L’oxytocine est le nom donné à l’hormone de synthèse qui reproduit l’action de l’ocytocine. Comme toute solution médicamenteuse, elle mérite d’être administrée avec précautions. Que faut-il savoir à propos de l’oxytocine ? À quels moments peut-on prescrire de l’oxytocine pendant l’accouchement ? Toutes nos réponses d’experts.
Qu’est-ce que l’oxytocine (l’ocytocine de synthèse) ?
L’oxytocine est la version synthétique de l’ocytocine. Elle a été mise sur le marché dans les années 70.
L’oxytocine a été créée pour remplir 3 rôles principaux :
- elle peut permettre d’induire les contractions quand le travail ne se déclenche pas,
- elle peut permettre de stimuler les contractions en cas de contractions inefficaces
- elle permet de limiter le risque d’hémorragies du post-partum
En 2010, elle était administrée dans plus de 60 % des accouchements en France (Enquête périnatale de 2010).
Aujourd’hui on considère que son usage doit être plus mesuré car il peut présenter des risques pour la maman et le bébé.
En effet, l’administration d’une dose d’oxytocine non maîtrisée peut, notamment, entraîner une hyperstimulation mettant la maman et le bébé en danger.
À quoi sert l’oxytocine durant l’accouchement ?
L’oxytocine est une hormone de synthèse, utilisée pendant les accouchements pour induire le travail, stimuler les contractions et contrôler les saignements après la naissance.
L’administration préventive d’oxytocine (APO) dès la sortie des épaules ou à la toute fin de l’accouchement est recommandée pour toutes les femmes (OMS). Cette délivrance dirigée permet de réduire le risque d’hémorragies du post-partum.
L’ocytocine est la forme naturelle de l’hormone, tandis que l’oxytocine est la forme synthétique.
Lorsqu’il est utilisé correctement, l’oxytocine peut aider à accélérer le travail et à augmenter le taux d’accouchements par voie vaginale. Il est important de comprendre que le Pitocin est un outil qui peut être utilisé pour aider à gérer le travail et non une cause de complications.
Comment se passe un déclenchement sous ocytocine ?
Lors d’un déclenchement sous ocytocine (Pitocin ou Syntocinon), la sage-femme administre le traitement par perfusion.
L’intraveineuse restera en place jusqu’à la fin de l’accouchement afin de pouvoir augmenter ou abaisser la dose en fonction de l’effet sur les contractions.
Parfois, une micro dose d’oxytocine peut suffire à faire entrer votre corps en travail. Dans tous les cas, pour qu’un déclenchement par tampon d’ocytocine soit possible, votre col doit être favorable (6 minimum au score de Bishop). Autant l’oxytocine permet de stimuler les contractions sur un col ouvert, autant elle n’a pas d’effet sur l’ouverture du col en lui-même.
Lors d’un déclenchement sous ocytocine (Pitocin ou Syntocinon), les contractions débutent généralement dans les 30 à 60 minutes suivant l’injection. Parfois, cela peut durer plus longtemps, quelques heures voire, plus rarement, plusieurs jours. Chaque corps a sa propre réaction à l’action de l’oxytocine. Cela explique le niveau de vigilance avec lequel il faut gérer son administration.
En cas de déclenchement par oxytocine, il est recommandé de ne pas être trop pressée. N’hésitez pas à apporter de quoi vous occuper l’esprit en attendant le début du travail (livres, jeux de société, mots fléchés etc). Cela peut prendre quelques dizaines de minutes comme plusieurs heures parfois. En moyenne, les déclenchements par tampon d’ocytocine fonctionnent dans 70% des cas.
Vous ne souhaitez pas de déclenchement par ocytocine ? D’autres solutions peuvent être testées avant de procéder à un déclenchement artificiel. Parfois, la marche peut suffire à induire le travail. Sinon, d’autres moyens comme le décollement des membranes, l’acupuncture ou encore, la rupture de la poche des eaux peuvent être envisageables.
Quels sont les effets secondaires de l’ocytocine de synthèse pendant l’accouchement ?
