Quels sont les bienfaits du clampage tardif du cordon ?

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 26 février 2024

Le clampage tardif du cordon est une technique ancestrale qui a refait surface dans les débats médicaux au cours des deux dernières décennies. Cette pratique consiste à retarder le moment de la coupe du cordon ombilical après la naissance, permettant ainsi un transfert supplémentaire de sang du placenta vers le nouveau-né. Quels sont les bénéfices liés au clampage tardif du cordon ? Y a-t-il des risques à attendre avant de couper le cordon ombilical ? Réponses 

Qu’est-ce que le clampage tardif du cordon ?

Que vous soyez enceinte ou non, vous avez sûrement en tête ce moment clé où le cordon va être coupé. C’est une image forte tant la symbolique est grande : l’obstétricien (ou votre compagnon) rompt le premier lien qui vous a relié avec votre bébé. Désormais, les échanges se feront par voies extra utérines. Quelle étape ! 

Lorsque votre enfant naît, il est toujours relié au placenta par son cordon ombilical. Le placenta est l’organe créé spécialement pour votre bébé et qui lui permet de recevoir les aliments et l’oxygénation nécessaire. À la naissance, le placenta contient encore environ 100 millilitres de sang riche en hémoglobine fœtale et en cellules souches. Ce sang est très riche en hémoglobine foetale et donc en oxygène.

En cas de clampage immédiat (couper le cordon dès les premières secondes), le sang encore présent dans le placenta ne peut pas terminer son transfert vers le bébé. Or au moment de la naissance, environ 50 % (minimum) du sang du bébé se trouve encore dans le placenta. Le fait de pratiquer le clampage tardif du cordon permet d’offrir à son bébé un apport sanguin bien plus élevé ce qui est précieux pour ces premières heures de vie !

Quels sont les avantages du clampage tardif du cordon ?

Patienter quelques minutes avant de clamper le cordon permet donc au bébé d’avoir une réserve de sang optimale. On estime qu’attendre 3 à 5 minutes avant de couper le cordon permet au bébé une transfusion de 25 à 35 ml de sang par kilo. Pour un bébé de 3 kilos, ce sont 90 ml de sang qui lui reviennent.

Or, le sang est composé d’hémoglobine, protéine riche en fer.  Avec un taux d’hémoglobine de 170 grammes par litre, c’est plus de 50 mg supplémentaires de fer que vous transmettez à votre bébé. Cela permet de prévenir les risques d’anémie et de couvrir ses besoins en fer pendant les premiers mois de vie. 

De plus, dans les premiers instants de sa vie, le nouveau-né peut éprouver quelques difficultés à respirer (voies aériennes encombrées par de la glaire). En restant relié au placenta, il continue de bénéficier pendant quelques minutes d’un apport supplémentaire en oxygène. Ainsi, la transfusion placentaire (transfusion physiologique) favorise une transition cardiopulmonaire plus douce pour son bébé.

Ainsi, le clampage tardif du cordon offre de nombreux avantages pour le nouveau-né : 

  • augmentation du volume sanguin
  • augmentation de la distribution d’oxygène aux tissus 
  • augmentation du taux d’hémoglobine
  • augmentation des réserves de fer à la naissance  
  • meilleure pression artérielle
  • augmentation des réserve de fer jusqu’à 6 mois après la naissance
  • augmentation du système immunitaire
  • réduction du risque d’hémorragie cérébrale 
  • diminution du risque d’anémie infantile (dont sont victimes 3 à 7 % des bébés européens) 
  • réduction des besoins de transfusion sanguine.

Il y a donc de véritables arguments physiologiques en faveur du clampage tardif du cordon ombilical. .

Quand couper le cordon ombilical ?

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de patienter 3 minutes après la naissance avant de couper le cordon ombilical (2). Dans ce cas, on parle de clampage tardif (source OMS). 

Selon les bébés, certains auront besoin de quelques secondes pour que le sang termine son cheminement tandis que d’autres nécessiteront davantage (5 minutes maximum).

