Comment se passe une version par manoeuvre externe (VME) ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 26 janvier 2024

La version par manoeuvre externe est une intervention qui a lieu en fin de grossesse, dans le cas où le bébé ne se serait pas retourné de lui-même. Comment procède-t-on pour la VME ? Est-ce que c’est douloureux ? Quelles sont les étapes de cette manoeuvre ? Réponses !

En quoi consiste la version par manoeuvre externe ?

La version par manœuvre externe (VME) est une technique obstétricale qui consiste à tenter de retourner un bébé se présentant par le siège (fesses en bas) pour qu’il adopte une position céphalique (tête en bas). La rotation du bébé est incitée par de légers mouvements de pression directement sur le ventre de la maman. 

On recommande de pratiquer une VME entre la 36e et la 37e semaine de grossesse car la quantité de liquide amniotique est encore importante et le bébé suffisamment haut. Cela augmente les chances de réussite. De même, de nombreux bébés se retournent spontanément jusqu’à la 36 ou 37 SA ce qui permet de leur laisser le temps de se retourner naturellement d’eux-mêmes. 

La version par manœuvre externe présente un taux de réussite d’environ 50 %. 

Pourquoi envisager une version par manœuvre externe ? 

La version par manœuvre externe (VME) permet de réduire le nombre d’accouchements en présentation du siège et, par conséquent, diminue le taux de césariennes. En cas de réussite de la VME, les chances d’accouchement naturel sont comparables à celles d’une présentation céphalique normale.

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’ailleurs d’avoir recours à la version par manœuvre externe (VME) au vu du faible taux de risque associé (à condition qu’aucune autre contre-indication à un accouchement par voie basse ne soit identifiée).

« Bébé en siège tout au long de la grossesse. 15 jours avant le terme, le gynécologue veut m’hospitaliser pour me déclencher le soir même, car bébé en siège, plus de liquide, bassin étroit et peur d’un gros bébé (mon premier pesait 4 kg 910). Il est 19 h. J’arrive à repousser le déclenchement au lendemain à 6 h pour que mon conjoint soit là. On m’installe dans ma chambre et là, tout va très vite : le travail se déclenche naturellement avec des contractions fortes et rapprochées. 2h plus part, mon bébé est là ! Je ne sais pas s’il a senti que le temps pressait mais je suis contente d’avoir échappé au déclenchement ! »

Comment se déroule une VME ? 

La VME se déroule à la maternité, généralement le matin car vous devez être à jeun. L’obstétricien commence par effectuer une échographie pour confirmer la position en siège de votre bébé. Il arrive que certains bébés se soient retournés entre la décision de la VME et la prise de rendez-vous. Si c’est le cas, bonne nouvelle, vous pourrez rentrer chez vous. 

Si votre bébé est toujours en siège, on vous demandera d’enfiler une blouse d’hôpital et de retirer vos bijoux.  Pour veiller au bien-être de votre bébé, une sage-femme mettra en place un monitoring fœtal et vous posera une perfusion. L’administration d’un médicament relaxant l’utérus peut être proposé quelques minutes avant l’intervention pour faciliter la rotation de l’enfant. Parfois, un tocolytique (traitement qui permet de diminuer les contractions durant la version) peut être utilisé.

Lors de la VME, vous serez allongée sur le dos, les jambes légèrement fléchies. Le professionnel de santé exerce une pression douce mais ferme sur votre abdomen pour faire pivoter votre bébé. Cette manœuvre, qui dure généralement 5 minutes, peut être tentée deux fois. Elle peut être source d’inconfort mais rarement de douleur. 

Cette intervention est totalement indolore pour votre bébé mais il peut être surpris de ce mouvement soudain. Le monitoring fœtal permet de s’assurer qu’il réagit bien à la manipulation. Si son rythme cardiaque s’accélère de façon anormale, la manipulation sera stoppée. Même chose si elle est trop inconfortable pour vous. 

Après la VME, le protocole veut que vous restiez sous surveillance pendant environ une heure, avec un suivi du rythme cardiaque de votre bébé et une prise de sang pour s’assurer que tout va bien. Si vous êtes de groupe sanguin Rhésus négatif, une injection d’immunoglobulines anti D vous sera administrée pour éviter une incompatibilité sanguine. Puis vous pourrez rentrer chez vous. 

Généralement, un nouveau contrôle du rythme cardiaque de votre bébé et de sa position sera effectué quelques jours plus tard pour s’assurer que tout va bien et qu’il a conservé sa position (c’est ce qui se passe dans 95 % des cas). Sinon, une nouvelle VME pourra être envisagée. 

Que faire en cas d’échec de la VME ? 

En cas d’échec de la version, une nouvelle tentative pourra être programmée dans les jours suivants. Votre obstétricien vous présentera également les différentes options pour votre accouchement. Il est possible qu’une radiopelvimétrie soit nécessaire pour évaluer la taille de votre bassin et estimer si un accouchement par voie basse est envisageable. 

