Comment se passe la délivrance du placenta ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 16 avril 2024

Une fois la naissance de votre bébé, une dernière étape est essentielle : la délivrance du placenta. De nouvelles contractions vont permettre d’expulser le placenta et de clore l’accouchement. Comment se place la délivrance du placenta ? Qu’est-ce que la délivrance artificielle ? On vous dit tout.

Qu’appelle-t-on la phase de délivrance pendant l’accouchement ? 

La phase de délivrance correspond à la dernière étape de l’accouchement. Elle survient juste après la naissance de votre bébé, durant l’heure qui suit la rencontre avec votre nouveau-né.

Pendant ce temps suspendu, votre utérus reprend ses contractions, stimulées par l’émotion de la rencontre et la tétée d’accueil. Ces contractions jouent un rôle essentiel, car elles contribuent à l’expulsion du placenta, l’organe qui a nourri et soutenu la croissance de votre bébé tout au long de la grossesse.

Cette phase est essentielle et fait l’objet d’une surveillance rigoureuse par le personnel soignant. Ils s’assurent que le placenta est complètement expulsé, afin de prévenir les risques d’hémorragie. On qualifie cette étape de délivrance car elle symbolise la dernière étape de l’accouchement, la fin et le début de tout.

On qualifie cette phase de « délivrance », car elle symbolise la dernière étape de l’accouchement, la fin et le début de tout. 

Comment se passe l’expulsion du placenta ? 

Dans les minutes qui suivent la naissance, les contractions vont reprendre pour décoller et expulser le placenta. Généralement, la maman, toute absorbée à son bébé, s’en rend à peine compte. Pourtant, ces contractions sont nécessaires car elles permettent à l’utérus, vidé de la majeure partie de son contenu (= votre bébé), de se contracter pour réduire son volume et expulser le placenta. 

Les contractions régulières aident le placenta à se détacher de la paroi utérine. Bien que la perspective de nouvelles contractions puisse paraître décourageante, elles requièrent beaucoup moins d’effort que celles de l’accouchement. Cette facilité s’explique par trois facteurs : le placenta ne pèse que 500 grammes, soit environ un septième du poids d’un nouveau-né, il a une structure souple, et le col de l’utérus est suffisamment dilaté pour permettre le passage du placenta.

Ces contractions utérines ont également le rôle de fermer les vaisseaux sanguins qui s’étaient ouverts lors du détachement du placenta. En se contractant, l’utérus bloque ces vaisseaux ce qui permet de contrôler la perte de sang. En l’absence de contractions efficaces, les vaisseaux sanguins restent grands ouverts et le risque d’hémorragie augmente.

Il est important de rappeler que l’ocytocine, l’hormone naturelle responsable du déclenchement des contractions, est la même pour l’accouchement et la délivrance du placenta. La nature est bien faite car la rencontre avec votre bébé, son contact en peau à peau et la mise au sein va permettre d’augmenter sa sécrétion (et donc de déclencher de nouvelles contractions). Cependant, cette hormone est fragile et peut facilement être perturbée : le bruit, l’agitation, la lumière, la parole ou le stress peuvent notamment la faire fuir. Le contexte hospitalier n’étant pas toujours favorable à sa sécrétion, cela explique que la délivrance dirigée se soit généralisée.

Qu’est-ce que la délivrance dirigée ?

Aujourd’hui en France, plus de 90 % des femmes ont une délivrance dirigée lors de leur accouchement (étude périnatale 2021). On parle de délivrance dirigée – ou artificielle – lorsqu’on administre aux mamans de l’ocytocine de synthèse. Cela permet de pallier une éventuelle insuffisance de production naturelle et donc de stimuler les contractions.

L’oxytocine est administrée juste après la naissance, et parfois même dès l’apparition de la tête du bébé. Elle peut être injectée soit par voie intraveineuse à travers le cathéter utilisé pour la péridurale, soit par injection intramusculaire.

Traditionnellement, la délivrance dirigée impliquait l’injection d’ocytocine synthétique, le clampage immédiat du cordon ombilical et une légère traction pour aider à l’expulsion du placenta. Aujourd’hui, les recommandations préconisent de retarder le clampage du cordon et d’attendre que celui-ci cesse de pulser avant de le couper. Cette modification ne compromet pas la délivrance dirigée, qui peut continuer à être effectuée même si le bébé est relié au cordon.

