Les causes et les conséquences de l’épisiotomie durant l’accouchement

Par Armelle Fruchard | Mise à jour le 14 juillet 2023

L’épisiotomie est une incision du périnée. Pratiquée dans plus de 20 % des cas en 2016, l’épisiotomie ne concerne plus que 8 % des accouchements aujourd’hui. La baisse de cette pratique met en exergue son caractère contesté. Dans quels cas l’épisiotomie est-elle nécessaire ? Comment l’éviter ? Comment prendre soin de sa cicatrice d’épisiotomie? 

Qu’est-ce qu’une épisiotomie ?

L’épisiotomie est une procédure médicale qui consiste à sectionner le bas du vagin (périnée). Le terme “épisiotomie “ vient du grec ancien : e̍písion (« pubis ») et tomía (« coupure »). Elle est effectuée à l’aide de ciseaux chirurgicaux afin d’inciser le vagin, la vulve et les muscles périnéaux sur une longueur de 2 à 4 cm. Elle peut être réalisée par une sage-femme ou par un médecin. L’objectif de cette intervention est d’agrandir l’orifice afin de faciliter le passage de la tête ou des fesses du bébé.

Dans quels cas peut-il être nécessaire de pratiquer une épisiotomie ?

Pendant longtemps, on a cru que l’épisiotomie permettait d’éviter des déchirures périnéales plus importantes, des déchirures anales ou des prolapsus. L’épisiotomie était donc fortement pratiquée, chacun pensant bien faire.  Aujourd’hui, les études ont prouvé que l’épisiotomie ne devait pas être un acte de routine. Elle n’empêche pas la déchirure et surtout, elle est propice à des complications : infections, désunion, hématomes, rapports sexuels altérés, etc. 

Cependant, il peut arriver que l’épisiotomie soit recommandée. Généralement, cela survient alors que le bébé a une petite partie de sa tête dehors et qu’on remarque des altérations du rythme cardiaque. Pour éviter de devoir secourir le bébé de manière plus avancée ensuite, voire de partir en césarienne, on fait une coupure latérale afin de libérer la tête du bébé. 

Dans tous les cas, l’épisiotomie doit être faite avec l’accord de la patiente afin de ne pas être vécu comme une violence obstétricale. 

Si cela peut être évité, mieux vaut privilégier la déchirure. La plupart du temps, le périnée se déchire naturellement si besoin pour faciliter le passage. La déchirure est souvent préférable à l’épisiotomie car la déchirure respecte le sens des fibres et permet une meilleure cicatrisation de la muqueuse. D’ailleurs, dans de nombreux pays, les déchirures de premier ou second degré ne sont pas suturées car c’est une zone qui cicatrise bien toute seule. 

Quels sont les différents types d’épisiotomie ?

L’épisiotomie est pratiquée à l’aide de ciseaux chirurgicaux. Le médecin ou la sage-femme réalise une incision dans le bas du vagin. 

Il existe plusieurs types d’épisiotomie : 

  • épisiotomie médiane : incision verticale. Elle est plus simple à recoudre mais présente plus de risque de s’étendre jusqu’à l’anus ;
  • épisiotomie latérale : incision oblique. Elle est plus douloureuse à cicatriser
  • épisiotomie médio-latérale : elle est effectuée à partir du centre du vagin, dans un axe de 45 degrés. C’est celle qui est la plus pratiquée car offre l’élargissement le plus optimal sans provoquer trop de saignements. 
Source : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02271291/document

Comment répare-t-on une épisiotomie ?

La réparation de l’épisiotomie se fait immédiatement après l’accouchement et la délivrance du placenta. Elle est réalisée en suture plan par plan. Si la maman n’est pas sous péridurale, le médecin ou la sage-femme procédera à une petite anesthésie locale afin de rendre la zone indolore.

La suture est ensuite réalisée avec des fils résorbants. Cela prend entre 10 et 30 minutes. Même si on pourrait souhaiter que cela aille plus vite, le temps passé est nécessaire à la qualité de la suture. Généralement, les jeunes mamans témoignent à peine s’être rendues compte de la réparation, tellement concentrée sur la rencontre avec leur bébé. 