Qu’est-ce qui favorise la réussite d’une VME ? 

Certains facteurs peuvent augmenter les chances de réussite de la version. Les femmes ayant déjà eu des enfants (multiparité) ont souvent plus de chances de réussir une VME (car leur paroi abdominale est plus souple car a déjà été étirée lors d’une grossesse précédente). De même, le fait que la tête du fœtus soit palpable ou que votre bébé se présente en siège complet augmentent les chances de réussite.  

Enfin, la position du placenta (en postérieur) et une quantité suffisante de liquide amniotique sont des facteurs positifs, car cela donne plus de place au bébé pour bouger pendant la procédure.

Quelles sont les contre-indications à une version par manœuvre externe ? 

Certaines situations rendent la version par manœuvre externe déconseillée car elles présentent un risque d’échec ou de complications trop élevées. 

Concernant les contre-indications absolues à la VME, celles-ci incluent : 

  • une césarienne programmée pour une autre raison 
  • une insuffisance sévère de liquide amniotique
  • un épisode hémorragique pendant la grossesse
  • la rupture de la poche des eaux
  • présentation du siège en mode des pieds (une jambe relevée et l’autre pliée)
  • une grossesse gémellaire (à moins que ce ne soit le deuxième bébé qui nécessite une VME et que cette dernière puisse être envisagée après la naissance du premier). 

Le poids du bébé peut aussi être un critère d’exclusion si ce dernier est inférieur à 2,5 kg ou supérieur à 4 kg. Cependant, le taux d’erreur de cette mesure rend cette contre-indication plus relative. 

D’autres contre-indications sont plus relatives. Cela veut dire qu’elles n’empêchent pas de tester une VME mais les chances de réussite sont moindres : 

  • quantité de liquide amniotique légèrement insuffisante (oligoamnios léger)
  • tête du bébé en hyper extension (il regarde vers le haut plutôt que d’avoir le menton rentré)
  • utérus avec 2 cicatrices minimum 
  • utérus avec une malformation qui en change la forme 
  • le travail a déjà commencé de manière actif 

Par ailleurs, il est intéressant de rappeler que la Haute Autorité de Santé a statué sur le fait qu’en cas d’antécédent de césarienne (utérus cicatriciel), il n’y avait pas de raison de contre-indiquer la VME (source). Plusieurs études ont montré que la VME sur utérus cicatriciel ne présentait pas de risque supplémentaire. 

Quels sont les risques de la version par manœuvre externe ? 

La survenue de complications sévères suite à une VME est extrêmement rare. On estime que 99 % des versions n’entraînent aucun risque pour la maman et le bébé. 

Pendant la VME, il est fréquent d’observer un ralentissement temporaire du rythme cardiaque de votre bébé. C’est une réaction directe à un mouvement inattendu pour lui, mais dans la majorité des cas, le rythme se rétablit rapidement après la procédure. Dans de rares cas (environ 0,5%), si le rythme cardiaque ne se rétablit pas, une césarienne peut être nécessaire.

Ces risques incluent le décollement placentaire, la rupture accidentelle des membranes, et le déclenchement involontaire du travail. C’est pourquoi la VME est généralement effectuée autour de 36 ou 37 SA, afin d’éloigner le risque d’une naissance prématurée. De même, après la VME, un contrôle du rythme cardiaque fœtal est réalisé avant votre départ et généralement 24 heures après la version pour s’assurer que votre bébé va bien. 

Ces risques, bien que faibles, sont importants à connaître pour vous aider à prendre une décision éclairée quant à la réalisation d’une VME. Il est également essentiel de les mettre en perspective avec ceux associés à une césarienne. 

Quel accouchement après une VME ?

En cas de VME réussie, le risque que votre bébé revienne en présentation du siège est d’environ 5 %. Si cela se présente, il est possible de retenter une version par manœuvre externe. Parfois, une VME peut même être proposée pendant le travail si les conditions le permettent, notamment si les membranes sont intactes et si le siège n’est pas engagé. 

« J’ai eu une tentative de version à 37 SA pour ma deuxième grossesse. Elle n’a pas fonctionné, mais cela n’a pas été douloureux. J’ai finalement accouché par voie basse, en siège. Je suis à nouveau enceinte et, si bébé devait à nouveau être en siège, je retenterais la version. »

Si la VME échoue ou si votre enfant revient en position de siège, il vous faudra considérer soit un accouchement par voie basse en siège, soit une césarienne programmée. Certains critères comme la dimension de votre bassin, le poids estimé de votre bébé ou encore vos antécédents obstétricaux peuvent rendre une option plus souhaitable. Il est important que vous soyez pleinement impliquée dans cette décision. Votre équipe médicale prendra en compte vos préférences et vos inquiétudes concernant chacune des options pour vous aider à faire un choix éclairé et adapté à votre situation.

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