Les hormones de l’accouchement : ces précieuses alliées méconnues !

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 4 juin 2024

Un ballet hormonal guide notre bien-être physique, psychique et énergétique tout au long de notre vie. Ces molécules invisibles sont présentes à chaque étape importante, de la naissance à la reproduction, régulant l’appétit, le poids, les humeurs… Au moment de l’accouchement, certaines hormones vont s’affairer afin de nous aider à cette grande traversée. Quelles hormones entrent en jeu au moment de l’accouchement ? Comment favoriser l’action de nos hormones naturelles ? 

L’ocytocine : l’hormone qui participe au déclenchement de l’accouchement 

L’ocytocine joue un rôle essentiel en provoquant les contractions et en initiant le travail lors de l’accouchement. Son action serait rendue possible par la diminution concomitante du taux de progestérone, ce qui permet la libération des récepteurs d’ocytocine et déclenche ainsi le processus du travail.

Au fur et à mesure que l’accouchement progresse, la production d’ocytocine augmente. Cela permet d’allonger la durée et l’efficacité des contractions. De ce fait, le col se dilate afin de s’ouvrir au maximum pour permettre le passage du bébé. C’est la pression de la tête du bébé contre le plancher pelvien qui stimule la production d’ocytocine. 

Après la naissance, la production de l’hormone de l’ocytocine continue pour permettre la délivrance du placenta. 

En plus de ses effets sur le corps pendant l’accouchement, l’ocytocine joue un rôle essentiel dans la création du lien d’attachement entre la mère et son bébé. Bien qu’elle ne soit pas l’unique responsable, cette hormone contribue à instaurer un climat de bien-être, favorisant ainsi une rencontre intime entre la mère et son nouveau-né. L’ocytocine facilite l’établissement de liens émotionnels et affectifs, fondamentaux pour le développement et l’épanouissement du bébé dans ses premiers jours de vie. C’est pourquoi elle est souvent connue comme l’hormone de l’amour.

L’ocytocine est une hormone délicate, requérant un environnement apaisé (une salle nature par exemple), sécurisant et intime pour être pleinement active. Si son niveau est insuffisant, les contractions peuvent ralentir voire cesser complètement pendant l’accouchement. Pour pallier ce problème, on peut administrer une hormone synthétique appelée oxytocine, qui imite l’action de l’ocytocine. Bien que l’oxytocine synthétique puisse influencer les contractions, elle ne possède pas toutes les vertus bienfaisantes de l’ocytocine naturelle.

Les prostaglandines : l’hormone de maturation du col de l’utérus 

Les prostaglandines sont surtout produites dans le 3e trimestre de grossesse et durant l’accouchement. Elles ont une action sur la maturation du col et son ramollissement. Les prostaglandines sont les meilleures amies de l’ocytocine, car elles permettent une “capture” plus efficace de l’ocytocine sur l’utérus. Elles favorisent ainsi le ramollissement et la maturation du col. 

Si la méthode italienne (avoir des relations sexuelles) est souvent plébiscitée comme déclencheur d’accouchement, c’est parce que le sperme contient de la prostaglandine. La nature est bien faite ! D’ailleurs, les parallèles entre l’acte sexuel et l’accouchement sont nombreux.

Une autre technique de déclenchement qu’on pourra vous proposer est d’introduire un tampon de prostaglandines de synthèse au fond du vagin

L’adrénaline : l’hormone du combat, essentielle durant l’accouchement

L’adrénaline est une catécholamine. C’est l’hormone de la fuite ou du danger. Elle est complexe car elle ne doit pas apparaître trop tôt pendant l’accouchement, sous peine de voir les contractions s’arrêter. Pour cela, il est essentiel d’assurer la sécurité de la maman. Chez les autres mammifères, cette hormone est essentielle pour stopper le travail en cas de danger durant la naissance. 

Ainsi, si pendant la première phase du travail, la maman se sent stressée ou pas à son aise, la réponse de son corps pourra être de produire de l’adrénaline. Cette hormone inhibe l’action de l’ocytocine. Ainsi, elle a le pouvoir de freiner voire d’arrêter les contractions. Il arrive parfois que les femmes en travail voient les contractions s’arrêter au moment de leur arrivée à la maternité. Elles sont sorties de leur bulle sécuritaire par les forts stimuli lumineux, l’environnement médicalisé ou encore le bruit. Si le partenaire ou la doula aide la maman à faire fi de son environnement et à se replacer dans sa bulle, le travail pourra reprendre naturellement.

C’est pour cette raison que l’environnement dans lequel se déroule cette première phase de l’accouchement est primordial et doit être rassurant pour la future maman. Elle doit se sentir soutenue, sereine et confiante. Un papa stressé peut transmettre son stress à la maman et provoquer un pic d’adrénaline. . Attention à préserver au maximum la maman de toute inquiétude (quand elle n’est pas nécessaire) pour éloigner l’adrénaline et ses effets.  

Si le travail se poursuit normalement, les contractions vont être de plus en plus intenses, jusqu’à ce que le col s’efface et se dilate complètement. La maman va alors ressentir le besoin de pousser. 

Cette sensation va s’accompagner d’une appréhension de fournir le dernier effort nécessaire à l’expulsion. Ce stress, mêlé à l’excitation, va conduire le corps à sécréter de l’adrénaline. À ce stade de l’accouchement, l’adrénaline est essentielle. Elle offre à la mère un regain d’énergie et un sentiment de grande vigilance nécessaire à l’accueil de son bébé. 

Cette décharge d’adrénaline va se déverser sur le bébé. Ainsi, il va sécréter lui aussi des catécholamines, essentielles pour l’aider à prendre son premier souffle dans sa nouvelle vie ex-utéro.

