En France, plus de 82 % des femmes accouchent sous péridurale. Comme toute intervention médicale, elle peut présenter des effets secondaires voire certains risques. Voici un tour d’horizon des différents désagréments que peuvent provoquer la péridurale.
Quels sont les principaux risques de la péridurale ?
Le dysfonctionnement
L’un des principaux risques associés à la péridurale est que son effet analgésique ne fonctionne pas comme prévu. Cette situation peut venir de l’incapacité à positionner le cathéter ou être une réaction individuelle.
Chez certaines femmes, on observe un soulagement incomplet ou latéralisé (d’un seul côté du corps). Face à ce scénario, des mesures comme l’administration d’une dose additionnelle de médicament ou le repositionnement du cathéter peuvent être envisagées. Lorsqu’une péridurale ne fonctionne que sur un côté, c’est généralement dû à une mauvaise orientation du fil chargé de diffuser le produit analgésique.
On estime le taux d’échec de la péridurale entre 10 et 15 %.
Les maux de tête
Les maux de tête liés à la péridurale résultent généralement d’une ponction accidentelle de la dure-mère (nom de la membrane qui sépare l’espace épidural de l’espace rachidien). Si l’aiguille va trop loin, elle peut percer cet espace et provoquer une fuite du liquide céphalo-rachidien. Cet écoulement peut provoquer des céphalées (maux de tête).
La brèche de la dure-mère se produit dans 1 à 2 % des poses de péridurale. Ces maux de tête sont généralement ressentis dans les heures qui suivent l’accouchement. Ils peuvent s’en aller naturellement au bout de quelques jours. S’ils durent ou s’avèrent trop intenses, n’hésitez pas à consulter. Une solution appelée blood patch pourra vous être proposée.
Le meilleur conseil pour éviter les maux de tête est d’essayer d’être le plus immobile et calme au moment de la pose du cathéter. Évidemment, en plein travail, cela relève parfois de l’exploit.
L’hypotension
Il arrive que la péridurale provoque une baisse de la tension artérielle. C’est pourquoi elle sera toujours surveillée attentivement en cas de péridurale. Vous pourrez ressentir nausées ou grande fatigue. Si votre tension chute fortement, on pourra vous administrer un médicament vasopresseur. Ce traitement présente l’inconvénient d’être administré sous forme liquide (plusieurs litres). Cela peut entraîner des gonflements au niveau des jambes et un besoin fréquent d’uriner dans les heures ou les jours suivant l’accouchement.
Paralysie (hématome épidural)
Cette complication résulte de la lésion d’un nerf. La paralysie est extrêmement rare (1 cas sur 500 000) et ne doit pas être confondue avec une faiblesse musculaire.
L’engourdissement pouvant être ressenti suite à la péridurale est généralement dû à une mauvaise position durant l’accouchement. Ce type de faiblesse est bien distinct d’une paralysie et disparaît dans les jours qui suivent l’accouchement.
Ainsi, le fait que la péridurale pourrait causer une paralysie tient plus du mythe que de la réalité.
Voici un récapitulatif des risques associés à la péridurale :
Risques | Détails | Traitement |
---|---|---|
Anesthésie unilatérale ou incomplète | 10 à 15 % des péridurales présentent un soulagement insuffisant | Réinjection d’une dose ou retrait pour nouvelle pose |
Maux de tête, douleurs du rachis ou de la nuque | Perforation de la dure-mère en cas d’aiguille poussée trop loin | Privilégier la position allongée, boire abondamment, médicaments. Si cela persiste, blood patch |
Chute de tension artérielle (hypotension) | Peut provoquer des nausées ou des vomissements | Injection continue de liquide (soluté) |
Maux de dos, lombalgies | Ne sont pas forcément liés à la péridurale mais plutôt aux positions qu’elle impose | Repos |
Douleur point de ponction | Mini-traumatisme du passage de l’aiguille | Disparaît dans les 24/48h suivants l’accouchement |
Infection au point d’entrée du cathéter | Liée à la piqûre. Extrêmement rare | Nécessite un suivi médical et un traitement antibiotique |
Paralysie (très exceptionnel) | Lésion d’un nerf | 1 / 500 000. Nécessite une intervention chirurgicale |
Quels sont les inconvénients de la péridurale ?
Si l’on connaît tous le bénéfice de la péridurale (atténuer voire supprimer la douleur des contractions), on parle moins de ses inconvénients. Pourtant, il est nécessaire d’être avertie des désagréments pouvant survenir.
Les inconvénients de la péridurale se différencient des risques car ils concernent davantage le ressenti et le confort de la maman.
Les inconvénients de la péridurale pour la maman
- ralentissement des contractions. Si la péridurale est posée trop tôt, cela peut provoquer une décélération des contractions et la nécessité d’injecter des hormones de synthèse (oxytocine).
- démangeaisons et tremblements. C’est un des effets secondaires des morphiniques utilisés dans la péridurale.
- fièvre maternelle. Incidence significativement plus élevée de fièvre intrapartum.
- blocage du fonctionnement de la vessie. Les muscles de la vessie peuvent être endormis par la péridurale et vous empêcher d’uriner. Dans ce cas, pour éviter que la vessie se remplisse et bouche le passage au bébé, il peut être nécessaire de pratiquer un sondage urinaire.
- perte de mobilité et de sensations : en limitant les mouvements, la péridurale empêche la biomécanique de la naissance. Éliminer la douleur entrave la capacité de répondre aux contractions de manière à favoriser le déroulement du travail et de l’accouchement (par le mouvement ou les changements de positions). Les femmes qui reçoivent une analgésie péridurale doivent avoir des fluides par voie intraveineuse et une surveillance fœtale électronique continue. Cela peut augmenter le temps nécessaire au bébé pour réaliser sa descente dans le bassin. La péridurale ambulatoire permet d’atténuer cet inconvénient.
