Qu’est-ce que la phase de désespérance durant l’accouchement ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 7 mars 2024

Lors de l’accouchement, la future maman va traverser différentes phases selon l’évolution du travail. L’une d’elle est peu connue et pourtant primordiale à connaître : la phase de désespérance. Quand survient-elle exactement ? Comment surmonter la phase de désespérance et comment la reconnaître ? 

Qu’appelle-t-on la phase de désespérance ? 

La phase de désespérance correspond à la dernière étape précédant la naissance, lorsque les contractions sont longues et rapprochées. Elles durent en moyenne 90 secondes et se succèdent à un rythme soutenu. 

On parle de phase de désespérance car c’est souvent un moment où les futures mamans perdent pied et ressentent un pic d’angoisse et de stress. La douleur et l’agitation prennent le dessus. 

Bien que le terme de phase de désespérance soit décourageant, c’est une étape essentielle de l’accouchement car cela présage que la naissance est imminente. 

Que se passe-t-il durant la phase de désespérance ? 

La phase de désespérance est tout à fait normale et physiologique. C’est le moment où les hormones de l’accouchement se livrent à une bataille et où l’adrénaline prend le dessus. Alors que les hormones du bien-être (ocytocine et endorphines) dominaient jusque-là, un pic d’adrénaline envahit la future maman. Elle sort brusquement de sa bulle de confort et de sérénité.

L’adrénaline monte en flèche, faisant baisser le taux d’ocytocine. On sort de son état semi-conscient. On entre dans un climat d’extrême vigilance, d’agressivité parfois, de peur. 

Durant la phase de désespérance, une forte agitation s’empare de la future maman, accompagnée d’un déluge d’émotions négatives. Elle est catapultée dans l’agitation de la naissance, submergée par la force des contractions. L’impression dominante est celle de l’impossibilité de continuer. Souvent, elle sort de son silence et prononce des phrases exprimant son désarroi et sa fatigue telles que : 

« Je peux plus”, “continuez sans moi”, “ouvrez-moi le ventre et sortez ce bébé”, “je veux que tout ça s’arrête”, “je vais mourir”, “je ne veux plus accoucher”, “je peux plus”, “la périduraaaale”. 

Pourtant, cette décharge d’adrénaline est essentielle. Cette hormone lui fournira la force et l’énergie nécessaires pour donner naissance à son bébé. Bien que l’adrénaline soit associée à la peur, elle prépare également la future maman à l’action. Après des heures d’accouchement, l’adrénaline est un soutien précieux pour le regain d’énergie indispensable pour la phase d’expulsion.

La maman sort ainsi de sa bulle d’ocytocine et se transforme en une lionne, prête à tout pour donner naissance à son bébé et surmonter sa fatigue. Cette phase est un passage nécessaire pour l’arrivée de ce petit être tant attendu.

À quel moment arrive la phase de désespérance ? 

La phase de désespérance arrive à la toute fin de l’accouchement. Elle correspond aux derniers centimètres d’ouverture du col (8-10cm à peu près). Pour certaines femmes, cela sera si bref qu’elles la ressentiront à peine. 

La phase de désespérance correspond aux dernières contractions avant la poussée. Si cette phase est intense, c’est aussi la plus courte. Les contractions sont longues et rapprochées. Ce rythme effréné participe au sentiment de stress et de panique que peut ressentir la mère. L’arrivée de la phase de désespérance annonce que la naissance est imminente. C’est le sprint final ! La plupart des bébés naissent dans les 30 minutes suivant la phase de désespérance. 

Comment se préparer à la phase de désespérance ? 

La phase de désespérance peut être assez déroutante si on n’y est pas préparé. C’est pourquoi, la connaître et la faire connaître est primordial. 

