Comme tout processus physiologique, l’accouchement repose sur un équilibre délicat, orchestré par les hormones, et qu’il est préférable de préserver pour en faciliter le déroulement. Bien que l’hôpital offre un environnement sécurisant pour les naissances, certains protocoles ou habitudes peuvent parfois perturber cette harmonie naturelle.
Le stress et la peur
Le stress et la peur sont parmi les plus grands freins à un accouchement naturel. Cette anxiété peut se manifester physiquement par une tension musculaire, qui rend le travail plus difficile en amplifiant la douleur. Lorsqu’il y a de la peur, le corps se crispe, ce qui le rend moins réceptif aux contractions et peut altérer leur efficacité. En effet, l’accouchement est un processus d’ouverture : il nécessite un état de relâchement et d’abandon qui se complique dans un climat de tension et de résistance.
En cas de peur intense, le corps libère de l’adrénaline, l’hormone dite « de la fuite ». Celle-ci agit en opposition à l’ocytocine, celle responsable des contractions, et peut avoir comme effet un ralentissement du travail voire un arrêt. Cet état d’alerte détourne l’énergie du corps de l’accouchement, et peut entraver le processus physiologique.
Conseils : Pour combattre la peur, il est essentiel de comprendre d’où elle vient. Si vous avez grandi entourée de récits d’accouchements difficiles, vécu une expérience compliquée, ou ressentez une peur de l’inconnu, il est primordial d’aborder ces angoisses en amont. Parler de vos craintes, les comprendre et les exprimer favorise un climat de confiance et d’apaisement. N’hésitez pas à vous faire accompagner par une doula ou un professionnel de santé afin de travailler sur ces peurs et réussir à les surmonter.
L’environnement
L’environnement dans lequel se déroule l’accouchement a un impact direct sur la capacité de la maman à se détendre et à se connecter avec sa force intérieure. Un lieu bruyant, trop éclairé ou fortement médicalisé peut briser la « bulle » de sécurité qui favorise l’instinct de concentration et le ressenti des sensations. De plus, avoir froid ou se sentir observée peut provoquer un sentiment d’alerte et nuire à la capacité de s’abandonner aux contractions.
En milieu hospitalier, l’environnement offre à la fois sécurité et défis. Les interruptions fréquentes du personnels ou les bruits ambiants typiques de l’hôpital peuvent déranger la maman et la déranger dans l’expérience intime de la naissance. Pour que l’environnement hospitalier reste un allié et non un frein, de nombreux établissements sont sensibilisés à ces besoins physiologiques. De plus en plus de maternités proposent des « salles nature« , alliant sécurité et cadre favorable à la physiologie pour accompagner les futures mamans dans un espace rassurant.
Conseils : N’hésitez pas à visiter les lieux avant le jour de l’accouchement pour vous familiariser avec l’espace et anticiper les aménagements possibles. Renseignez-vous également sur les installations qui seront à votre disposition, comme des ballons, lianes, ou tapis. Personnaliser l’espace peut aussi vous aider à vous sentir en confiance : apportez de petites lumières LED, des photos de vos proches ou une playlist apaisante. Ces petits détails peuvent suffire à vous faire sentir dans un environnement familier et propice, même dans un cadre hospitalier.
Le projet de naissance
Un projet de naissance axé uniquement sur les interventions médicales à éviter peut parfois créer une impression de confrontation avec l’équipe médicale, rendant la collaboration plus complexe. De même, un projet trop rigide peut générer de la frustration, car l’accouchement comporte toujours une part d’imprévu.
Cela peut ainsi entraîner des déceptions et nuire à l’expérience globale. Il est important d’accepter que tout ne se passe pas forcément comme prévu et de se concentrer sur ce qui compte réellement pour soi, plutôt que de lister uniquement ce que l’on ne souhaite pas. En effet, aucun professionnel de santé n’envisage d’emblée des interventions comme une césarienne d’urgence ou une épisiotomie. Cela ne semble pas nécessaire de leur spécifier.
