Le décollement des membranes, quand est-il intéressant de l’envisager ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 8 mars 2024

À l’approche de la date d’accouchement, la menace d’un déclenchement artificiel peut peser lourd et inciter à chercher des méthodes plus naturelles pour encourager le début du travail. Le décollement des membranes se présente comme l’une de ces options, souvent proposée en première intention par les professionnels de santé. Comment se passe un décollement des membranes ? Est-ce que c’est douloureux ? On vous explique.

Qu’est-ce que le décollement des membranes ? 

Le décollement des membranes, aussi appelé stripping, est une technique qui vise à encourager le début du travail. Cette pratique est souvent envisagée comme une alternative aux méthodes de déclenchement plus invasives ou médicamenteuses lorsque la grossesse a atteint ou dépasse son terme.

Pour comprendre en quoi consiste le décollement des membranes, imaginez que votre bébé soit confortablement installé dans un ballon de baudruche flottant à l’intérieur de l’utérus. Ce ballon symbolise la poche des eaux et se trouve en contact direct avec le col de l’utérus. Pour réaliser le décollement des membranes, la sage-femme ou le gynécologue introduit un doigt à travers le vagin jusqu’au col de l’utérus.

décollement des membranes (1)

Ensuite, par un mouvement circulaire, il décolle délicatement la poche des eaux de la paroi utérine où elle adhère. Ce geste a pour effet de stimuler la libération des prostaglandines. Ces hormones agissent sur la maturation du col de l’utérus ce qui permet de faciliter le lancement du travail. 

Le décollement des membranes dure entre 15 et 30 secondes. Si, pour quelque raison que ce soit, vous ne vous sentez pas à l’aise avec cette intervention, sachez que votre choix doit être entièrement respecté et que vous avez tout à fait le droit de refuser. De même, si au cours du décollement, vous avez mal ou vous souhaitez interrompre, c’est tout à fait votre droit. 

À quel moment peut-on avoir un décollement des membranes ? 

Le décollement des membranes est uniquement envisagé en fin de grossesse car son but est de diminuer le risque de grossesse prolongée (après 41SA). 

Bien que le décollement des membranes soit moins invasif que d’autres modes de déclenchement, il constitue tout de même une intervention visant à accélérer le processus naturel de travail. 

Comme toute autre méthode de déclenchement, la Haute Autorité de Santé considère qu’il ne devrait pas être pratiqué avant 39 semaines d’aménorrhée (sauf contre-indication médicale). 

Habituellement, cette intervention est envisagée dans les 48 à 72 heures avant un éventuel déclenchement médicamenteux, offrant une chance au travail de se déclencher naturellement. Si vous approchez du terme et qu’une menace de déclenchement se profile mais que votre professionnel de santé ne vous en a pas parlé, n’hésitez pas à lui poser la question. Selon l’évolution de votre grossesse et votre état de santé, le décollement des membranes peut représenter une première option à envisager.

Le déclenchement des membranes : une bonne idée ?

Cette question est profondément subjective et il appartient à chacun de se faire sa propre idée sur le sujet. Toutefois, il est reconnu que, dans certains cas, le décollement des membranes peut constituer un moindre mal, quant à d’autres techniques de déclenchements. 

Cette technique a l’avantage de ne pas nécessiter d’équipement spécialisé et peut être effectuée en dehors d’un milieu hospitalier, ce qui la rend moins anxiogène.

Par ailleurs, le stripping est souvent envisagé comme une solution préliminaire, avant de discuter de procédures de déclenchement plus strictes. Cette intervention se déroule dans un cadre plus paisible, sans caractère d’urgence, offrant aux mères la liberté de choisir. Il est aussi à noter que le décollement des membranes est une procédure plutôt démédicalisée, qui s’inscrit dans une quête de retour à plus de naturel dans l’accouchement. Ces différents paramètres renforcent la satisfaction et le vécu maternel. 

Enfin, bien que le décollement des membranes ne déclenche pas le travail de manière systématique, les études montrent qu’il permet des accouchements plus tôt (termes moins longs) et de meilleurs scores de Bishop lors de l’admission à l’hôpital (source : Étude Balayage des membranes pour déclencher l’accouchement, 2019, Cochrane). 

