Comment les hormones influencent-elles la grossesse ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 26 juillet 2023

Tout au long de notre vie, le corps produit une multitude d’hormones. Dès les premiers jours de grossesse, les hormones opèrent en secret afin de préparer le corps à cette grande transformation. Un bilan hormonal est d’ailleurs la méthode la plus sûre pour confirmer une grossesse. À quoi servent les différentes hormones de grossesse ? Quelles sont leurs fonctions ? Quels sont les effets secondaires des hormones de grossesse ? 

Quelles sont les hormones de grossesse ?

Les hormones jouent un rôle fondamental durant la grossesse, chacune ayant sa propre mission . Ainsi, c’est toute une armée de soldats qui va s’activer pour permettre à votre corps de faire grandir ce bébé.

Voici les principales hormones de grossesse, les fonctions qu’elles occupent mais aussi les changements physiques et psychiques dont elles sont parfois responsables. 

HormonesFonctionSymptômes associésQuand ?
hCG– Hormone produite uniquement durant la grossesse
– Elle permet d’augmenter la production d’oestrogènes et de progestérone 
– Augmentation du flux sanguin
Peut affecter le système immunitaire et rendre plus fragiles face aux infections
Nausées matinales
Éclat de grossesse (du à la hausse de sécrétion du sébum)
Premier trimestre de grossesse 
Oestrogènes– Permettent la croissance de l’utérus 
– Croissance du placenta
– Aident la muqueuse à accueillir l’embryon
– Apport sanguin vers les seins et la zone pelvienne  
Peuvent être responsables des masques de grossesse
Nausées matinales 
Changements d’humeur
Production élevée durant toute la grossesse puis taux qui chute rapidement après la naissance (baby blues)
Progestérone– Brûlures d’estomac, inconfort digestif, saignements des gencives
– Fatigue 
– Nausées
– Éclat de grossesse (du à la hausse de sécrétion du sébum)
Humeurs
Production élevée durant toute la grossesse puis taux qui chute rapidement après la naissance (baby blues)
Relaxine– Aide à détendre les muscles et les ligaments en vue de l’accouchement
– Modifie la forme et la taille du col de l’utérus
– Brûlures d’estomac
– Sensation de  déséquilibre 
– Douleurs dans la région pelvienne
Pic au 1er trimestre puis pendant l’accouchement
HLP (hormone lactogène placentaire)– Participe à la croissance foetale
– Permet une insulinorésistance rendant le glucose plus longtemps disponible dans le sang 
– Stimule la montée laiteuse (et la fabrication du colostrum)
– Augmentation du volume des seins
– Diabète gestationnel
Apparition dès le 13e jour de la grossesse.
Elle disparaît dès la naissance. 
Ocytocine– Lien d’attachement avec son bébé
– Déclenche les contractions
– Stimule l’écoulement du lait 
– Euphorie pendant l’accouchement et la naissance Troisième trimestre, accouchement, post-accouchement
Prolactine– Permet d’activer la production du lait – Augmentation du volume des seinsTroisième trimestre, post-accouchement

La HCG (gonadotrophine chorionique humaine) : première hormone de grossesse

La hCG (gonadotrophine chorionique humaine) est considérée comme l’Hormone de grossesse, car on ne la retrouve que chez les femmes enceintes. Elle peut être détectée dès 8 jours après la conception par une prise de sang. Si le taux d’hormone d’Hcg est faible lors de la prise de sang, il est recommandé de répéter le test 48h plus tard, car durant les premières semaines, le taux d’hCG double tous les deux jours. Cela permet de vérifier la progression de la courbe et de confirmer la grossesse.

Cette hormone est présente dès les premiers jours de la grossesse. Elle est produite par le trophoblaste, le futur placenta. Son niveau atteint son apogée entre la semaine 7 et 12 de grossesse, puis commence à diminuer progressivement.

La hCG permet de prévenir le corps de ne plus produire d’ovaires, mais de concentrer son énergie sur la production d’oestrogènes et de progestérone, nécessaires à l’implantation de l’oeuf dans l’utérus. De même, elle permet de maintenir en activité le corps jaune.

Cette hormone peut être à l’origine de certains désagréments comme les nausées matinales et les éventuels vomissements des premières semaines de grossesse. La hCG peut également affecter le système immunitaire, rendant plus vulnérable aux grippes et aux rhumes. Sa production augmentera tout au long du premier trimestre jusqu’à diminuer vers la semaine 15. Généralement, la baisse d’hCG signe la fin des nausées chez les futures mamans.