- interdiction de manger. Dans de nombreuses maternités, la pose de la péridurale s’accompagne d’une interdiction de manger, voire parfois de boire. Pourtant, la nourriture est un carburant dont le corps a besoin, d’autant plus lors d’un événement aussi intense qu’un accouchement.
- sensation d’étourdissement ou de bourdonnements dans les oreilles. Cet effet secondaire peut survenir en cas d’injection dans un vaisseau sanguin.
- somnolence : diminution de l’état d’éveil et déconnexion face à ce qu’il se passe. Cela peut entraîner une sensation d’être passé à côté de son accouchement et de ne pas en avoir été l’actrice principale.
- nausées et vomissements. C’est un des effets secondaires des morphiniques utilisés dans la péridurale.
- perturbation du cocktail hormonal naturel. Cela peut avoir des conséquences sur le début de l’allaitement et perturber le premier contact mère-enfant (car la péridurale inhibe la production naturelle d’ocytocine)
- allongement de la seconde phase du travail. La 2e étape du travail est en moyenne plus longue en cas de péridurale ;
- hausse du taux d’accouchements industrialisés. Il a été démontré que la péridurale augmentait le besoin d’instrumentaliser la naissance (forceps, ventouses, etc) car pouvait affecter la poussée efficace. En revanche, les études montrent qu’elle n’augmente pas le risque de césarienne.
Enfin, un des principaux problèmes de la péridurale est qu’elle maintient souvent les femmes dans une méconnaissance de leur propre physiologie, en les privant de l’opportunité de se préparer, de prendre confiance et conscience de leurs capacités naturelles. Si elle était utilisée dans un contexte où la physiologie était enseignée, elle serait moins controversée. Aujourd’hui, la péridurale a tendance à contribuer à une méconnaissance du corps et à la perte d’un savoir essentiel pour l’autonomie et la confiance des femmes.
Les inconvénients de la péridurale pour le bébé
Les effets secondaires de la péridurale sur le bébé peuvent être de 2 types :
- par l’absorption intraveineuse des médicaments administrés (de plus en plus rare cependant mais peu d’études ont été réalisées sur le sujet )
- par l’effet de la péridurale sur l’état de sa mère. Certains effets secondaires subis par la maman peuvent impactés le bébé (comme le ralentissement de son rythme cardiaque)
Il est fréquent que la péridurale entraîne un ralentissement du rythme cardiaque du bébé. Cet effet secondaire est lié à l’injection d’ocytocine de synthèse, souvent nécessaire pour relancer les contractions après la péridurale. Cette hormone de synthèse, si elle est trop fortement dosée, peut provoquer une hypercinésie utérine ou de fréquences (contractions trop intenses ou trop rapprochées). Cette hypertonicité utérine chez la mère peut provoquer une détresse foetale en perturbant l’apport d’oxygène et de nutriments transmis au bébé.
Enfin, en anélgésiant la douleur, la péridurale peut conduire à une inhibition des endorphines naturelles de la mère. Ces hormones sont pourtant précieuses durant l’accouchement car en plus de leur action anti-douleur, elles ont un rôle dans la maturation des poumons du nouveau-né, la mise en place de l’allaitement et dans le lien d’attachement entre la mère et son enfant. L’état de vigilance du fœtus en cas de péridurale est souvent diminué (moins de mouvements foetaux observés).
Quels peuvent être les effets secondaires à long terme d’une péridurale ?
Tout acte médical, même réalisé avec compétence et dans le respect des recommandations scientifiques, peut présenter un risque et induire des effets secondaires.
Les raisons pouvant provoquer des effets secondaires sur le long terme peuvent être liées au mauvais positionnement de la péridurale, au déplacement du cathéter malgré un placement correct ou à un dosage sous-optimal du produit.
Bien que la dose soit ajustée en fonction du profil de la mère, il existe la possibilité que celle-ci ne soit pas totalement appropriée, ce qui pourrait entraîner des effets secondaires. Il est crucial de ne pas minimiser ces effets, même s’ils semblent peu graves, car ils pourraient indiquer la présence d’un problème plus sérieux.
Si vous ressentez des douleurs suite à votre péridurale 1 mois après votre accouchement (ou plusieurs mois), cela n’est pas normal. Les maux de têtes qui perdurent peuvent indiquer une brèche dans la dure-mère qui ne se résorbe pas seule et qu’il faudra traiter. De même, les douleurs au dos (musculaires ou au niveau du point de ponction) ne doivent pas persister plus de quelques jours après l’accouchement.
N’hésitez pas à partager tous les inconforts que vous pourriez éprouver avec la sage-femme qui vous rendra visite après l’accouchement. Dans toute l’effervescence entourant la naissance, assurez-vous de rester à l’écoute de votre propre corps et ne sacrifiez pas votre bien-être au profit du confort de votre bébé.
La décision de recourir ou non à une péridurale est personnelle et doit être prise en fonction des préférences de chacune et des conditions médicales.
Dans tous les cas, que vous souhaitiez accoucher avec ou sans péridurale, nous vous recommandons de vous renseigner sur les autres méthodes de gestion de douleur avec votre sage-femme ou une doula (méthode Lamaze par exemple). Plus vous aurez de cordes à votre arc, plus vous vous sentirez en confiance pour accueillir votre bébé et vivre la grande aventure de la naissance.
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