Quelles astuces peuvent faciliter l’accouchement ?  

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 13 février 2024

L’approche de l’accouchement peut susciter une palette d’émotions allant de l’excitation à l’appréhension, notamment lorsque la perspective d’un déclenchement médicalisé plane. Les dernières semaines de grossesse, surtout le neuvième mois, peuvent sembler très longues, exacerbées par les fameux “alors, t’as accouché ?”. Passons au crible les différentes méthodes prônées pour accoucher plus vite ! 

Comment déclencher naturellement l’accouchement ?

Précisions avant tout qu’il n’existe pas de “trucs infaillibles” pour provoquer des contractions. Les suggestions mentionnées ci-dessous s’apparentent plutôt à des remèdes de grand-mère transmis de génération en génération. 

Cependant, elles valent la peine d’être mentionnées, ne serait-ce que pour comprendre leur origine et les raisons qui expliquent leurs supposées vertus à stimuler les contractions. 

1 – Monter les escaliers / Faire les vitres 

C’est souvent le premier conseil et la première mise en pratique quand on souhaite accoucher : marcher, faire des promenades, monter les escaliers, etc. L’idée est que l’activité physique peut, grâce à la gravité, favoriser la descente du bébé dans le bassin. Il est cependant important de ne pas confondre l’activité avec l’épuisement. Pratiquer une activité physique légère, que ce soit pour se détendre, prendre l’air, ou simplement faire passer le temps est bénéfique. Cela peut également être lié à l’instinct de nidification, l’envie de faire son nid et de préparer sa maison pour accueillir son bébé. Dans tous les cas, le maître-mot est de ne pas se surmener. 

L’accouchement et les premières semaines avec un bébé requiert de l’énergie, il n’est pas judicieux de s’épuiser avant. Tout est dans la modération et surtout, l’envie. 

Si vous êtes fatiguée des courtes nuits ou de votre ventre conséquent et que votre seul souhait est de vous reposer devant un film alors c’est précisément ce qui est le mieux pour vous et pour votre bébé. Rappelez-vous, l’arrivée d’un bébé ne dépend que de lui et du moment où il se sentira prêt. Veiller à être détendue est votre seule priorité. 

2 – Manger épicé 

Le conseil de consommer des aliments épicés pour déclencher l’accouchement est sûrement l’adage le plus répandu et le plus fantasque. L’idée sous-jacente est que les épices stimulent le système digestif, ce qui pourrait, par un effet domino, influencer l’activité utérine. En réalité, manger épicé peut créer des contractions digestives, et donc des maux d’estomac. C’est bien différent des contractions de travail et cela peut s’avérer très désagréable. Vous pouvez manger épicé si cela vous fait plaisir et que votre corps a l’habitude de le supporter mais croquer dans un piment est à proscrire absolument ! Et surtout, n’espérer pas accoucher grâce à ça.

3 – Les dattes 

La consommation de dattes avant l’accouchement est associée à certains avantages, notamment grâce à leur teneur en acides gras qui favorisent la production de prostaglandines, une hormone essentielle aux contractions utérines. 

Pourtant, contrairement à ce qui est souvent énoncé, consommer des dattes ne déclenche pas l’accouchement ! Une étude a révélé que cela pouvait contribuer à une meilleure préparation du col pour le travail et conduire à moins de déclenchements artificiels mais elles ne déclenchent pas le travail. 

Cependant, c’est un aliment à intégrer à votre 3e trimestre de grossesse si vous aimez cela car elles sont un en-cas énergétique idéal et favoriseraient un accouchement plus court grâce à des contractions utérines efficaces. 

4 – L’huile d’onagre

Comme les dattes, l’huile d’onagre ne déclenche pas les contractions mais favorise la maturation du col. Une étude récente de 2023 a démontré son impact positif sur le score de Bishop chez les femmes qui l’ont utilisée.

Dès la 37e semaine d’aménorrhée (SA), son administration est envisageable, soit par voie orale avec une dose allant de 500mg à 1000mg par jour, soit par voie vaginale. L’efficacité de l’huile d’onagre réside dans sa teneur en acide linolénique, un composant clé dans la synthèse des prostaglandines. Ces dernières jouent un rôle essentiel dans la préparation du col à l’accouchement (pour cela, on utilise souvent des prostaglandines de synthèse pour les déclenchements artificiels).

