Comment se passe un déclenchement sans péridurale ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 18 mai 2023

Les femmes souhaitant accoucher de manière physiologique redoutent souvent le déclenchement. Pourtant, certaines situations nécessitent de provoquer la naissance afin d’assurer la sécurité de la maman et/ou du bébé. Peut-on accoucher sans péridurale en cas de déclenchement ? Les douleurs des contractions déclenchées sont-elles supportables sans péridurale ?

Dans quels cas est-il nécessaire de procéder à un déclenchement ?

Entendre parler de déclenchement artificiel est rarement synonyme de bonne nouvelle pendant une grossesse. Cela ajoute un élément perturbateur dans le processus naturel de la naissance et cela peut être source d’inquiétude.

  • dépassement du terme (après 41+6SA et 39+6 en cas de grossesse gémellaire) ;
  • rupture de la poche des eaux et absence de contractions dans les 12h ;
  • diabète mal équilibré ;
  • macrosomie foetale (mais la HAS reconnaît que les données actuelles sont encore vagues face à la nécessité de déclencher) ;
  • retard de croissance intra-utérin (pas de données fiables non plus) ;
  • pré-éclampsie.

Si de nombreuses femmes vivent mal le déclenchement, c’est parce qu’elles sont souvent pas assez informées sur les raisons et le déroulé de cette intervention. Pourtant, comme pour tous les actes médicaux, vous être en droit de savoir, de poser des questions et même de questionner sur les potentielles alternatives au déclenchement. Aucune décision ne doit être prise sans que vous soyez certaine de l’avoir comprise et acceptée !

Peut-on tenir un projet physio en cas de déclenchement ?

Lors d’un déclenchement, les contractions sont provoquées par l’administration d’ocytocine de synthèse. Son action vise à stimuler le travail et ainsi permettre l’ouverture du col et la descente du bébé. Généralement, les femmes ayant subi un accouchement provoqué témoignent de contractions plus rapprochées et vite plus intenses. 

Les femmes souhaitant accoucher sans péridurale et qui auront un accouchement déclenché (pour risque de macrosomie, pré-éclampsie ou en cas de terme dépassé par exemple) redoutent de ne pas tenir leur projet de naissance. Les méthodes de déclenchement mécaniques sont généralement plus douces (décollement des membranes, sonde de Foley). Si vous avez la possibilité de choisir, privilégiez-les. 

Comment se préparer à un accouchement déclenché sans péridurale ?

Il reste tout à fait possible d’accoucher sans péridurale même en cas de déclenchement.

Cependant, il est primordial de s’y préparer et surtout, d’être parfaitement informée !

La préparation se passe d’abord dans le cabinet de votre gynécologue ou de votre sage-femme. N’hésitez surtout pas à poser toutes les questions qui vous viennent à propos du déclenchement. Comment vont-ils procéder ? Est-ce que cela fait plus mal ? Existe-t-il des alternatives pour éviter le déclenchement ? Est-ce obligatoire ? Quels sont les risques liés au déclenchement ?

C’est en étant parfaitement informée que vous pourrez vous préparer et bien vivre le déclenchement de votre accouchement.

La plupart du temps, vous devrez garder la position allongée pendant tout le temps du monitoring (2h). Dans certains cas, un monitoring mobile peut être proposé. 

Comme les contractions peuvent rapidement devenir fortes, il est essentiel de préserver au maximum l’intimité de la maman afin que ses hormones naturelles puissent agir et atténuer la douleur. La bulle d’une maman “déclenchée” est donc d’autant plus précieuse et fragile. Avec une équipe attentive et respectueuse, un(e) accompagnant(e) investi(e) et le moins possible de distractions, il est tout à fait possible d’accoucher naturellement.

Quelles sont les méthodes naturelles pour éviter le déclenchement ?

La prévision d’un déclenchement peut faire peur. Si vous avez cette épée de Damoclès au-dessus de la tête et que vous souhaitez y échapper, rien ne vous empêche d’essayer des techniques de déclenchement naturelles.