On note 4 stades de déchirure pouvant survenir suite à une épisiotomie. En cas de niveaux 1, 2 ou 3 : la suture se fait dans la salle de naissance. Si la déchirure est un stade 4, la maman sera parfois conduite en salle d’opération afin de procéder à la chirurgie.

Après la disparition de l’effet des anesthésies, une douleur peut réapparaître, mais elle est évidemment immédiatement prise en charge par l’administration d’antalgiques par voie orale.

“Le point du mari”, qu’est-ce que c’est ? C’est d’abord et avant tout une violence obstétricale. Cette pratique chirurgicale consiste à réparer l’épisiotomie par quelques points supplémentaires afin de resserrer l’entrée du vagin. Cela entraîne douleurs, inconforts et souffrances psychologiques pour la femme. Heureusement, ce geste clandestin, parfois résultat d’un simple travail bâclé, est aujourd’hui connu et condamné. 

Comment éviter l’épisiotomie pendant son accouchement ?

L’épisiotomie n’est souhaitée par personne, ni le personnel médical, ni la future maman. Aujourd’hui, elle est pratiquée avec une extrême prudence. 

Cependant, certaines techniques préventives pourraient diminuer le risque d’épisiotomie : 

  • massage du périnée pendant la grossesse. Dès le 5e mois de grossesse, on peut commencer à masser tout doucement son périnée afin d’assouplir les tissus
  • adopter une posture d’accouchement physiologique et des positions qui permettent de protéger le périnée. C’est le cas de la position accroupie, sur le côté, à quatre pattes, ou éventuellement la position gynécologique mais un peu réaménagée (avec une jambe surélevée par exemple)
  • se faire appliquer des compresses d’eau chaude sur le périnée superficiel pendant la phase d’expulsion afin d’assouplir les tissus 
  • discuter avec le personnel médical en amont afin de connaître la politique de la maternité sur l’épisiotomie. N’hésitez pas à demander le taux d’épisiotomie de la maternité. Si le taux est plus élevé que la moyenne nationale (9 % en 2021), cela peut être une raison de changer de maternité. C’est parfois le meilleur moyen pour éviter une épisiotomie.

Quels sont les signes d’infection de l’épisiotomie ? 

En cas d’épisiotomie, voici les signes qui doivent vous alerter sur une potentielle infection : 

  • des douleurs soudaines 
  • un épisode de fièvre 
  • des écoulements 
  • une odeur désagréable.

En cas de doute, appelez ou consultez rapidement un professionnel de santé afin de ne pas risquer que l’infection se propage et afin d’appliquer les soins nécessaires au plus vite. 

Que faire si mon épisiotomie me gratte ? 

Généralement, une cicatrice qui gratte est un bon signal de guérison. Pendant la phase de guérison de l’épisiotomie, les cellules de la peau se régénèrent et reconstruisent le tissu endommagé. Ce processus peut provoquer des sensations de démangeaisons. Il n’y a rien de spécial à faire mais humidifier la zone avec une crème ou une huile peut diminuer la sensation. 

Peut-on faire l’amour après une épisiotomie ?

Il n’y a pas de délai précis à respecter pour reprendre les rapports sexuels après une épisiotomie. C’est une question de ressenti. Certaines femmes vont rapidement se sentir à l’aise avec leur corps tandis que d’autres auront plus de mal à “revenir” vers cette zone. 

De même, le temps de cicatrisation est variable selon les femmes. Généralement, on recommande d’attendre, a minima, la résorption des fils. 

Souvent, la rééducation périnéale (gratuite en France) peut permettre de se réapproprier cette partie du corps de manière douce . 

En cas de douleur pendant un rapport sexuel après une épisiotomie, ne le gardez pas pour vous. Parfois, l’usage d’un lubrifiant sera nécessaire mais cela pourrait aussi déceler un problème plus important. Soyez indulgente avec vous-même et écoutez les signaux de votre corps. 

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