Bien que la peur puisse vous submerger, savoir que cette étape de l’accouchement est tout à fait normale permet de la vivre plus sereinement. De plus, comprendre que vos hormones naturelles sont à l’origine de cet état et qu’elles ont une utilité pour vous et votre bébé est rassurant. L’adrénaline qui se libère agit comme un véritable boost d’énergie, tant pour vous que pour votre bébé, qui en est également imprégné. Cela l’aide à maturer ses poumons et à mieux supporter les premiers instants dans son nouveau lieu de vie.

Comment surmonter la phase de désespérance ? 

Le meilleur soutien à offrir à une future maman en phase de désespérance est un soutien émotionnel et des paroles rassurantes. Elle a besoin d’être confortée sur la normalité de ce qu’elle vit et sur ses capacités à donner la vie.

Pour calmer son esprit, elle doit retrouver sa confiance. 

Pour cela, il est fortement recommandé d’informer son conjoint (ou la personne qui vous accompagne) sur l’existence de cette phase. Cela permet de le préparer afin qu’il n’ajoute pas sa panique à la vôtre et puisse, au contraire, vous apporter l’aide nécessaire. 

Voici le type de phrases pouvant être très efficaces à prononcer à la future mère durant la phase de désespérance (cela peut être une des missions du papa notamment) : 

  • « c’est la toute fin »
  • « c’est incroyable tout ce que tu as fait » 
  • « tu te débrouilles à merveille »
  • « le plus dur est derrière toi »
  • « ton bébé a beaucoup de chance de t’avoir »
  • « tu es merveilleuse »

Les sons graves peuvent également être précieux durant la phase de désespérance. Ils permettent de ralentir sa respiration, d’expirer la douleur et de relâcher les muscles. 

Il est très fréquent de demander la péridurale durant cette phase de détresse. Même la maman la plus sereine durant tout le travail peut perdre pied et souhaiter abandonner son projet physiologique.

Pourtant, la péridurale serait généralement inutile voire contre-productive. Cela pourrait, au contraire, ralentir le travail et perturber le processus physiologique.

Cela peut être une indication à inscrire dans son projet de naissance ou à discuter en amont avec l’équipe médicale. 

La phase de désespérance est-elle ressentie par toutes les femmes ? 

La phase de désespérance n’est pas ressentie de la même façon par toutes les femmes. Pour certaines, elle va être si rapide qu’elle pourra passer inaperçue. On considère qu’environ 80 % des femmes la traversent. 

Pour d’autres, elle va durer de longues minutes et sembler interminable. Très proche de la naissance, elle peut aussi rapidement être oubliée par la mère (mais le conjoint lui s’en souviendra). 

Les femmes ayant une péridurale la sentent nettement moins, parfois même pas du tout selon le degré d’anesthésie. 

« J’ai vécu cette phase, en effet. Lorsque j’ai atteint une dilatation presque complète, la douleur s’est intensifiée subitement. Après plusieurs heures de travail, la fatigue s’était installée et j’ai ressenti un profond désespoir. Ce qui a été essentiel, c’est l’ACCOMPAGNEMENT. Le soutien de mon mari et de la sage-femme m’ont donné un nouvel élan, m’ont redonné de la force et du courage, et m’ont littéralement sauvé à ce moment-là. »

“D’après le papa, j’ai commencé à exprimer les premiers signes de désespoir (“c’est trop dur, je ne vais pas y arriver”) pendant environ 15 à 20 minutes, puis cela a augmenté progressivement jusqu’à une phase de délire (“ouvrez-moi le ventre, laissez-moi partir, je rentre chez moi, je vais mourir à la prochaine contraction, etc”.) qui a duré elle-même 15 à 20 minutes. Personnellement, j’ai eu l’impression que ça s’est passé en 5 minutes. En tout cas, mon bébé est arrivé direct, juste après”. 

“C’était un moment suspendu entre deux mondes, où je savais plus où j’étais. J’ai la sensation que ça a été le terreau de ma confiance en moi, en mon rôle de mère indéfectible pour le reste de ma vie. C’était une expérience transcendantale qui mérite tellement d’être vécue, car cette fierté continue de m’accompagner. »

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