L’acupuncture : tournez-vous vers un acupuncteur spécialisé en périnatalité. Certains points d’acupression peuvent aider à déclencher naturellement le travail comme le point SP6 (situé à l’arrière du mollet) ;

La méthode italienne : ou plus prosaïquement appelée « faire l’amour ». L’intimité d’un rapport permet de sécréter de l’ocytocine, l’hormone de l’amour, aussi responsable des contractions. De plus, les prostaglandines présentes dans le sperme favoriseraient l’assouplissement du col de l’utérus et donc le déclenchement de l’accouchement. Au mieux vous serez détendue, au pire vous n’êtes pas à l’abri d’un gros fou rire car un ventre de 9 mois peut rendre les câlins assez acrobatiques.

L’activité physique : marcher, nager, monter les escaliers ou encore faire des mouvements de balancements sur votre ballon de grossesse sont des activités douces pouvant aider à déclencher le travail. En effet, la position verticale peut permettre d’aider votre bébé à faire pression sur votre col. Enfin, attention à ne pas confondre « exercice » avec « épuisement ». Souvenez-vous qu’un corps fatigué n’est pas le meilleur allié pour accoucher !

Faire les vitres : on entend souvent ce conseil, devenu presque un adage populaire. Si c’est une activité qui vous détend, pourquoi pas (mais sans monter sur une chaise pour autant). Si c’est un conseil de votre conjoint, pensant pouvoir échapper à cette corvée, c’est précisément le moment de vous octroyez un bon film sur le canapé !

La stimulation des seins : cette technique favoriserait la production d’ocytocine naturelle permettant de déclencher les contractions nécessaires à la naissance. Vous pouvez masser vos seins avec de l’huile ou encore utiliser un tire-lait pour tenter d’exprimer un peu de colostrum ;

L’huile d’onagre : elle n’agit pas directement sur le déclenchement mais permet de favoriser la maturation du col. Une étude de 2023 a prouvé que l’huile d’onagre permettait d’améliorer le score de Bishop des femmes en ayant reçu (voie orale ou vaginale).

Tout ce qui vous procure du plaisir : c’est le moment parfait pour activer tout ce qui peut stimuler la production d’ocytocine : jeux de carte, bons repas, balades en plein air, danse endiablée, massages, etc.

Attention, ces méthodes de déclenchement ne doivent pas être testées avant les 39SA. Si l’impatience de rencontrer votre bébé vous pousse à vouloir déclencher votre accouchement, rappelez-vous que chaque jour de plus passé dans votre ventre fortifie votre bébé et le rend plus aguerri à affronter la vie extra-utérine.

Nos 5 conseils en cas de déclenchement sans péridurale

  1. Testez les méthodes de déclenchement naturelles. Si vous avez une date butoir avant le déclenchement, rien ne vous empêche d’essayer de provoquer le début du travail de manière naturelle ;
  2. Renseignez-vous au maximum. N’hésitez pas à solliciter un rendez-vous spécial avec le professionnel de santé qui vous suit pour poser toutes vos questions, démystifier vos peurs et vous sentir rassurée face à cette décision ;
  3. Ayez confiance. Même si le déclenchement artificiel n’est pas physiologique, il permet d’aider la nature à prendre le moins de risques possibles pour la naissance. Essayez de le voir comme un moyen d’éviter la césarienne plutôt qu’une contrainte ;
  4. Si les méthodes naturelles n’ont pas fait effet, essayez les méthodes mécaniques . Lorsque cela fonctionne, cela permet généralement un travail plus doux que celui provoqué par un déclenchement chimique ;
  5. Ne doutez pas de vous ! Si vous vous êtes préparée pour une naissance physiologique, c’est tout à fait possible. Il sera d’autant plus important de préserver votre bulle, votre sécurité et votre intimité. Brieffez votre conjoint ou faites-vous accompagner par une doula afin de garantir un soutien sans failles et une présence rassurante et encourageante. C’est la clé d’un accouchement physio !