Y a-t-il des contre-indications au décollement des membranes ? 

Le décollement des membranes (ou Décollement du Pôle Inférieur de l’Œuf) présente certaines contre-indications : 

  • présence d’un placenta praevia (recouvrant ou à insertion basse)
  • bébé en position transverse
  • grossesse de moins de 37 semaines d’aménorrhée (SA)
  • col de l’utérus défavorable (fermé). Idéalement, un col ouvert à 2 favorise la possibilité de glisser un doigt et donc de procéder au balayage des membranes
  • refus de la maman

Certains professionnels de la santé peuvent choisir de ne pas suggérer le décollement des membranes aux femmes dont la grossesse est à risque (diabète gestationnel par exemple) ou aux primipares (attendant leur premier enfant). Même si cette option ne semble pas convenir à votre situation, n’hésitez pas à aborder le sujet si vous souhaitez des informations plus précises selon votre cas de figure. 

Le décollement des membranes présente-t-il des risques ? 

Le décollement des membranes, bien que considéré comme une intervention sans danger majeur, peut néanmoins comporter certains désagréments. Voici ce qu’il est important de savoir :

  • Saignements : l’intervention peut causer des saignements mineurs (métrorragies) dus à la rupture de petits vaisseaux sanguins, un phénomène nécessaire pour que le col de l’utérus puisse s’ouvrir. Ces saignements légers ne devraient pas se prolonger au-delà de 48 heures.
  • Épisodes de faux travail : il se peut que le décollement des membranes provoque des contractions sans pour autant déclencher le travail. 
  • Rupture de la poche des eaux : ce risque est souvent évoqué alors que les études le réfutent. Le risque de rupture des membranes n’est pas plus élevé en cas de décollement des membranes.
  • Douleur et inconfort : le stripping peut engendrer une sensation de douleur, intensifiée par la sensibilité accrue du col en fin de grossesse. Toutefois, le degré de gêne ressenti varie d’une femme à l’autre, certaines rapportent même une expérience quasi indolore. Il est important de garder à l’esprit que vous avez le droit, à tout moment, de signaler votre inconfort et de demander l’arrêt de l’intervention si vous vous sentez mal.

À celles qui se demandent s’il est possible de faire un décollement des membranes seule, la réponse est non ! Le geste est technique et s’il est mal réalisé, il peut créer des risques supplémentaires comme la rupture de la poche des eaux. 

Quel est le taux d’efficacité du décollement des membranes ?

On parle souvent d’un taux d’efficacité du décollement des membranes à 50 %. Cependant, la pratique en tant que telle manque de traçabilité concrète ce qui rend le taux d’efficacité et la réalisation d’étude difficilement mesurable. 

On sait cependant que l’efficacité de cette procédure varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment l’état du col de l’utérus. La plupart des professionnels de santé considèrent cette technique particulièrement efficace pour les femmes ayant déjà accouché, grâce à la « mémoire » du corps qui semble augmenter les chances de succès. 

Même si l’efficacité du décollement des membranes n’est pas absolue, les recherches confirment qu’il contribue à diminuer le nombre de grossesses prolongées et donc le recours à des déclenchements mécaniques.

Que faire si le décollement des membranes ne provoque pas de contractions ? 

Si le décollement des membranes ne permet pas de lancer les contractions, plusieurs éléments peuvent être envisagés pour encourager le processus de manière naturelle ou se préparer à d’autres interventions. 

Des activités physiques modérées comme la marche peuvent aider à stimuler les contractions et favoriser le bon positionnement du bébé. Les techniques de relaxation, y compris les bains chauds, l’acupression, et les exercices de respiration permettent de vous aider à être détendue et à sécréter de l’ocytocine, hormone de l’amour et du bien-être, essentielle au bon déroulé de l’accouchement.

Enfin, si le travail ne se lance toujours pas naturellement et que vous approchez de votre terme, se renseigner et se documenter sur les méthodes de déclenchement artificiels permet de les envisager avec plus de sérénité.N’hésitez pas à exprimer toutes vos interrogations et à partager vos appréhensions avec un professionnel de santé. . Vous avez entièrement le droit d’être pleinement informée et concertée sur les différentes alternatives envisageables. 

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