La rachianesthésie est la 2ème technique d’anesthésie loco-régionale utilisée en anesthésie obstétricale, après la péridurale. Tout comme la péridurale, elle permet d’endormir les nerfs sortant de la moelle épinière et d’anesthésier ainsi le ventre et les jambes pendant quelques heures. Quelles sont ses spécificités ? Comment se passe une rachianesthésie ? Réponses.
Qu’est-ce qu’une rachianesthésie ?
La rachianesthésie est une forme d’anesthésie locorégionale couramment utilisée en chirurgie, notamment pour les césariennes. Cette technique implique l’injection d’une solution anesthésique directement dans le liquide céphalo-rachidien. Contrairement à la péridurale, aucun cathéter n’est laissé en place après l’administration du médicament. Cette technique permet d’endormir la partie inférieure du corps.
Un des principaux avantages de la rachianesthésie est que son effet est quasi immédiat (dans les 5 à 10 minutes suivant l’injection). Le soulagement de la douleur dure entre 1h30 et 3 heures. Cette technique est particulièrement indiquée pour les césariennes, programmées ou non, ainsi que pour les révisions utérines et les délivrances artificielles, dans les cas où aucun cathéter de péridurale n’est déjà en place.
La rachianesthésie peut être considérée comme une alternative simplifiée à la péridurale, privilégiée pour son efficacité et sa fiabilité dans des contextes chirurgicaux spécifiques.
Comment se déroule une rachianesthésie ?
La rachianesthésie commence par la pose d’une intraveineuse sur le bras. Cela permet de faciliter l’administration de médicaments ou de fluides en cas de besoin. Ensuite, de la même manière que lors d’une péridurale, on vous demandera de vous positionner de manière à faciliter l’accès au bas du dos : soit en position assise, le dos courbé, soit allongée sur le côté. Ces positions permettent d’élargir l’espace entre les vertèbres et de réaliser la piqûre plus facilement.
La zone de ponction est désinfectée et une anesthésie locale est effectuée. L’anesthésiste introduit ensuite une fine aiguille entre deux vertèbres lombaires. Une fois l’analgésie injectée, l’aiguille est retirée. La piqûre n’est pas plus douloureuse que celle d’une prise de sang.
« Quand je suis entrée dans le bloc opératoire, la première chose que j’ai remarquée, c’est le froid intense ! Peu après, l’anesthésiste a fait son entrée. Ils m’ont équipée d’un tensiomètre, qui allait rester en place tout le long, et de plusieurs patchs connectés par des fils pour surveiller mon cœur. Ils m’ont ensuite fait m’asseoir et courber le dos pour la piqûre. L’injection par l’anesthésiste s’est faite sans douleur. En me recouchant, j’ai tout de suite ressenti l’effet de l’anesthésie : une sensation de chaleur envahissante et assez intense dans tout mon corps.«
En moins de dix minutes, l’acte chirurgical peut commencer car l’anesthésie fait effet très vite.
Généralement, une sensation de chaleur est ressentie avec des picotements qui s’étendent progressivement des jambes au ventre. La partie inférieure du corps devient lourde et insensible. L’anesthésie dure généralement entre une et trois heures. Avant de commencer l’opération, l’anesthésiste réalise des tests pour s’assurer que l’anesthésie fonctionne comme un jet froid ou la demande de lever votre jambe. La rachianesthésie permet de supprimer les ressentis de douleurs mais pas les tensions ou pressions.
« Je sens qu’il se passe plein de choses en bas. On dirait qu’ils remuent tout, mais sans aucune douleur. J’ai l’impression qu’ils fouillent dans mes entrailles, mais bizarrement, ça ne fait pas mal. En moins de 5 minutes, notre petite fille est là et j’entends son premier cri. Un immense soulagement m’envahit !«
Selon vos souhaits, vous pouvez bénéficier d’une légère sédation, écouter de la musique ou encore choisir ou de rester pleinement alerte et consciente pendant l’intervention. C’est vous qui choisissez.
