Contexte : AVAC
Ma DPA est prévue pour le 8 décembre, c’est un second bébé, sexe surprise. Mon aîné a tout juste 17 mois (macrosomie, déclenchement, césarienne 3 semaines avant terme pour elle).
La veille, je fais une journée normale, plutôt calme. Je me souviens avoir dit à mon conjoint : « Tu crois que le bébé va se décider tout seul ? » Je n’ai aucune contraction, aucun signe, et je me souviens avoir eu une grosse flemme de faire le grand ménage ou les vitres pour aider à lancer le travail. Je parle à bébé, en lui disant que nous sommes prêts, mais qu’il peut rester encore au chaud s’il veut. Je lui dis que d’ici 4 jours, ce serait bien qu’il descende s’il est prêt lui aussi.
Je me couche le soir, et à 2h30, je me lève pour faire pipi, comme à peu près toutes les nuits depuis quelques jours. Je me recouche, et mon sommeil devient un peu moins profond. Quelques temps après, je ressens une première contraction.
C’est comme une forte envie de faire pipi, puis une sensation qui monte du bas-ventre en haut. Une seconde contraction arrive et je décide de regarder l’heure sur le réveil, il est 3h18. À partir de là, je vais avoir des contractions toutes les 10 minutes : 3h28, 3h38, 3h48. Je décide de le dire à mon chéri qui dort à côté. Il me répond : « Tu fais bien de me le dire » et se rendort.
Le travail
J’ai du mal à penser que c’est peut-être le début du travail, je pense plus à un « faux travail ». Je décide de prendre 2 spasfon et de me faire couler un bain. À 5h, me voilà dans le bain, lumière douce, bougies et biscuits. J’installe une appli de contractions, et celles-ci semblent s’espacer un peu. Je ressors 45 minutes plus tard. De nouveau dans le lit, elles reviennent, un peu plus fortes et surtout de nouveau assez espacées.
Mon homme s’habille, et je lui fais comprendre qu’il devrait s’activer un peu (finir les valises, manger, ou me proposer des choses pour m’aider – je lui ai préparé tout un document pour qu’il sache quoi faire). Mais il a l’air de ne pas comprendre ma douleur, il me dit qu’on a le temps. À ce moment-là, je me sens super énervée contre lui, il me pose des questions pour savoir où sont tel ou tel truc. Je m’énerve contre lui et me mets à pleurer à genoux contre le ballon… En fait, j’ai l’impression que ma phase de désespoir, je l’ai eue à ce moment-là. Je me dis qu’il ne va pas être à la hauteur et j’ai limite envie de partir seule à la maternité avec ma valise… Bref… Je n’ai pas trop aimé le début, je voulais vite partir pour me mettre dans ma bulle.
Ma mère arrive pour s’occuper de notre aînée qui venait de se réveiller. Je commence à vraiment avoir mal, je me mets à 4 pattes pour chaque contraction. J’arrive à embrasser ma fille avant de partir.
On fait le trajet, qui est rapide, 15 minutes environ.
Arrivée à la maternité
Il est 8h pile quand on arrive à la maternité. Nous sommes accueillis par une sage-femme qui me pose le monito, mais je me mets à 4 pattes sur la table, je ne suis pas super coopérative.
Une seconde sage-femme prend le relais avec nous, Claire. C’est elle qui restera tout du long ! Mon pilier de cet accouchement. Elle m’examine. Au début, je ne veux pas savoir, puis je lui demande quand même. Je suis à 2 doigts larges, col long.
Je lui explique mon projet d’accouchement sans péri et lui demande la salle nature. Elle veut valider que c’est bien ok pour le gynéco, car j’ai un antécédent de césarienne seulement 17 mois avant. Par chance, c’est mon gynéco qui est de garde et qui valide ma demande.
Claire m’explique comment vocaliser en faisant « YOUHOU » et en comptant sur les doigts. Puis, à 9h, on arrive dans la salle nature et surtout dans le bain chaud. Claire essaie de me poser le cathéter sur le bras, mais je bouge beaucoup… Elle n’y arrivera que plusieurs heures plus tard…
À 10h30, nouveau TV, je suis toujours à 2 doigts larges, mais col court. Elle me dit que la tête appuie fort, que bébé a l’air super motivé. Cette phrase me motive, car quelques semaines avant, j’ai vu une énergéticienne qui m’a dit que quand bébé serait décidé, il irait vite.
Pour le moment, je gère bien les contractions avec les « YOUHOU », les points d’acupression. Entre chaque contraction, je suis ailleurs, je m’endors quasiment, j’ai toujours les yeux fermés. Je pense que les séances d’hypnose m’aident à complètement relâcher entre chaque vague. Claire me répète dans l’oreille : « Ton corps sait faire », et moi, je pense « PUISSANCE ». Ça m’aide beaucoup.
À un moment, je sens une contraction plus forte et je perds le bouchon muqueux, comme un bouchon de champagne !
Vers 11h, nouveau TV, Claire m’annonce que je suis à 5.
Je commence à avoir froid dans le bain, je demande à sortir, mais ça prendra pas mal de temps. Après, mon compagnon m’a expliqué que la sage-femme pensait que c’était mieux que je reste dedans un maximum. Je teste d’autres positions, puis finis par sortir, car j’avais froid.