Le taux d’hCG fait partie des marqueurs sériques utilisés pour calculer le risque de trisomie 21, en combinaison avec l’âge maternel et le test de la clarté nucale. Lorsqu’un foetus présente un risque d’altération chromosomique, le taux d’hCG est au-dessus de la courbe habituelle.

Les œstrogènes et la progestérone : hormones clés de la grossesse

Les oestrogènes et la progestérone sont les deux hormones féminines par excellence. Elles aident l’œuf à s’implanter dans la muqueuse utérine. L’augmentation du taux de ces deux hormones durant la grossesse permet d’arrêter les menstruations et de faire grandir le placenta. Elles chutent fortement après la naissance, pouvant provoquer un certain baby blues (chute d’hormones + fatigue).

Les œstrogènes sont d’abord produites par les ovaires puis par le placenta. Elles aident à la croissance de l’utérus et au développement des organes du futur bébé. Ces hormones peuvent stimuler la production de mélanine, ce qui peut entraîner une sur-pigmentation et, par conséquent, l’apparition de taches sombres sur le visage. On appelle ce phénomène le masque de grossesse. On recommande donc aux femmes enceintes de se protéger fortement du soleil pendant toute leur grossesse.

La progestérone joue un rôle crucial dans la préparation de l’utérus pendant la grossesse en épaississant les parois de l’utérus et en inhibant les contractions utérines jusqu’au moment de l’accouchement. À la toute fin de la grossesse, le taux de progestérone chute. Cela permet de libérer les récepteurs d’ocytocine afin que cette dernière puisse s’y déposer.

L’augmentation du taux de progestérone durant la grossesse est parfois responsable de fatigue et d’un ralentissement digestif pouvant entraîner des épisodes de constipation. 

Le rôle de la relaxine durant la grossesse

Comme son nom l’indique, la relaxine aide à détendre les muscles, les articulations mais aussi les ligaments en vue de l’accouchement. La relaxine modifie également la forme et la taille du col de l’utérus. C’est ce mécanisme d’articulations qui peut parfois vous procurer un sentiment de déséquilibre lorsque vous êtes debout.

À quoi sert l’hormone lactogène placentaire (HLP) ?

L’hormone lactogène placentaire (HLP) est fabriquée par le placenta et a plusieurs rôles importants pendant la grossesse :

  • Fournir du fer au bébé : L’HLP a pour mission de fournir du fer au fœtus, contribuant ainsi à son développement.
  • Similitudes avec la prolactine : L’HLP présente de nombreuses similitudes avec la prolactine, une autre hormone impliquée dans la lactation. Elle permet, entre autre, d’augmenter le volume des seins de la future maman en vue de l’allaitement.
  • Fabrication du colostrum : L’HLP est responsable de la production du colostrum, le premier lait maternel extrêmement riche en graisse et en anticorps. Ce colostrum est le premier liquide qui sortira des seins de la maman. Il est extrêmement concentré en nutriments et en défenses immunitaires. De fait, une très faible quantité suffit à apporter au bébé toute l’énergie nécessaire à ses premières heures.
  • Nourrir le fœtus : L’HLP joue également un rôle dans la nutrition du fœtus en assurant un approvisionnement continu en nutriments.
  • Modification du métabolisme maternel : L’HLP est responsable d’une plus grande résistance à l’insuline chez la future mère. Cela signifie que l’absorption du sucre se fait plus lentement, offrant ainsi une disponibilité prolongée du glucose au bébé. En contrepartie, la femme enceinte va utiliser les acides gras comme comme première source d’énergie afin de laisser le glucose disponible plus longtemps. Cette insulinorésistance peut parfois entraîner un diabète gestationnel.

En cas de grossesse multiple, les taux d’HLP sont généralement plus élevés. Cela s’explique assez naturellement par le fait que plusieurs foetus nécessitent d’être alimentés.

L’ocytocine : l’hormone de l’amour présente dès la grossesse

L’ocytocine est surtout connue pour provoquer les contractions mais est essentielle durant toute la grossesse. Appelée l’hormone de l’amour, elle contribue à créer le lien d’attachement envers votre bébé. Son pic de production se fera au moment de la naissance puis durant les périodes d’allaitement.

C’est une hormone qui s’auto-amplifie, il faut donc la chouchouter. Elle est sécrétée dans les moments heureux, lorsqu’on se sent en sécurité et apaisée.