« Le champ opératoire est en place, et l’anesthésiste vérifie l’efficacité de l’anesthésie avec un bloc de froid. La gynécologue commence l’incision, et on me demande de respirer profondément pour aider à la naissance de ma fille. Rapidement, on entend son premier cri, et je suis submergée d’émotions. On me la pose en peau à peau puis elle repart avec son papa le temps que la césarienne se termine. Je les retrouve en salle de réveil où j’ai pu donner la tétée d’accueil. J’ai adoré mon accouchement ! «
Il est important de communiquer à l’équipe soignante toute sensation de gêne ou de douleur.
Quelques minutes plus tard, on sort votre bébé. L’équipe médicale vous le présente et vous pouvez l’embrasser. Comme les blocs opératoires sont généralement frais, les premiers soins de votre bébé se déroulent à l’extérieur de la salle. Pendant ce temps, on vous recoud et vous serez accompagnée en salle de réveil pour surveiller votre réaction post-opératoire. Peu après, vous rejoindrez votre chambre et retrouverez votre famille.
« Dès la naissance de ma fille, ils me l’ont présentée et j’ai pu l’embrasser et l’admirer. Ensuite, ils l’ont emmenée pour ses premiers soins pendant qu’ils s’occupaient de me recoudre. Après cela, j’ai été conduite dans une salle d’observation pour vérifier que tout allait bien, pendant environ une heure. Une fois de retour dans ma chambre, j’ai patienté encore une trentaine de minutes avant qu’ils ne me ramènent mon petit trésor. «
Quelle est la différence entre une péridurale et une rachianesthésie ?
La péridurale et la rachianesthésie sont deux techniques “soeur” utilisées pour anesthésier la partie inférieure du corps, mais elles diffèrent dans leur approche et leurs effets.
La rachianesthésie implique l’injection d’un médicament anesthésique directement dans le liquide spinal qui entoure la moelle épinière, à l’intérieur de la dure-mère. L’espace dans lequel le médicament est injecté, l’espace rachidien, est plus profond que l’espace péridural.
L’espace rachidien contient le liquide spinal. Durant une rachianesthésie, l’aiguille traverse la dure-mère pour injecter l’anesthésique directement dans ce liquide. Après l’injection, l’aiguille est retirée. Contrairement à la péridurale, où l’anesthésique est injecté dans l’espace péridural à l’extérieur du sac de liquide, la rachianesthésie permet une action immédiate et nécessite des doses plus faibles du médicament, grâce à son injection directe dans le sac de liquide spinal.
La rachianesthésie provoque un engourdissement complet et une paralysie des jambes, avec perte totale de sensation de mouvement et de douleur dans la partie inférieure du corps. Son effet est immédiat, mais sa durée est limitée à environ deux heures, car aucun cathéter n’est laissé en place pour permettre des réinjections. Avec une péridurale, vous pouvez encore bouger les jambes mais la sensation de toucher est altérée.
Ainsi la principale différence entre ces deux techniques réside dans le lieu d’injection de l’anesthésique et dans les effets produits. La rachianesthésie offre un engourdissement plus profond et une immobilisation complète des jambes, mais avec une durée limitée et sans possibilité de réinjection. La péridurale, en revanche, permet une anesthésie plus modulable et continue, avec conservation d’une certaine mobilité des jambes.
Quels peuvent être les effets secondaires de la rachianesthésie ?
Comme toutes les techniques d’anesthésie, la rachianesthésie comporte certains risques d’effets secondaires et de complications.
L’hypotension est l’effet secondaire le plus courant de la rachianesthésie. Cette baisse de la tension artérielle peut provoquer des nausées voire des vomissements. Elle affecte 50 à 70% des femmes après l’anesthésie rachidienne. Pour y remédier, diverses mesures préventives non pharmacologiques, comme l’inclinaison latérale du bassin et l’utilisation de bas de contention, sont fréquemment adoptées.
