Armelle : 2ème récit d’accouchement (14 avril 2025)

Préparation 

Rien de spécial. Je fais un peu de yoga, je marche beaucoup, je fais le plein d’ocytocine au maximum durant le dernier mois.

Contexte 

2ème bébé. Premier accouchement au Mexique (physio) et de rêve (en moins de 6h) pour le premier (souvenir magnifique)

Cette 2e grossesse se passe tout aussi bien que la première, je suis en forme, très peu de désagréments mis à part les classiques fatigue et nausées du premier trimestre. Pour le reste, je suis active, fan de porter la vie une 2ème fois, je dors bien, quelques douleurs lombaires mais passagères. Bref j’adore toujours autant être enceinte (même si j’en ai un peu marre d’avoir envie de faire pipi tous les 100 mètres).

La seule petite “ombre” au tableau est que mon bébé est jugé petit (il ne casse pas sa courbe mais est estimé autour de 8/10e percentile tout au long de la grossesse). Cela ne m’inquiète pas vu mon gabarit (je pèse moins de 50kgs) et celui de mon mari. De plus, mon premier bébé est né en parfaite santé, à terme, à 2,7 kgs. Pour moi, ce n’est donc pas un sujet mais ça reste une donnée qu’on surveille.

Date de terme : 12 avril. Comme mon premier bébé était né à 40+5, je m’étais préparée à aller jusqu’au bout. J’ai bien fait car le 12 avril, toujours rien. Aucune contraction, pas de perte du bouchon muqueux, le calme plat.

Depuis 3 semaines, j’avais rdv chaque semaine à la maternité pour faire un monito (Port-Royal à Paris) car c’est le protocole en cas de suspicion de petit bébé (hypertrophie). Le jour du terme, je me rends donc pour mon traditionnel monito avec mes petites bandes bleues et roses dans mon sac.

Le monito est parfait (comme d’habitude), ma tension aussi, la prise de sang également et le doppler de même. Cependant, on m’annonce un déclenchement le jour même car les petits bébés sont plus à risque en cas de dépassement de terme. Autant vous dire que c’est la douche froide. On est samedi, mon mari est avec mon aîné au parc, j’avais tout prévu sauf d’accoucher aujourd’hui !!

Je me mets à pleurer, j’essaie de négocier un jour supplémentaire mais rien n’y fait : “c’est le protocole”. On m’annonce également que je ne pourrais pas avoir la salle nature car ils doivent pouvoir suivre le rythme cardiaque en continu. Moi qui m’étais préparée à un accouchement physio, qui avait trop hâte de revivre ce moment, je m’effondre et j’ai le sentiment que je me dirige vers le pire des scénarios : déclenchement + médicalisation de “précaution”.

Je tiens à dire que toute l’équipe a été vraiment bienveillante, pédagogue et très douce, même quand il a fallu aborder le sujet du risque accru de mort fœtale in utero en cas de dépassement de terme. Même si on me disait que ça pouvait être simplement « constitutionnel », que mon bébé était juste petit de nature — ce dont j’étais persuadée —, ils ne pouvaient pas prendre le risque de passer à côté d’une anomalie.

Finalement, une sage-femme me dit que si vraiment je ne souhaite pas de déclenchement, je peux signer une décharge et refuser. J’appelle mon mari et on convient de laisser à notre bébé la possibilité d’arriver de lui-même. J’ai une confiance absolue dans mon corps et dans mon bébé et je suis convaincue que c’est une question d’heure. Je signe la décharge, on me donne rendez-vous le lendemain pour refaire le point et je rentre à la maison.

La journée passe et toujours rien, je suis dégoûtée. Le lendemain rebelote : monito, doppler, etc. Tout est toujours niquel mais on me refait le même discours comme quoi je prends un risque, que mon col est favorable, que le déclenchement qu’on me propose (rupture de la poche des eaux) sera forcément suffisant, que je n’aurais pas besoin d’ocytocine de synthèse, etc. Je décide de refuser une nouvelle fois (je ne m’imaginais pas aussi têtue mais je le sentais pas).

On est dimanche, je rentre à la maison et je décide de me mettre dans ma bulle d’ocytocine à fond. Je coupe mon portable (ce qui a causé des petits coups de stress à ma famille, désoléeee) et on décide de se faire une journée 100% kiff avec Matth (mon mari) et Félix (mon fils). Il fait beau, on se balade, on mange une glace, on rit, on profite de nos derniers instants à 3. La journée passe et miracle, dans l’aprem, des petites contractions arrivent ! Je suis folle de joie, je les supporte avec un maxi sourire, trop heureuse de sentir le travail s’enclencher naturellement.

On rentre à la maison, mon mari cuisine le même repas qu’avant la naissance de Félix (on sait jamais 🙂 ) et je déguste mon riz cantonais persuadé que c’est mon dernier repas avant la rencontre avec mon bébé. Les contractions sont encore assez espacées (1 toutes les 10 min) mais continues. Je couche Félix, je dis à Matth d’aller se reposer et je reste dans le salon, à faire les 100 pas et du ballon.