En revanche, des demandes claires, comme celle d’être informée et impliquée dans chaque intervention nécessaire, ou de favoriser le respect de votre intimité, sont des points concrets qui peuvent guider l’équipe. Par exemple, vous pouvez demander à ce qu’on vous propose des positions si le travail stagne, ou qu’on explique les procédures à votre partenaire.
Conseils : Dans votre projet de naissance, concentrez-vous sur les éléments qui vous tiennent le plus à cœur, tout en restant ouverte aux imprévus. Formuler des demandes respectueuses et claires permet d’inviter l’équipe médicale à vous accompagner selon vos choix essentiels. Cela favorise aussi votre rôle actif dans l’accouchement, renforçant votre sentiment d’être écoutée et respectée.
Le manque d’informations
Un manque d’information sur le processus naturel de l’accouchement peut créer de l’anxiété et un sentiment de perte de contrôle, entravant l’expérience. En revanche, une bonne connaissance des étapes de l’accouchement, des outils de gestion de la douleur, et des interventions possibles permet de se sentir plus autonome et préparée. Ignorer les processus physiologiques de l’accouchement peut rendre les sensations plus effrayantes, alors que comprendre ces étapes aide à réduire la peur et le stress si des interventions deviennent nécessaires.
L’accouchement comporte certes des inconnues, mais le processus suit toujours un même enchaînement. Bien que votre réaction aux contractions soit imprévisible, savoir que chaque phase est normale et attendue aide à gérer plus sereinement le travail et à éviter que le « grand plongeon » ne paraisse vertigineux. En étant informée, vous et votre partenaire pourrez vivre l’expérience en confiance, sans craindre que ce qui vous arrive soit anormal.
Conseils : Renseignez-vous autant que possible sur le déroulement de l’accouchement et les moyens naturels de gestion de la douleur (positions, respiration, bains chauds, etc.). Connaître vos options et comprendre les étapes vous rendront plus confiante et préparée. Pour approfondir, n’hésitez pas à consulter des ressources complémentaires, comme notre ebook dédié à l’accouchement naturel.
Le soutien inadéquat
Le choix de l’accompagnant est essentiel, mais il n’est pas toujours si évident. Bien que le partenaire assume souvent ce rôle, il peut être parfois bénéfique de choisir quelqu’un d’autre, plus à l’aise pour vous offrir tout le soutien nécessaire. Ce choix doit être réfléchi ensemble mais un partenaire qui se sent débordé ou paniqué n’est pas l’accompagnant idéal (et ce n’est pas grave !).
Le bon accompagnant est celui ou celle qui est prêt(e) à être un pilier solide et rassurant, offrant un appui émotionnel infaillible. Sa présence doit permettre à la mère de se sentir entourée, en sécurité et en confiance. Un accompagnant stressé ou dépassé peut, involontairement, transmettre sa propre anxiété, intensifiant ainsi le stress et le sentiment d’impuissance de la maman.
Conseils : Le partenaire est souvent la personne la plus indiquée pour vous accompagner, en raison de la relation intime et affective que vous partagez. Cependant, si certains papas ne se sentent pas aptes ou n’ont pas envie de jouer ce rôle de soutien infaillible, il est important d’en parler ouvertement. En discutant de vos attentes et en se préparant ensemble, vous pouvez décider ensemble de la meilleure option. Il est aussi tout à fait envisageable de se faire accompagner par une autre personne durant tout le travail, comme une amie, une mère, ou une doula, et laisser la place au partenaire au moment de la naissance.
En reconnaissant l’impact du stress, de l’environnement, du projet de naissance, du manque d’informations et d’un soutien inadéquat, vous pouvez anticiper et surmonter ces obstacles pour favoriser un accouchement plus serein. Préparez-vous, entourez-vous des bonnes personnes et gardez un esprit ouvert pour vivre cette expérience de manière positive et apaisée. Bel accouchement à toutes !
Retrouvez notre article sur Les 5 faciliateurs de l’accouchement.
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