Attention : l’huile de ricin est parfois recommandée en méthode naturelle de déclenchement. Pourtant, cette huile présente des risques significatifs et son utilisation est fortement déconseillée. Tout comme les aliments épicés, elle agit sur les intestins plutôt que sur l’utérus, pouvant causer des douleurs abdominales et des diarrhées tant pour la mère que pour le bébé, avec un risque élevé de déshydratation. À proscrire !

5 – L’ananas 

L’ananas est riche en bromélaïne, une enzyme connue pour ses vertus d’attendrisseur de viande car capable de décomposer les protéines des tissus. Cela explique les picotements qu’on peut ressentir dans la bouche lorsqu’on en consomme. Selon une croyance populaire, cette enzyme pourrait atteindre le col de l’utérus et contribuer à le ramollir.

Aucune étude n’a permis de le vérifier et on sait, de plus, que l’environnement acide de l’estomac la rend inactive. 

Vous pouvez consommer l’ananas pour le plaisir de son goût sucré mais n’en faites pas une cure pré-accouchement. Vous risquez des brûlures d’estomac sans pour autant accoucher plus vite ! 

6 – Stimulation des mamelons

La stimulation des seins est une méthode qui peut encourager la libération d’ocytocine naturelle, une hormone clé dans le déclenchement des contractions nécessaires à l’accouchement. Cette technique implique de masser les seins ou d’utiliser un tire-lait pour exprimer un peu de colostrum. Pour être efficace, il est recommandé de stimuler les mamelons plusieurs fois par jour, soit en roulant doucement les mamelons entre les doigts, soit en massant l’aréole pour imiter la succion d’un bébé. 

« Moi j’ai utilisé mon fils (toujours allaité)  et ça a bien fonctionné ! Quelques semaines avant d’accoucher j’avais parfois des contractions lors des tétées que je sentais bien. Et le jour J j’avais des contractions et je l’ai fait téter pour accélérer les choses et ça a marché du feu de dieu! Je suis passé à des contractions à peine senties toutes les 10-15mn à des contractions douloureuses toutes les 1mn30« .

Durant le travail et en phase de stagnation, il arrive que les sage-femmes proposent aux mères qui le souhaitent d’utiliser un tire-lait pour essayer de relancer le travail. 

7 – L’acupuncture 

On entend souvent parler de l’acupuncture pour déclencher le travail. C’est un raccourci un peu rapide même si l’acupuncture a de nombreux bienfaits pendant la grossesse (détente et relaxation notamment). En se concentrant sur des points stratégiques qui stimulent la production d’ocytocine, l’acupuncture peut aider à préparer le col pour l’accouchement, encourager le bébé à descendre et à se positionner correctement. 

De fait, un nombre croissant de maternités intègrent des acupuncteurs dans leur équipe. 

Si vous faites appel à un acupuncteur conventionné, les séances d’acupuncture sont prises en charge à 100 % par la Sécurité Sociale. 

8 – La tisane de feuilles de framboisier 

Encore une confusion trop courante : boire de la tisane de feuilles de framboisier ne déclenchera pas votre accouchement. En revanche, comme les dattes, elle possède des propriétés tonifiantes ce qui favorise les contractions efficaces et permet un travail plus court. 

On conseille d’en consommer 2 à 3 tasses par jour à partir de la 37SA. Vous pouvez en trouver dans les magasins bio ou directement en herboristerie. 

9 – Faire l’amour

Autre conseil très populaire, parfois embarrassant selon la personne qui vous l’adresse, est la fameuse “méthode italienne”. Cette recommandation un peu triviale repose sur des bases scientifiques sérieuses, souvent méconnues.

D’abord, l’acte sexuel permet de favoriser la libération d’ocytocine, l’hormone clé dans le processus des contractions. De plus, le sperme contient des prostaglandines (encore elles !), réputées pour assouplir le col de l’utérus en vue de l’accouchement. 

En réalité, le peu d’études qui se sont penchées sur la question estiment qu’il faudrait faire l’amour 3 fois par jour pour que la concentration de prostaglandines atteigne un niveau susceptible d’influencer la maturation du col. 

