Le gaz hilarant : efficace pour gérer la douleur pendant l’accouchement ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 28 février 2024

Différentes solutions existent pour diminuer les douleurs de l’accouchement. Parmi elles, le gaz hilarant ou protoxyde d’azote. Très utilisé en Grande-Bretagne et dans les pays nordiques, il est moins connu en France. Quels sont les effets du gaz hilarant durant l’accouchement ? Y a-t-il des risques ? Réponses ! 

Comment est utilisé le gaz hilarant durant les accouchements ? 

L’utilisation de substance inhalatoire durant l’accouchement remonte au XIXe siècle. L’administration de chloroforme fut rendue célèbre par la reine Victoria. L’éther fut également utilisé à cette période. Tous deux ont été rapidement abandonnés tant les conséquences sur le bébé étaient notables. 

Aujourd’hui, seul le gaz hilarant est proposé pour soulager les douleurs des contractions. 

Il est composé d’un mélange de protoxyde d’azote (n20) et d’oxygène. Le protoxyde d’azote est un gaz connu pour modifier la voix. Utilisé en association avec de l’oxygène, cela réduit considérablement sa concentration et il devient sans danger.  

Le gaz hilarant est contenu dans des bombonnes et s’administre à l’aide d’un masque nasal ou d’un embout buccal. La meilleure façon de l’utiliser est de le positionner sur son nez dès qu’une contraction arrive et d’inhaler tout du long puis de le retirer lorsque la contraction est passée. Cela permet de bien cibler l’effet analgésiant. Une fois le masque retiré, les effets s’estompent dans la minute qui suit. 

Quels sont les effets du gaz hilarant sur la douleur des contractions ? 

Contrairement à la péridurale, le gaz hilarant n’endort pas une partie du corps. Son effet est avant tout analgésique et anxiolytique : il permet d’atténuer la sensation de douleur et d’aider à se détendre. 

L’efficacité et les effets ressentis sont très personnels. L’auto-administration permet de doser à sa convenance. Plus vous respirerez de manière rapide et courte, plus la quantité de gaz inhalée (et son action) sera importante. 

Voici les avantages de l’utilisation du gaz hilarant durant l’accouchement : 

  • il a un effet sédatif sur la douleur des contractions
  • il est simple d’administration et ne nécessite pas de cathéter 
  • il permet une réduction de l’anxiété de la parturiente (future maman)
  • il offre une alternative à celles qui souhaitent éviter une méthode médicamenteuse (péridurale)
  • il est rapidement éliminé par l’organisme
  • il n’existe pas d’études démontrant des effets négatifs sur la mère ou le bébé 
  • il peut être utilisé à n’importe quelle étape du travail (voire même en post-accouchement en cas de déchirure par exemple)
  • il permet de garder une liberté de mouvement
  • il peut aider à maintenir une respiration profonde et rythmée
  • l’effet se dissipe à la demande
  • il ne perturbe pas la libération d’ocytocine 
  • il est peu coûteux 

Ainsi, le gaz hilarant peut apparaître comme une solution intéressante en cas de besoin, que cela soit pour diminuer le ressenti des contractions ou pour se détendre. Cependant, il présente également des inconvénients qu’il convient d’énoncer.

Accouchement : quels sont les inconvénients du gaz hilarant ? 

Le principal inconvénient du gaz hilarant est que ses effets et son efficacité sont très variables d’une femme à l’autre. Certaines femmes ne le tolèrent pas du tout et vont rapidement ressentir des vertiges ou des nausées. D’autres ne vont ressentir aucun effet bénéfique sur la douleur. 

De même, il peut provoquer parfois des bourdonnements dans les oreilles, la sensation d’avoir la langue très sèche ou des vomissements. 

Son effet anxiolytique peut également être mal vécu avec une sensation de somnolence (effet “groggy”) ou provoquer des confusions voire une altération de la mémoire. Cette impression de détachement peut être très désagréable, tout comme la présence du masque qui peut parfois déranger. 

Enfin, il faut savoir qu’il n’est pas encore disponible dans toutes les maternités. Il nécessite un équipement spécial pour réaliser le mélange et du personnel formé à son utilisation. De ce fait, si vous souhaitez avoir cette alternative disponible, renseignez-vous au préalable auprès de votre lieu de naissance pour ne pas avoir de mauvaises surprises le jour J. 