Déclenchement sans péridurale : le témoignage de Justine

« Pour cette 2ème grossesse je pars sur un projet totalement physio. Les jours passent et malheureusement, rien ne se passe. Le jour du terme, je me rends à la maternité pour un contrôle. Le verdict tombe : plus de liquide, il faut déclencher le soir-même.

Comme le col n’est pas du tout favorable, on me parle de déclenchement par propess. Je pleure mon projet de plateau technique qui s’envole mais je garde confiance et je ne panique pas.

21h : on me pose le propess. Très vite, j’ai des contractions qui s’installent, régulières mais peu douloureuses.

À 1h du matin on nous installe en chambre, je suis persuadée que c’est pour cette nuit. Quand je me réveille, il est 7h, je n’ai plus eu aucune contraction. Monito de contrôle : bébé va bien. On décide de laisser le propess en place pour encore 24h. La journée se passe, sans contractions. Finalement le soir, elles reviennent ! Enfin !

Je commence à avoir des contractions qui m’arrêtent dans ce que je fais et m’obligent à souffler. Je ferme les stores de la chambre, je mets ma petite veilleuse et ma musique, je me mets sur le ballon et chéri me masse avec des huiles essentielles. Ça devient de plus en plus dur. On retourne en salle de naissance pour le monito. Je vais passer 1h15 assise branchée au monito avec des contractions quasi insoutenables. Je suis ouverte à 2.

À la fin du monito, on me propose un bain. L’eau me fait du bien mais les contractions deviennent très vite très fortes et très rapprochées. Jusque là je soufflais tout doucement et très longtemps comme dans une paille. Maintenant, je fais des Ahhhhh, avec la bouche bien ouverte et la mâchoire détendue. J’ai les yeux fermés tout le temps, je suis déconnectée. J’ai l’impression que les vibrations de ma voix m’enveloppent complètement, c’est très agréable.

D’un coup j’ai l’impression que ça pousse, je me remets face à mon conjoint et pas de doute ça pousse, comme si j’avais envie d’aller à la selle. Je trouve la force de lui crier d’appeler quelqu’un.

Du monde arrive en courant mais je ne vois personne tellement je suis dans ma bulle, je fais un effort surhumain pour m’extraire de la baignoire et aller jusqu’au grand lit king size de la salle nature. La SF me fait allonger pour m’examiner : la tête est là. Elle me dit qu’on attend la prochaine contraction pour voir si on a le temps de passer en salle de naissance.

Contraction suivante : pas le temps de bouger, la tête est à moitié sortie ! Je veux demander le gaz hilarant mais une contraction arrive et me submerge. Je pousse encore 2 fois pour sortir la tête, je sens le cercle de feu mais ça ne dure que quelques secondes. Encore 2 poussées de plus pour sortir les épaules.

Pour résumer, à 21h30 j’avais un col raccourci ouvert à 2 doigts et 1h après bébé était là ! Le travail a été très intense mais ultra rapide et surtout la poussée incroyablement facile.

Finalement j’ai eu mon accouchement (presque) physio en salle nature et j’étais ravie d’avoir coincé les SF et de les avoir contraintes à rester en salle nature ! Pour conclure je ne regrette pas du tout d’avoir accepté le déclenchement même si j’ai beaucoup pleuré mon plateau technique !

Sachez que c’est possible de faire sans péri malgré un déclenchement. Par contre heureusement que j’étais préparée à faire sans car c’était quand même très très intense et c’est vraiment grâce à ce que j’ai appris en hypnose et au yoga que je ne me suis pas laissée dépasser par la douleur. Sachant que c’est aussi difficile psychologiquement car on se dit que ça risque de durer comme ça pendant des heures. A posteriori, quand on sait qu’il y en avait pour à peine 1h, ça paraît tout à fait jouable!

Courage à toutes les futures mamans qui approchent de leur terme ! »

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