Si cela ne présente aucun risque pour la maman et le bébé de rester “lié », l’idéal est de patienter jusqu’à la fin du battement du cordon. Cela correspond au moment où le cordon devient blanc, froid et gélatineux, indiquant que le flux sanguin entre le placenta et le bébé a cessé. Il passe d’une forme en tourbillon à un ruban plat.

On sait qu’attendre quelques secondes avant de couper le cordon permet déjà un transfert de plus de 30 % du sang présent dans le placenta. Ainsi, en cas de nécessité de séparer la maman et le bébé, ces quelques secondes peuvent être précieuses. Bien entendu, dans certaines situations, il sera plus bénéfique de couper le cordon que d’attendre que l’afflux du sang soit effectué. 

Comment coupe-t-on le cordon ombilical ?

Avant de couper le cordon ombilical, la sage-femme va le clamper. Cela consiste à poser deux pinces (clamp de barre) à quelques centimètres d’intervalle sur le cordon ombilical. On sectionne le cordon entre les deux. Généralement, on propose au compagnon s’il veut le faire. Aucune obligation bien entendu. Pour certains parents, se saisir d’une paire de ciseaux au moment de la rencontre de son nouveau-né n’est pas apprécié ! 

Rassurez-vous, cette pratique est totalement indolore pour votre bébé car le cordon n’est composé d’aucun nerfs.

Le clampage tardif du cordon : une pratique ancestrale

Dans les cultures anciennes, on attendait que les pulsations du cordon s’arrêtent naturellement, voire que le placenta soit expulsé, avant de couper le cordon. Il y a deux siècles, Erasmus Darwin, médecin, philosophe et botaniste, aïeul de Charles Darwin, soulignait déjà l’importance de ne pas sectionner le cordon trop tôt : 

« Une autre chose très dangereuse pour l’enfant, est de clamper et de couper le cordon ombilical trop tôt ; celui-ci devrait toujours rester attaché jusqu’à ce que l’enfant ait respiré à plusieurs reprises et jusqu’à ce que toute pulsation du cordon ait cessé. Autrement, l’enfant sera beaucoup plus faible qu’il ne le devrait, une partie du sang restant dans le placenta alors qu’il aurait dû être dans l’enfant » [1]. 

Cependant, vers 1900, les pratiques obstétricales ont évolué vers un clampage précoce, généralement de 10 à 15 secondes après la naissance. Ce changement ne semble pas avoir été justifié par des arguments scientifiques, mais a coïncidé avec la pratique plus fréquente des accouchements en milieu hospitalier. Le clampage précoce était associé à une prise en charge plus active du nouveau-né. 

Le clampage tardif du cordon aujourd’hui

Aujourd’hui, la pratique du clampage tardif du cordon est loin d’être consensuelle, mais elle gagne en popularité grâce à l’accumulation de preuves scientifiques en sa faveur. L’OMS recommande maintenant d’attendre entre 1 et 3 minutes avant de couper le cordon.

Pourtant, de nombreuses maternités pratiquent encore le clampage précoce du cordon. Certaines fausses croyances continuent à exister : risque que le bébé se vide de son sang dans sa mère (ce qui est absolument impossible puisque ce sont deux systèmes sanguins différents) ou encore que cela augmenterait le taux bilirubine et donc le risque de jaunisse. Cette théorie n’a pas été prouvée et surtout, les bénéfices de laisser battre le cordon sont nettement supérieurs aux risques de la jaunisse.

Le clampage tardif du cordon est une pratique qui mérite d’être envisagée par toutes les futures mamans. En plus de ses nombreux avantages pour le nouveau-né, elle permet une transition plus douce pour le bébé, qui continue à recevoir de l’oxygène et des nutriments pendant les premières minutes cruciales après la naissance. Enfin, elle offre une occasion unique de respecter le rythme naturel de la naissance, en attendant que le cordon cesse de battre avant de le couper. 

Références

[1] Darwin, E. (1801). Zoonomia; or, The laws of organic life. J. Johnson.

[2] World Health Organization. (2014). Delayed umbilical cord clamping for improved maternal and infant health and nutrition outcomes. World Health Organization.

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