Les données de 2021 montrent que plus de 90% des accouchements en France bénéficient de cette administration d’ocytocine, qui, selon l’HAS, réduit de moitié le risque d’hémorragie post-partum par rapport à une délivrance naturelle grâce à une durée d’expulsion du placenta réduite (source). 

Que disent les nouvelles études à propos de la délivrance artificielle ? 

Les recherches sur la délivrance artificielle, spécifiquement l’administration d’ocytocine de synthèse, montrent des résultats parfois mitigés quant à son efficacité et ses implications. Il est reconnu que la délivrance dirigée du placenta réduisent les pertes de sang immédiates après la naissance. Toutefois, cette pratique peut également entraîner des effets indésirables pour la mère et le bébé, et il est important d’informer les femmes de ces risques potentiels.

En effet, des études indiquent que les bébés qui ont connu une délivrance par ocytoxine de synthèse ont un poids moyen inférieur aux autres bébés. Ce constat était probablement lié au clampage précoce du cordon qui privait le bébé d’une partie du sang encore contenu dans le placenta. Aujourd’hui, les autorités de santé ont statué sur la recommandation de ne plus pratiquer le clampage précoce, ces statistiques devraient s’améliorer.

Une vaste étude de Cochrane portant sur plus de 8 500 femmes a révélé que celles ayant subi une délivrance artificielle rapportaient plus fréquemment des nausées, des vomissements, et des douleurs après l’accouchement. De plus, il y avait un besoin accru d’antidouleurs et un taux plus élevé de saignements post-partum, entraînant une augmentation des réadmissions hospitalières pour des saignements importants.

Certains experts soulignent que les résultats des études supportant l’utilisation de l’ocytocine artificielle ont principalement été menées en milieu hospitalier et souvent avec l’usage de péridurale, pourraient ne pas être directement transposables aux accouchements entièrement physiologiques où les hormones naturelles fonctionnent de manière optimale. La question de la nécessité de cette pratique reste donc sujette à débat au sein de la communauté médicale. De plus, il est préoccupant de noter que beaucoup de femmes reçoivent cette injection sans en être informées ou sans connaître les possibles effets secondaires.

Comment faciliter la sortie naturelle du placenta ? 

Pour encourager une délivrance naturelle du placenta, l’environnement joue un rôle essentiel. Un cadre calme, sécurisant, et chaleureux permet d’augmenter la sécrétion d’ocytocine naturelle, l’hormone qui aide l’utérus à se contracter pour expulser le placenta. Il est important de préserver au maximum une atmosphère douce et intime, sans distraction ou perturbation, pour que la mère et son bébé puissent se découvrir, notamment à travers un contact peau à peau immédiat et ininterrompu pendant les 10 à 20 premières minutes suivant la naissance.

Ce n’est pas encore l’heure de prévenir amis et famille mais au contraire, il est primordial de rester dans cette bulle d’intimité, de douceur et d’émotion. Tout devrait concourir à ce que les premiers instants ex-utero soient aussi doux et paisibles possibles pour la maman et le bébé, afin que chacun profite du bain hormonal ambiant.

Des interventions médicales bien intentionnées, telles que mesurer et habiller le bébé immédiatement après la naissance, ont par le passé souvent interrompu ce moment, réduisant la production d’ocytocine chez la mère et augmentant le risque d’hémorragies. Heureusement, les pratiques évoluent, et la tendance est maintenant à retarder ces interventions pour maintenir le contact physique initial entre la mère et son bébé, reconnaissant les avantages du peau à peau pour la santé de la mère et de l’enfant (source). Cela nécessite un environnement calme et silencieux, où la mère et son bébé peuvent se découvrir et s’attacher. 

Cependant, si le placenta ne se détache pas naturellement et rapidement, certaines actions peuvent aider :

  • encourager la mère à se remettre dans la position d’accouchement,
  • aller aux toilettes pour libérer une vessie pleine qui pourrait gêner la descente du placenta,
  • effectuer une légère traction sur le cordon lors d’une contraction pour faciliter l’expulsion.