Pendant longtemps, l’action “d’accélérateur” d’accouchement de l’oxytocine a justifié son emploi massif.
Aujourd’hui, on reconnaît qu’elle présente des risques qu’il convient de prendre en compte dans le ratio bénéfices/dangers.
Voici les principaux risques que peuvent présenter une administration d’ocytocine en phase de travail :
- inconfort et douleur (car contractions plus fortes et douloureuses)
- hyper contractilité de l’utérus. Cette forte intensité des contractions peut provoquer des anomalies du rythme cardiaque du foetus
- augmentation du risque d’hémorragies du post-partum (par la réduction de la capacité de réponse utérine)
- augmentation du risque de ruptures utérines
- augmentation des troubles chez le nouveau-né (de la succion, du flux sanguin vers le cerveau, d’encéphalopathie hypoxique-ischémique, d’ictère)
- inhibition des effets calmants de l’ocytocine naturelle (car elle ne traverse pas la barrière hémato-encéphalique) donc nécessité plus importante d’avoir recours à la péridurale (déambulatoire ou non). Contrairement à notre hormone naturelle, l’ocytocine de synthèse ne passe pas dans le cerveau ce qui ne lui répond pas de produire des endorphines en réponse.
Désormais, l’administration d’oxytocine doit répondre à une indication précise et jamais plus “systématique”. Il convient de l’administrer avec précaution et de manière justifiée.
En revanche, si on a parfois suspecté l’oxytocine d’être responsable de cas d’autisme, les dernières études n’ont prouvées aucune cause à effet sérieuse.
Quelles sont les recommandations du CNSF quant à l’utilisation de l’oxytotcine ?
Voici les recommandations du Collège national des sages-femmes concernant l’oxytocine. Ces mesures concernent les cas d’accouchements qui ne présentent pas de risque particulier :
Phase de latence (0-5cm) | On recommande de procéder à la rupture artificielle des membranes RAM avant d’injecter de l’oxytocine. |
Phase active 5-7 cm | L’injection d’oxytocine ne doit intervenir que si la dilatation ne dépasse pas les à 1cm/4h. |
Phase active 7-9 cm | L’injection d’oxytocine ne doit intervenir que si la dilatation ne dépasse pas les à 1cm/2h. |
Phase de descente | Une descente de plus de 2h peut justifier l’administration d’oxytocine (car risque d’hémorragie au-delà de 2h). |
Phase d’expulsion | On ne recommande pas d’injection d’oxytocine. |
Délivrance du placenta | Administration préventive d’oxytocine (APO) conseillée pour toutes les femmes. |
Ces recommandations sont à l’égard des futures mamans à terme (à partir de 37SA), présentant une grossesse simple, dont le bébé a une position céphalique et pour qui le travail s’est déclenché naturellement.
Voici les consignes données au personnel médical en cas d’utilisation d’oxytocine durant l’accouchement :
- monitorer l’activité de l’utérus 30 min avant l’administration puis pendant toute la durée de l’accouchement (afin de repérer une anomalie du RCF ou une hypertonie utérine)
- contrôle de la dose administrée et adaptation en fonction de la réponse utérine
- une fois le rythme utérin stable, possibilité d’abaisser le débit de 20% voire d’arrêter l’injection
Ainsi, les recommandations vont, avant tout vers le respect du rythme naturel de la naissance. Il faut savoir qu’un accouchement n’est jamais linéaire et qu’il existe des phases où l’ouverture du col peut stagner sans que cela soit inquiétant. Il est essentiel de prendre en compte la singularité de chaque accouchement avant de procéder à une injection d’oxytocine.
En résumé, voici les éléments à retenir concernant l’injection d’ocytocine de synthèse au cours de l’accouchement :
- la maman doit être prévenue avant toute administration
- l’injection doit suivre les recommandations du CNSF
- la dose administrée doit être documentée dans le dossier médical
- elle doit être couplée d’un suivi continu au rythme cardiaque du bébé et à celui de l’activité utérine
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