Tenir un tel rythme au dernier trimestre de grossesse s’avère compliqué. Néanmoins, il est bon de savoir qu’il n’y a aucune contre-indication à l’acte sexuel durant une grossesse (en l’absence de risque connu), si cela apporte plaisir et relaxation. Après tout, tout ce qui contribue à la détente est à encourager.

10 – Faire du ballon de grossesse

Vous savez, ce fameux ballon que vous avez acheté puis délaissé dans un coin de salon ? Il est pourtant très utile pour soulager les douleurs de grossesse mais aussi pour aider le bébé à bien se positionner avant l’accouchement. 

Exercice : Asseyez-vous dessus, les jambes légèrement écartées et effectuez des mouvements de balancier de droite à gauche ou d’avant en arrière. Vous pouvez tenir l’exercice pendant une trentaine de minutes. En plus de favoriser le bien-être du bébé, ces bercements l’aident à bien s’orienter dans votre bassin. 

11 – Le miles circuit

Le Circuit Miles est une série d’étirements conçus par une doula américaine qui permettent de favoriser une position optimale du bébé en vue de l’accouchement. Il peut parfois être utilisé pendant le travail pour relancer une progression qui stagne. Même si le Miles Circuit ne déclenche pas l’accouchement à proprement parler, il peut être efficace en cas de bébé en siège ou en offrant une méthode de relaxation par des mouvements doux.

Constitué de trois séries d’exercices, le Circuit Miles est accessible via YouTube et doit être pratiqué avec prudence. Il est tout à fait déconseillé si des consignes de repos vous ont été données, mais il peut être une excellente ressource pour celles qui pratiquent déjà le yoga ou d’autres formes d’étirements et recherchent des routines adaptées aux derniers jours de grossesse.

12 / Lâcher-prise et se faire plaisir 

Lâcher-prise et se chouchouter, voilà le duo gagnant le plus efficace mais également le plus difficile à mettre en œuvre. C’est pourtant la clé : faire le vide dans votre esprit pour accueillir votre bébé dans les meilleures conditions. Commencez par régler toutes ces petites choses qui vous préoccupent, que ce soit la garde des grands, la valise de maternité ou les derniers achats pour l’arrivée du bébé. Une fois tout ça bouclé, c’est le moment idéal pour vous faire plaisir et booster votre ocytocine, l’hormone de l’amour et du bonheur, essentielle au lancement de l’accouchement. Profitez-en pour vous livrer à tout ce qui vous rend heureuse : manger votre plat préféré, écouter votre meilleure playlist, vous faire masser, regarder un film ou passer du temps avec des amis. 

L’accouchement est le summum du lâcher-prise car il est impossible de savoir quand il va se passer. Comme pour tout mammifère, se sentir en sécurité et détendue est essentiel pour bien accoucher. Alors, abusez de ce qui vous fait plaisir et savourez ces derniers instants de grossesse, en attendant l’arrivée imminente de votre petite merveille !

Déclencher son accouchement naturellement : est-ce réellement possible ? 

Adopter une attitude de lâcher prise, réduire l’activité cérébrale liée au stress et aux décisions, et s’immerger dans les plaisirs simples permet de créer les conditions idéales pour que le travail commence naturellement. 

C’est dans cet état d’esprit, en faisant confiance au processus naturel, que l’on peut véritablement s’ouvrir et accueillir son enfant, quand le moment sera parfait pour lui et pour vous. Il n’y a pas de formule magique, juste des conditions favorables et un environnement plus propice. 

Toutes les méthodes citées précédemment sont plutôt des astuces pour aider le col à travailler que pour déclencher le travail. 

Si le temps vous semble long, rappelez-vous que chaque jour supplémentaire passé in utero contribue au développement et à la préparation de votre bébé à la vie extérieure. Chaque bébé a son propre terme comme chaque femme a sa propre durée de cycle. Le terme est une date relative, une moyenne constatée à l’échelle mondiale, en aucun cas une science exacte. 

Cet état d’esprit de lâcher-prise et cette confiance dans le processus naturel de l’accouchement mettent en lumière une vérité absolue : l’accouchement est un voyage unique où le bébé, en parfaite synergie avec sa mère, choisit le moment de sa naissance. Alors, patience future maman et surtout : détente, joie, rire et plaisir en attendant le jour J ! C’est ce que tu peux offrir de mieux à ton bébé ! 

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