Malgré ces avancées, les maternités peuvent encore être des lieux intenses et peu propices au calme nécessaire. Il est donc essentiel de continuer à éduquer sur l’importance de ces premiers instants entre la mère et son bébé, ainsi que sur le maintien d’un environnement propice à une délivrance naturelle efficace et sûre.

Peut-on refuser l’injection d’ocytocine au moment de la délivrance ?

Lorsqu’on envisage un accouchement naturel, il peut sembler contre-intuitif de recevoir des hormones de synthèse. Cependant, le protocole hospitalier est souvent assez stricte sur cette mesure. Plutôt que de l’indiquer dans votre projet de naissance, le refus d’ocytocine de synthèse est à discuter en amont avec l’équipe médicale.

Les professionnels de santé peuvent avoir des réticences à s’écarter de leurs protocoles standard par peur de gérer des complications qu’ils ne maîtrisent pas, ce qui être source de stress pour chacun. La discussion est essentielle pour que chacun entende ses raisons.

Parfois, ce qui permet de rassurer tout le monde est de trouver un compromis. Vous pouvez demander que l’injection ne soit pas administrée immédiatement, mais après un délai convenu, laissant ainsi une chance au placenta de sortir naturellement tout en gardant une option de secours.

« J’avais fait un projet de naissance où je disais que je ne voulais pas d’injection d’ocytocine, la sage femme ayant lu mon souhait m’a fait la proposition et je lui ai dit que je préférais donner la tétée pour justement libérer naturellement l’ocytocine. Elle a été d’accord pour ne pas faire l’injection tout de suite. Mon placenta est sorti en moins de 5 minutes. »

Rappelons que l’environnement influe énormément sur l’action des hormones. Selon le contexte dans lequel vous accouchez, vous ne bénéficierez pas de la même atmosphère. Les maisons de naissance, par exemple, réalisent environ 80 % de leurs accouchements sans délivrance dirigée, car elles privilégient la physiologie naturelle du corps, à la différence de nombreux hôpitaux où l’environnement moins intime peut inhiber la production naturelle d’ocytocine.

Votre décision doit être prise de manière éclairée, en tenant compte de votre contexte spécifique et en collaboration continue avec votre équipe médicale, pour garantir un accouchement respectueux de vos souhaits tout en assurant votre sécurité et celle de votre bébé.

Que risque-t-on si le placenta n’est pas expulsé rapidement ? 

L’accouchement n’est réellement terminé que lorsque le placenta est expulsé. Une délivrance complète est essentielle car le placenta peut causer des complications sévères, lorsqu’il n’est pas expulsé assez vite ou entièrement.

Le principal risque est l’hémorragie du post-partum (HPP). C’est la 5ème cause de mortalité en France et on estime qu’elle peut être évitée dans 90 % des cas. Elle peut survenir en cas de fragments de placenta restés dans l’utérus ou de délivrance trop tardive. Plus cette dernière étape du travail est longue, plus le risque d’HPP augmente.

Ainsi, après l’expulsion, le placenta est inspecté pour s’assurer qu’il est complet et qu’aucun fragment n’est resté dans l’utérus. Dans le cas contraire, on parle de rétention placentaire et cela peut nécessiter une révision utérine (aller chercher à la main les « restes » de placenta).

En France, même si la pratique du placenta lotus n’est pas courante, sauf si vous accouchez à domicile, vous pouvez demander à voir votre placenta avant qu’il ne soit détruit.

Si le placenta n’est pas expulsé peu après la naissance, on parle de rétention placentaire. Dans ce cas, une révision utérine est souvent effectuée : une sage-femme ou l’obstétricien introduit une main dans l’utérus pour détacher et retirer le placenta. Bien que nécessaire, cette procédure est invasive et généralement décrite comme désagréable. 

« Pour mon accouchement sans péridurale, j’avais souhaité recevoir l’injection car j’avais peur de l’hémorragie. Ça m’a permis d’être plus sereine. Et c’était de toute façon dans les protocoles de ma maternité. Cela ne m’a pas dérangée du tout, on m’avait posé un cathéter bouché à mon arrivée, je ne me suis même pas rendue compte de la perfusion. Tout s’est bien passé, mon placenta a été expulsé plutôt rapidement. » Garance

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