes de compote.
- Barres énergétiques, biscuits, fruits secs, carrés de chocolat.
Ces aliments sont simples à transporter et à consommer, tout en vous assurant un boost d’énergie nécessaire.
Chaque accouchement est unique. Certaines femmes ressentent le besoin de boire ou de manger, d’autres non. Le plus important est de vous écouter et d’agir en fonction de vos envies et de vos besoins. Si vous ressentez qu’une restriction vous pèse ou semble excessive, n’hésitez pas à demander des explications et à initier le sujet avec votre équipe soignante, tout est toujours discutable. Cela peut faire parti des questions à poser lors de l’élaboration de votre projet de naissance.
Et vous, avez-vous pu boire ou manger lors de votre accouchement ? Partagez votre expérience pour inspirer, rassurer ou conseiller les futures mamans.
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