La prolactine durant la grossesse

La prolactine, comme son nom l’indique, est l’hormone clé de la lactation. Elle permet aux seins de se développer et de produire du lait. C’est la stimulation et l’extraction du lait qui va maintenir la fabrication. Grâce à cela, les femmes qui ne souhaitent pas allaiter ne produisent plus, l’allaitement cesse naturellement.

En plus de son rôle dans l’allaitement, la prolactine est également l’hormone du maternage. Des chercheurs avancent l’hypothèse qu’elle pourrait influencer l’instinct de nidification, parfois observé par les femmes enceintes en fin de grossesse.

La prolactine peut occasionnellement entraîner l’apparition de duvet de poils à des endroits inhabituels comme le visage ou le ventre. Heureusement, ce duvet disparaît généralement dans les semaines qui suivent l’accouchement.

Si la maman allaite, les taux de prolactine resteront élevés après la naissance pour soutenir la production continue de lait. Dans le cas contraire, le taux de prolactine diminuera considérablement dès la naissance.

Quel taux d’HCG permet de confirmer une grossesse ?

La hCG est une hormone produite uniquement durant la grossesse. Elle est présente dans le sang et les urines dès les premiers jours. C’est pourquoi, c’est elle qu’on regarde pour confirmer que le test de grossesse (urinaire ou test salivaire) est valide.

Le taux d’Hcg baisse considérablement autour de la semaine 15. Le placenta prend le relai de production de la progestérone. C’est souvent le moment où les premiers maux de grossesse (nausées, fatigue) s’estompent voire disparaissent complètement.

Voici un tableau présentant les taux de l’hormone de grossesse (hCG) au cours des premiers mois :  

Semaine d’aménorrhée Taux d’hCG (mIU/mL)
Absence de grossesseinférieur à 5 
35 – 50
45 – 426
518 – 7,340
61,080 – 56,500
7 – 87,650 – 229,000
9 – 1225,700 – 288,000
13 – 1613,300 – 254,000
17 – 244,060 – 165,400
24 – 403,640 – 117,000

Ces chiffres ne sont que des indications – le niveau d’hCG varie selon chaque femme enceinte. Ce n’est pas tant le taux d’hCG qui est important, mais plutôt sa variation du niveau au fil du temps.

Quel est l’impact des hormones de grossesse sur l’humeur ? 

Lorsqu’une femme tombe enceinte, son corps entreprend des changements hormonaux pour soutenir et maintenir la grossesse. Cela entraîne notamment une augmentation des niveaux d’œstrogène et de progestérone dans son sang. Si ces hormones sont essentielles au bon développement du bébé, elles peuvent perturber l’équilibre émotionnel de la future maman.

En plus des nausées et de la fatigue, il est fréquent de ressentir des sautes d’humeur, des larmes ou de l’irritabilité, en particulier durant le premier trimestre de grossesse. Ces changements hormonaux font partie intégrante du processus de grossesse. Même si ce n’est pas agréable, il n’est pas justifié de se sentir coupable de ces mouvements d’humeur. Ce n’est pas de votre faute et, rassurez-vous, votre bébé n’en sera pas impacté.

Il peut être important d’expliquer à son partenaire ces changements hormonaux afin de l’aider à passer cette période sans se sentir trop démuni.

Outre les hormones, il convient de reconnaître que la grossesse est un tsunami d’émotions. Entre joie et appréhension, notre tête a ses raisons de se sentir un peu dépassée. Patience et indulgence sont nécessaires !

Fille ou garçon : les hormones de grossesse permettent-elles de le déterminer ?

Une étude israélienne portant sur 347 femmes a révélé que le taux d’hCG (hormone chorionique gonadotrope) détecté au cours des trois premières semaines de grossesse était plus élevé en cas de fille que de garçon. Cependant, cet  échantillon est trop restreint pour pouvoir en tirer une conclusion scientifique solide. De plus, on sait que d’autres facteurs sont déterminants quant au sexe du futur bébé.

Quand apparaissent les hormones de grossesse ?

Les hormones de grossesse, notamment l’hCG, commencent à apparaître environ 6 à 9 jours après la conception, suite à l’implantation de l’ovule fécondé dans l’utérus.

Quel est le taux d’hCG (hormone de grossesse) à 3 semaines ?

Le taux d’hCG a 3 semaines est compris entre 5 et 50 mlU/ml (5000 et 50 000 Ul/L) La fourchette est importante car c’est plus la progression (elle doit doubler toutes les 48h environ) qui compte que le taux.

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