Endorphines : analgésique naturel de l’accouchement

Les endorphines sont nos opiacés naturels. Ils sont d’une grande aide lors d’un accouchement physiologique. Les endorphines procurent à la maman un sentiment d’euphorie tout en atténuant la douleur.

Elles permettent parfois d’atteindre un niveau de somnolence entre les contractions. Plus généralement, elles aident la maman à se détendre, et donc à fournir à ses muscles le maximum d’oxygène (on sait que c’est le manque d’oxygène qui rend les muscles douloureux).

Ainsi, les endorphines diminuent la tension et la fatigue. Cette hormone incite la future mère à abandonner ses résistances et ses barrières mentales.

À mesure que le niveau d’ocytocine augmente, la production d’endorphines s’intensifie pour maintenir la douleur a un niveau supportable. 

Malheureusement, c’est souvent la peur qui conduit de nombreuses femmes à opter pour la péridurale afin de « prévenir » la suite des contractions. Pourtant, la puissance des contractions peut s’intensifier, mais elle est soutenue par une production d’endorphines jamais égalée pour combattre la douleur.

Cette hormone est bien connue des grands sportifs car elle s’active lors d’importants efforts physiques. On parle parfois d’elle comme de l’hormone du bonheur car elle crée une sensation d’engourdissement, d’état altéré. C’est dans cet état second que l’accouchement a les meilleures chances de bien se passer

Au moment de la naissance, la mère en est imprégnée et le bébé aussi. Les endorphines sont primordiales pour permettre une rencontre douce et paisible. 

La prolactine : l’hormone du maternage. 

La prolactine, l’hormone de l’allaitement et du maternage, est produite par vagues successives dans le corps lorsque les niveaux d’œstrogènes et de progestérone chutent suite à la sortie du placenta. Ensuite, elle est sécrétée lorsque le bébé est en contact peau à peau avec sa maman.

En comprenant que le placenta n’est plus là pour alimenter le bébé, le corps réalise qu’il lui faut produire du lait maternel. À ce stade, la prolactine doit être en harmonie avec l’ocytocine pour être sécrétée au mieux et lancer la production de lait au contact de la bouche du bébé. Par conséquent, pour que la première tétée se passe de manière optimale, les conditions doivent être similaires à celles du déclenchement de l’ocytocine : laisser le bébé nu, encore chaud du liquide amniotique, contre le buste nu de sa maman. Chacun est apaisé et peut se rencontrer dans la douceur. Cela permet à la maman de sécréter de l’ocytocine et de la prolactine, et au bébé de se découvrir le sein et commencer à téter le précieux colostrum, connu comme « l’or jaune ».

La prolactine est une hormone susceptible. Sa concentration varie en fonction de la fréquence à laquelle elle est sollicitée. Si le bébé stimule régulièrement le sein, elle va être flattée et s’auto-amplifiée. En revanche, si on ne sollicite pas, elle va être piquée dans son orgueil et se retirer. Ainsi, cela permet aux mères qui ne souhaitent pas allaiter de voir leur niveau de prolactine baisser et ainsi leur production de lait s’arrêter naturellement. 

Les hommes sécrètent également de la prolactine. Elle permet à leur instinct paternel de se développer et de leur donner envie de prendre soin de leur bébé. Un test réalisé sur des souris montre qu’en cas d’injection de prolactine, elles vont se mettre à créer un petit nid. Ainsi, la prolactine favorise l’envie de materner, de couver et donc de s’occuper au mieux de son bébé. 

Comment favoriser le travail des hormones durant l’accouchement ? 

 «Assister une femme en travail, c’est l’aider à atteindre l’équilibre hormonal nécessaire à un accouchement spontané”. Michel Odent

Lors de l’accouchement, divers mécanismes hormonaux s’activent pour déclencher le processus de naissance.

L’équilibre hormonal nécessaire à l’accouchement est délicat et il est crucial de comprendre le fonctionnement des hormones impliquées afin de ne pas les perturber. Des facteurs externes peuvent interférer avec l’action des hormones et entraver leur processus physiologique. Des perturbations hormonales peuvent ralentir voire arrêter les contractions, augmentant ainsi le risque d’interventions médicales. Par conséquent, préserver une bulle protectrice autour de la femme en travail est d’une importance primordiale.

La femme en travail a besoin de se laisser totalement aller, sans aucune résistance, pour ne pas entraver le processus de naissance. Il est essentiel d’éteindre le néocortex (le cerveau pensant), et pour y parvenir, toutes les stimulations du cerveau rationnel doivent être évitées.

Voici des éléments à favoriser (et donc ceux à éviter) pour permettre aux hormones de l’accouchement d’agir de manière optimale : 

Les besoins d’une femme qui accouche Comment les favoriser durant l’accouchement ?  De quoi faut-il se méfier ? 
IntimitéGarder la porte fermée
Baisser les stores 
S’entourer d’objets réconfortants (photos, vêtements)
Passage
Photos (avec flash)
Va-et-vient
Écrans (portable, monitoring) 
Sécurité Être accompagnée de personnes de confiance (conjoint, doula)
Se sentir libre d’exprimer ses émotions (douleur, joie, peur, questions)
Conjoint stressé 
Monitoring qui bipe 
Personnel médical inconnu
Informations sur le col qui ne se dilate pas assez vite
SilenceChuchoter 
Musique apaisante 
Avoir un intermédiaire pour les échanges avec le personnel médical  
Casque ou boules quies 
Bruit du monitoring 
Brouhaha du couloir
PénombreBaisser les stores 
Allumer des petites bougies (led)
Lumière vive 
ChaleurPrévoir vêtements chauds
Chaussette
Bouillotte
Courants d’air
Soif
ConfortVêtements confortables 
Coussins 
Lianes 
Ballon
Nourriture et boisson
Faim, soif

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