Les maux de tête après une intervention chirurgicale peuvent avoir plusieurs origines, telles que les effets de l’anesthésie, la déshydratation, la faim, ou l’anxiété. Ces maux de tête (céphalées) sont généralement temporaires et s’améliorent en quelques heures. Cependant, un mal de tête intense et sévère peut se manifester spécifiquement après une rachianesthésie. S’il a tendance à s’aggraver en position assise ou debout et à s’atténuer en position allongée, il est recommandé de consulter. Cela pourrait être lié au syndrome de brèche dure-mère, une légère fuite du liquide céphalorachidien liée à la ponction. Cette complication est totalement réversible mais peut nécessiter une petite intervention.
Démangeaisons : cela peut être un effet secondaire de l’utilisation combinée de médicaments morphiniques et d’anesthésiques locaux. Si vous ressentez des démangeaisons, il est important d’en informer l’équipe soignante, car elles peuvent être traitées efficacement.
Rétention urinaire : La rachianesthésie peut temporairement affecter votre capacité à uriner tant que l’effet de l’anesthésie est présent (mais s’estompe ensuite). Dans certains cas, l’insertion temporaire d’une sonde urinaire peut être nécessaire. Il est important de noter que la fonction intestinale n’est pas concernée.
Complications nerveuses rares : les lésions nerveuses représentent une complication rare de la rachianesthésie. Les symptômes peuvent inclure une perte temporaire de sensation (paralysie), des fourmillements et parfois une faiblesse musculaire, durant quelques jours à quelques semaines. La majorité des cas connaissent une guérison complète avec le temps. Les lésions nerveuses permanentes sont extrêmement rares (1 sur 50 000).
“J’avais vraiment peur avant ma rachianesthésie car j’avais déjà eu des anesthésies générales et j’avais beaucoup souffert (nausées, vomissements, vertiges). Finalement, rien de tout ça ! Ça s’est très bien passé, aucun effet secondaire et j’ai même pu aller me doucher quelques heures après ma césarienne. “
Dans quel cas une rachianesthésie est-elle pratiquée ?
La rachianesthésie est fréquemment utilisée pour les césariennes, que ce soit pour des interventions programmées ou non, comme celles classées « code vert » (quand le délai décision-extraction doit être inférieur à 30 minutes) ou certaines « code orange », à condition qu’il n’y ait pas de contre-indications. Elle est préférée à l’anesthésie générale lorsque la césarienne est prévue ou qu’aucun cathéter péridural n’est en place.
L’avantage de la rachianesthésie est qu’elle permet à la mère de vivre pleinement la naissance de son enfant, tout en réduisant les risques associés à l’anesthésie générale.
En cas d’efficacité partielle de la rachianesthésie ou lors d’une césarienne prolongée (utérus multicicatriciel ou naissance de jumeaux), on peut procéder à une péri-rachianesthésie combinée. Cette technique implique l’insertion d’un cathéter péridural en complément de l’injection de rachianesthésie. Le cathéter permet l’administration continue d’anesthésique, prolongeant ainsi les effets de l’anesthésie initiale de la rachianesthésie. Cette approche assure une gestion plus flexible et durable de l’anesthésie pour les interventions plus longues ou complexes.
Quelles sont les contre-indications à la rachianesthésie ?
Avant d’effectuer une rachianesthésie, l’anesthésiste vérifie, lors de la consultation préanesthésique, que vous ne présentez pas de contre-indications à cette intervention. Ces contre-indications peuvent inclure des troubles de la coagulation, des pathologies de la moelle épinière, ou la présence d’une infection sévère. Une hernie discale ou des douleurs lombaires n’exclut pas la possibilité d’une rachianesthésie.
Dans les cas (très rares) où la rachianesthésie serait déconseillée, l’anesthésiste discutera avec vous d’autres options, telles que l’anesthésie générale.
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