Les heures passent mais le rythme ne s’accélère pas. Je suis toujours à 1 contraction par dizaine de minutes et même si je gère super bien, je commence à m’agacer. Mon premier accouchement avait été super rapide donc j’étais persuadée que celui-ci le serait d’autant plus or pas du tout. La cadence ne s’accélère pas et ça m’empêche de me mettre dans ma bulle (je cherche à comprendre ce qui bloque, je réfléchis, je bouillonne, bref je lâche pas prise du tout) !!

Finalement vers 2h du mat, déçue, je vais me coucher, me disant que c’est peut-être la solution. Je m’endors et me réveille vers 4h, dépitée de ne pas m’être fait réveiller par la douleur. Et là je commence à paniquer, j’ai l’impression de ne plus sentir mon bébé, j’ai peur, je me sens pas bien. Je réveille Matth et je lui dit qu’il faut qu’on parte tout de suite à la maternité. On appelle ma belle soeur pour qu’elle vienne garder Félix et on s’en va. Dans le fond je me dis que je me sentirai peut-être plus en sécurité à la maternité et que le travail se lancera enfin.

On arrive, monito ok, mon col est favorable, ouvert à 3, poche des eaux béante, on me dit d’aller marcher, qu’elle va se rompre d’elle-même. On fait les 100 pas dans les couloirs de la maternité, j’ai toujours des contractions mais qui ne se rapprochent toujours pas (1 toutes les 7 minutes environ me dira Matth). Je commence à être crevée, énervée (tout ce qu’il faut pas) et je passe mon temps à me dire : mais pourquoi ça part pas ???

À 7h, je suis toujours à 3, on m’installe dans une salle de naissance, on me fait tous les branchements (moi qui redoutait cet environnement médicalisé, je m’en fiche finalement) et la SF me dit qu’elle revient dans 2h me voir. On couvre l’horloge avec un pull, on met une playlist cool et je ferme les yeux et parle à mon bébé “mais vieeeens, maman t’attend”.

À 9h : nouveau contrôle : rien n’a bougé. Grrrrrr ! La SF me propose de me percer la poche des eaux et m’assure qu’ensuite ça ira très vite. J’accepte direct. Matth me demande si je suis sûre, me dit que c’est ce que je voulais pas, me propose d’attendre encore quelques heures mais à ce moment-là je m’en fiche de la médicalisation : j’en ai marre, je veux que ça avance.

Elle perce la poche des eaux (je ne sens rien à part un liquide chaud s’écouler) et une seconde plus tard, je ressens les plus fortes douleurs de ma vie.

Moi qui voulais que cela s’enclenche, je suis servie. Quasi aucun répit entre chaque contraction, je hurle de douleur, Matthieu me comprime la taille au maximum à chacune d’elle et c’est la seule chose qui me soulage un chouilla. Je suis accroupie, au pied du lit, le corps étendu sur le ballon et j’ai l’impression qu’on m’écartèle.

Matth me récite des mantras ‘chaque contraction te rapproche de ton bébé”, “tu es merveilleuse” il a beaucoup trop pris à coeur son rôle de “doula”, je l’ordonne de se taire (moins poliment que ça).

40 min plus tard, la SF arrive et me demande la position que je veux prendre pour la poussée. Je lui dit que c’est beaucoup trop tôt, que j’ai beaucoup trop mal, que je vais pas réussir, que je vais mourir mais que je suis sûrement pas au bout de mes peines. Elle me demande si elle peut regarder et me confirme que la tête est là, que je suis à dilatation complète (coucou la phase de désespérance, je la connais pourtant mais je pensais pas qu’elle puisse arriver si vite). Soulagement et panique en même temps !

Je me mets à 4 pattes sur le lit et je sens que mon corps a envie de pousser. J’accompagne chaque poussée en criant (là elle me précise que ça serait mieux de pousser que de crier, j’ai envie de la baffer même si c’était un réel bon conseil). J’essaie au mieux d’appliquer sa reco, elle m’encourage, me dit que c’est super, que mon bébé arrive, que je m’en sors super bien (tellement précieux). En moins de 10 minutes, mon bébé est là, on me le passe entre les jambes et là miracle : une petite fille !! J’explose de larmes, de joie, d’émotion, de reconnaissance.

Le placenta sort en quelques minutes, on me recoud les 3 points qui ont déchiré et ça y est, la magie de la rencontre peut commencer.

Peau à peau, tétée d’accueil : c’est encore plus beau que dans mes souvenirs, on est surex d’avoir une petite fille (tout le monde m’avait dit que si j’avais la même grossesse que pour Félix, cela serait le même sexe), bienvenue petite Adélaïde !

On la pèse et là, surprise : 3,2 kilos (alors qu’on l’avait estimée à 2,6 kgs) !! Finalement, le déclenchement et l’interdiction de salle nature n’était pas du tout justifiés. Bien entendu, cela m’importe peu tant l’issue est merveilleuse.

On nous emmène dans la chambre, je demande à y aller à pied, je prends une douche et on se commande plein de sushis ! On rentre 48h plus tard à la maison, à pied, heureux, comblés, émerveillés de cette nouvelle vie à 4 qui nous attend !

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