Je me mets sur la table à 4 pattes, les contractions s’intensifient. Je tiens des deux mains un espèce de guidon qui est en haut du lit, et j’ai un ballon cacahuète entre les jambes pour me reposer entre chaque contraction. Pendant les contractions, je prends appui sur mes pieds, j’avais tellement mal aux jambes à la fin !!! Et là, les vocalises se transforment en cris et en râles. À chaque contraction, la sage-femme et mon compagnon vocalisent avec moi pour m’aider à tenir sur la longueur et que les ralentis soient bénéfiques et accompagnent ma respiration.
Mon compagnon appuie sur les points d’acupression des chevilles et du dos. Je me souviens avoir régulièrement des pensées comme si mon esprit était hors de mon corps. Je me disais : « C’est bizarre cette position, on dirait que tu es sur une Harley Davidson », ou « Bordel de bite, tu viens de crier bordel de bite, non mais sérieux, c’est ridicule ». À aucun moment je n’ai envisagé de demander la péri, je me disais : « Je suis sûre que l’anesthésiste doit être un gros C…, il va m’interrompre ou me demander de m’asseoir, j’ai pas du tout envie qu’on me donne des ordres… » Mon compagnon m’a dit après : « On sentait qu’il ne fallait pas te contredire… ». Et étonnamment, je n’ai jamais senti la phase de désespoir, pourtant j’y pensais souvent en me disant « Bon, elle arrive quand l’envie de mourir, qu’on en finisse ! » Mon second moi avait un humour très sarcastique.
À midi, Claire m’annonce que le col est complètement effacé. Sur le moment, je ne comprends pas que je suis à dilatation complète. Il me faut un peu de temps pour comprendre que le moment de la poussée est arrivé, ça m’a semblé rapide.
À ce moment, je suis installée sur le côté, je commence la poussée comme ça, mon corps pousse tout seul depuis un moment. Le gynéco est arrivé entre-temps (c’est une clinique, donc il vient forcément pour la fin).
Il s’approche de moi et m’explique l’étape de la poussée (pousser en bas, s’arrêter quand il me dit…). Il me demande de le regarder quand il m’explique, car je suis tellement dans ma bulle que je ne « l’entends » pas.
Après avoir poussé sur le côté, il me demande de passer sur le dos, car le bébé est un peu en train de fatiguer. J’hésite 2 secondes, puis je m’installe. Je pousse plutôt efficacement apparemment, mais la tête semble un peu coincée. Le gynéco m’annonce qu’il va aider avec la ventouse. À ce moment-là, j’ai poussé encore plus fort, il a ventousé un peu, mais de mon côté, je n’ai pas senti la ventouse.
Je sens le cercle de feu quand la tête passe, je crie : « Ça brûle ! », mais ça ne dure que 2-3 secondes dans mon souvenir. La tête passe, puis on me demande de ne pas pousser ensuite pour préserver mon périnée. À ce moment-là, je me sentais un peu paniquée, car mon corps poussait seul sans que je puisse le contrôler. La poussée aura duré 25 minutes. J’ai trouvé que ce moment était beaucoup moins douloureux que le travail, que c’était surtout assez soulageant et que je passais en mode actif.
Bébé sort, on me le pose sur le ventre, il est tout chaud et tout glissant, et nous découvrons que c’est un garçon ! Grosse surprise, je suis si heureuse.
Je me souviens d’être sonnée par le fait d’avoir réussi. Je me sens fière de moi et tellement heureuse d’avoir pu offrir ce moment à mon fils ! On me demande de pousser une dernière fois pour le placenta, je me souviens avoir répondu : « Oh non, la flemme », mais en une mini-poussée, c’était fini. Le cordon est coupé tardivement et les soins et la pesée sont faits après le peau-à-peau. Il pèse 3,780 kg pour 54 cm.
Le post-natal
Mon conjoint, lui, a été très ému pendant tout l’accouchement, il m’a dit avoir eu envie de pleurer tout le long.
L’accouchement aura duré 10 heures, j’ai eu une déchirure simple et 5 points. Et les jours qui ont suivi, j’avais l’impression d’être complètement droguée. J’ai mis du temps à redescendre, c’est fou cette décharge d’hormones que notre corps produit ! Je me sentais invincible, puissante, et un peu surexcitée !
Pour mon premier accouchement, j’ai eu une césarienne après 38h de travail (beaucoup d’ocytocine de synthèse et de péri). J’ai vécu deux accouchements complètement opposés ! Et j’espère donner espoir à toutes celles qui rêvent d’un AVAC !!
Ce qui m’a le plus aidée :
- Les mots que me disait la sage-femme.
- La présence constante de la sage-femme, je sentais son énergie douce et sa confiance en moi, pourtant je ne l’avais jamais rencontrée avant.
- Le bain très chaud.
- Me répéter « PUISSANCE » plutôt que de longues phrases.
- Me détendre au maximum entre deux contractions dans ma bulle, les yeux fermés, sans parler.
Je vous souhaite de vivre ce moment incroyable de la vie d’une femme et de pouvoir offrir la naissance que vous souhaitez à vos enfants.
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