Il est impossible de prévoir à l’avance ce dont on aura besoin le jour de l’accouchement. Connaître l’existence de ce gaz vous permet d’avoir un outil supplémentaire en cas de besoin. Si vous ressentez des effets indésirables ou inexistants, vous aurez tout le loisir de le retirer et de revenir à votre état “sans”. 

Le gaz hilarant présente-t-il des contre-indications pour certaines femmes enceintes ? 

L’utilisation du gaz hilarant durant l’accouchement peut être déconseillé dans certains cas. Selon votre dossier médical, on pourrait ne pas vous le proposer. Voici certaines pathologies pouvant justifier une contre-indication au protoxyde d’azote : 

  • En cas de déficit en vitamine b12 (car cela peut renforcer le risque de carence). Si vous avez une nourriture exclusivement végétalienne, cela pourrait être à surveiller. 
  • Maladie cardio-vasculaire ou coronarienne 
  • Maladies neurologiques 
  • Hypotension artérielle 

Ces contre-indications ont une portée générale et ne sont pas en mesure de déterminer si l’utilisation du gaz hilarant est possible ou non pendant l’accouchement. Il est impératif d’avoir l’avis d’un professionnel de la santé.

Accouchement sous gaz hilarant : témoignages 

“Je l’ai eu pour mon premier et très mauvais souvenir. J’ai comme « quitté mon corps » mais on ne m’avait pas expliqué comment l’utiliser

Pour mon troisième je l’ai eu aussi juste avant la phase de désespérance et me concentrer dessus m’a aidé. Par contre je ne sais pas si ça m’a vraiment aidé pour la douleur.”

“Moi j’ai accouché avec le gaz et franchement au top, ça soulage pas mal. Et puis tu peux contrôler comme tu veux et quand tu enlèves le masque tu n’as plus aucun effet.”

“Ma sage femme me l’a proposé car je réclamait la péridurale, et surtout je n’arrivais pas à entrer dans ma bulle et me détendre entre les contractions. Cela m’a énormément aidé, grâce à ça et aux mots hypnotisants de ma sage femme et de mon mari, je suis allée dans un autre monde et je me détendais parfaitement pendant les contractions. Le début peut paraître étrange car on a l’impression de tomber dans les vapes, mais il faut avoir confiance et se laisser aller ! Et puis au bout de quelques minutes, on se sent bien et légère. 

Chacun réagit très différemment à ce gaz, mais voilà comment moi je l’ai ressenti ! En cas de doute ou de peur, l’élimination est très rapide et en quelques secondes l’effet disparaît.”

“Je l’ai eu pour ma première.

J’étais là sans pouvoir réagir (je ressentais tout, j’entendais tout, etc.. mais trop molle pour pouvoir faire quelque chose).

Je l’avais eu avant la poussée et pour recoudre mon épisiotomie.

J’ai préféré m’en passer pour mon deuxième.”

“Testé durant 2-3 contractions et c’ était l horreur : visage qui picote, oreilles qui bourdonnent, nausées… tout ça avec la douleur des contractions qui reste bel et bien là. exactement comme si je faisais une chute de tension !

J’ai balancé le masque à mon homme qui lui à trouvé ça hilarant.”

“Les sages femmes me l’ont proposé en pleine phase de désespérance, personnellement je n’ai absolument pas senti la différence hormis que le fait d’avoir un truc plaqué sur le visage avait tendance à me faire paniquer car j’avais l’impression de ne pas pouvoir respirer comme je voulais. Je ne referai pas….”

“Ça m’a aidé pour la douleur, ça l’a rendue plus supportable. Par contre, j’ai quasiment tout oublié de mon accouchement et des heures qui suivent et ça c’est vraiment un gros gros point négatif.”

“Moi ça m’a vraiment aidé à me détendre. Je suis passée de 5 à dilatation complète en 30 minutes et je reste persuadée que le gaz a aidé ! Je n’aurais pas tenu sans ! J’étais un peu dans les vapes mais je me souviens de tout. Et tu gères comme bon te semble. 

Mais chacune semble y réagir différemment donc je pense que le mieux est de se laisser la possibilité de tester si le besoin s’en fait ressentir !”

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