Quelles sont les contre-indications à la péridurale ? 

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 23 août 2023

La péridurale est le moyen le plus utilisé en France pour soulager les douleurs des contractions. Cependant, certaines mères peuvent se la voir refuser. Quelles sont les contre-indications à la pose d’une péridurale ? Quelles sont les alternatives ? 

Quelles sont les contre-indications concernant la péridurale ? 

Les contre-indications absolues

  • Le refus de la maman. C’est évidemment la première raison qui justifie de ne pas avoir de péridurale. On ne pourra jamais vous forcer à cette analgésie. N’hésitez pas à le mentionner dans votre projet de naissance si votre souhait est d’accoucher sans (il sera toujours possible de revenir sur votre décision au cours de l’accouchement).
  • Problèmes de coagulation ou insuffisance de plaquettes dans le sang (thrombopénie). En cas de coagulation anormale, l’aiguille de la péridurale et du cathéter comportent des risques d’hématomes pouvant entraîner une compression nerveuse voire des problèmes au niveau des membres inférieurs. En dessous de 50 000/mm3 plaquettes, la Haute Autorité de Santé n’admet pas l’injection de péridurale.  
  • Une allergie aux anesthésiques locaux utilisés pour la péridurale (comme le NAROPEINE). Un bilan allergologue sera réalisé avant l’accouchement pour estimer le risque de réaction. 

Les contre-indications relatives

  • Hyperthermie, fièvre, septicémie. L’administration de la péridurale en présence d’une légère fièvre d’origine infectieuse suscite des débats. Le risque serait la propagation d’agents infectieux dans l’espace péridural. Cependant, les complications sont extrêmement rares et aucune cause à effet n’a été véritablement prouvée. Dans tous les cas, l’administration d’antibiotiques doit être achevée avant l’injection de la péridurale. Le strict respect des techniques aseptiques et une surveillance accrue demeurent essentiels pour prévenir toute complication. La septicémie peut davantage justifier la contre-indication selon le Journal international des gynécologues et obstétriciens.
  • Importante malformation au niveau de la colonne vertébrale. On ne parle pas d’une scoliose ou d’une hernie discale mais d’une pathologie plus importante. Si les espaces entre vos vertèbres sont restreints par exemple, cela peut rendre la pose de la péridurale impossible. 
  • Problèmes cardiaques majeurs. Cela peut poser des risques accrus de brèche de la dure-mère. 
  • Tumeur cérébrale ou de la moelle épinière. 
  • Pathologies neurologiques. Certaines pourraient masquer les signes/symptômes d’effets secondaires qui nécessitent une prise en charge immédiate. 
  • Infection cutanée au point de ponction. Cependant, il est rare que l’anesthésiste ne réussisse pas à réaliser l’injection dans un espace intervertébral contigu.  

Ces décisions sont spécifiques à chaque cas et seront évaluées en concertation avec l’équipe médicale.

Peut-on se voir refuser la péridurale ? 

Comme toute intervention médicale, la péridurale peut présenter certains risques, plus ou moins élevés selon les profils. Pour la grande majorité des femmes, les potentiels effets secondaires liés à la péridurale ne sont pas suffisants pour justifier le refus de son administration.

La rencontre avec l’anesthésiste prévue lors du 3e trimestre de grossesse permet, entre autres, de vérifier que vous ne présentez pas de contre-indication à l’administration de la péridurale. Il va vérifier que votre état de santé ne compromet pas sa pose. 

Dans certains cas, votre gynécologue ou la sage-femme responsable de votre suivi de grossesse pourra vous orienter plus tôt vers le rdv avec l’anesthésiste. C’est notamment le cas si vous présentez une maladie chronique ou si vous suivez un traitement spécial. 

Selon vos facteurs de risques, il pourra décider que la péridurale vous est déconseillée ou même interdite. Dans certains cas, il vous demandera de faire des examens complémentaires pour s’en assurer. 

Dans le cas d’un refus, sachez qu’il existe d’autres méthodes pour gérer la douleur de l’accouchement (haptothérapie, méthode Bonapace, méthodes de respiration, accouchement dans l’eau, etc).  

J’ai un tatouage dans le dos, est-ce une contre-indication à la péridurale ? 

Non, un tatouage n’est pas une contre-indication à l’analgésie péridurale. Généralement, les anesthésistes essaient de glisser l’aiguille en dehors de la zone tatouée ou en sélectionnant un espace libre de pigmentation à l’intérieur du tatouage. Si le tatouage recouvre toute la zone lombaire, l’anesthésiste pourra décider d’inciser l’épiderme de quelques millimètres afin d’introduire l’aiguille sans risque d’infection. 

Le risque serait que les pigments entraînés en profondeur créent une infection. Aucune étude n’a pu confirmé de manière certaine que ce risque était présent.

L’épilepsie est-elle un motif de refus de la péridurale ? 

Au contraire, l’analgésie péridurale pourrait être recommandée aux personnes souffrant d’épilepsie. En effet, les crises d’épilepsie proviennent souvent dans les situations de stress ou d’importantes dépenses énergétiques. L’accouchement peut donc être un facteur aggravant. L’administration d’une péridurale précoce permet de réduire les risques de convulsion. 

Une scoliose empêche-t-elle la pose d’une péridurale ? 

Souffrir d’une scoliose n’est pas une contre-indication à la péridurale. Même si cela peut représenter une difficulté pour poser l’analgésie, cela ne l’empêche pas. Selon l’emplacement de votre scoliose, cela peut ne présenter aucune contre-indication (si elle est localisée dans la partie supérieure de votre dos par exemple).  

La péridurale peut même parfois être recommandée car la scoliose peut entraîner des accouchements plus difficiles et le recours à des instruments (forceps, ventouse). Dans ce cas, la pose anticipée de la péridurale sera bénéfique. 

Le risque présent pour une personne souffrant de scoliose est que la péridurale ne fasse pas effet aussi efficacement que souhaité. 

Un travail trop avancé est-il une contre-indication à la péridurale ?

Si le travail est trop avancé et que la naissance de votre bébé est proche, cela peut compromettre la pose de la péridurale. Cela dépendra généralement de différents critères (si c’est votre première grossesse ou non, si la poche des eaux est déjà rompue, etc). Cette décision sera évaluée au cas par cas par votre équipe de soins, qu’il s’agisse de votre sage-femme ou de votre gynécologue. 

Cette décision vise principalement à vous préserver d’une intervention médicale inutile. En effet, la péridurale nécessite environ 30 minutes pour faire effet. Ce laps de temps étant incompressible, le personnel médical peut estimer que la naissance de votre bébé est trop imminente pour que l’analgésie puisse être efficace.

Les contre-indications à l’utilisation de la péridurale se manifestent chez moins de 0,5 % des femmes enceintes. Il est essentiel de les prendre en considération afin d’être préparé en cas de refus de la péridurale et d’avoir le temps de se renseigner sur des alternatives plus naturelles de gestion de la douleur

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